Vous est-il arrivé de faire des demandes, même urgentes à des administrations publiques ? La réponse traditionnelle : "On prend bonne note de votre démarche et on y donnera toute l'attention voulue." Ce qui veut dire que personne ne s'en occupera et qu'il vous reste le choix entre vivre de patience ou mourir de désespoir.
Vous n'êtes qu'un être humain, et ces êtres-là foisonnent tellement qu'ils ont perdu toute leur valeur. S'il s'agit d'une puissance d'argent, on y va d'une autre manière, même dans les administrations les plus occupées.
En 1915, les États-Unis n'étaient pas encore en guerre. Le 17 août, James B. Forgan, président de la First National Bank de Chicago, écrit à M. F. A. Delano, vice-président de la Federal Reserve Board, pour demander les vues secrètes du gouvernement concernant l'idée du lancement d'un gros emprunt anglais sur le marché américain. Wilson interdirait-il, laisserait-il faire, favoriserait-il ou garantirait-il les prêts ?
Forgan, qui connaît la discrétion à laquelle est tenu le gouvernement, rédige lui-même quatre réponses différentes, qu'il étiquette 1, 2, 3, 4, et demande, comme réponse télégraphique, simplement de signaler le chiffre exprimant le choix du président. Il insiste sur l'urgence d'une prompte réponse.
Hamlin, gouverneur de la Federal Reserve Board, transmet la lettre de Forgan au Secrétaire d'État, Robert Lansing, dès le 25 août. Le lendemain 26, Robert Lansing la soumet au président Wilson.
Le Président opte pour la réponse 2 : ("Les parties ne prendront aucune action ni pour ni contre la transaction). Mais le président prie son secrétaire d'État de transmettre la réponse oralement, se gardant bien de la consigner par écrit. Faire plaisir sans se compromettre.
La différence entre un pauvre homme dans le besoin et un président de banque assoiffé de gain !