Bien chers amis du Crédit Social,
Voici ma onzième lettre circulaire depuis le début de notre travail qui se poursuit systématiquement et avec esprit de suite. La Ligue du Crédit Social de la Province de Québec compte actuellement au-delà de 80 cercles enregistrés. Ma lettre circulaire est expédiée à 150 personnes, soit 80 aux cercles organisés et environ 70 à des personnes intéressées, groupant quelques amis dans l'étude du Crédit Social et de la question monétaire. Si vous comparez ces statistiques avec celles du 30 décembre, vous jugerez bien qu'il y a progrès constant dans la diffusion du Crédit Social dans la Province de Québec.
Tout ce travail fait dans le cours de l'hiver est une bonne préparation pour l'expansion de ces idées nouvelles dans le cours de la belle saison prochaine. Il faut que, dans chaque partie de la Province, un noyau de personnes plus renseignées sur le Crédit Social serve de base à la divulgation de la doctrine créditiste. Vous jugez par là l'importance de ces cercles d'étude comme base de la future propagande dans le peuple.
Il nous faut aussi un plan d'action. Comme nous ne pouvons compter sur la grande presse, sur les journaux, ni sur les revues pour la propagande, il nous faut procéder par nos moyens strictement individuels; de cette façon, le mouvement, quoique plus long peut-être, se fonde sur des bases beaucoup plus solides, parce qu'il repose sur le dévouement et le travail non rémunéré de personnes convaincues, par une étude intelligente, de la valeur du système. J'admets, et nous admettons tous, que le Crédit Social n'est pas en lui-même une charte complète de redressement; simple système monétaire, il n'embrasse pas toutes les réformes sociales que réclament le bien du peuple et le salut de la société; mais, je suis assuré que toutes ces réformes viendront se grouper très facilement autour d'un système monétaire équitable, adapté aux conditions nouvelles du progrès, de la science, du transport et de la production mécanisée...
Chaque personne éprouve de temps en temps, dans la vie, un désir intime, puissant de vouloir faire quelque chose d'utile pour ses concitoyens, pour son pays, pour l'humanité. Je souhaite que ce moment soit arrivé pour chacun de vous et que tous ensemble, nous puissions contribuer à la formation d'un groupe social puissant par l'esprit, par les connaissances et par l'union. Je demanderai à chacun de vous en particulier, même si votre cercle a manqué d'activité jusqu'ici, de m'envoyer dans le cours de cette semaine, les noms et adresses de 5, 6, 10 ou plus de vos membres ou amis intéressés à tout développement social et capables de rayonner un peu dans leur entourage. Si j'obtiens ainsi 1000 noms de vous tous, ce sera le point de départ d'un programme rapide et efficace de propagande. Répondez-moi sans faute, et donnez moi ces noms immédiatement, dès ce soir, tout de suite, et la semaine prochaine, je vous en dirai plus long. Semaine du 15 février 1937.