Elle est à l'ordre du jour dans l'ouest. Partout, il en est question de plus en plus. Pourquoi ?
Voici près de deux ans, l'American Foundation établie par Edward W. Bock, invitait les médecins des États-Unis à étudier la question des soins médicaux au point de vue social et à donner leur opinion. Des lettres, envoyées à 2100 représentants de la profession médicale reçurent 5000 réponses. Vaste documentation qui a suggéré les réflexions suivantes au "New York Times Magazine” :
"L'impression nette de l'enquête, c'est que les docteurs admettent sans hésiter l'urgence du problème posé par l'absence de soins médicaux adéquats vis-à-vis de la majorité de la population. Si, par soins adéquats, on veut dire les soins médicaux scientifiques de première qualité, les médecins sont les premiers à dire qu'il n'y a peut-être pas un centième de la population qui en bénéficie à l'heure actuelle...
"Ce que les médecins constatent, comme d'autres d'ailleurs, c'est que le manque de soins médicaux adéquats tient à la même raison que le manque de toute autre chose adéquate : manque d'emploi, manque de salaire suffisant, manque de nourriture, de maisons hygiéniques, de combustible, nécessités pourtant essentielles à la santé..."
C'est bien plus une question économique qu'une question médicale. On ne se plaint pas d'une insuffisance de médecins, on ne s'en prend pas à l'incapacité du docteur local ; mais simplement, on ne le consulte pas, parce qu'il faut de l'argent pour payer la consultation et la prescription, et cet argent fait défaut.
Dans sa causerie à la radio, sous les auspices de la C.C.F., le 20 avril dernier, M. Hubert Desaulniers, parlant des Services de Santé, disait bien : "La principale raison qui empêche les gens de se faire soigner, c'est qu'ils n'en ont pas les moyens.” Il prétend y remédier par la médecine d'État, comme si l'on avait affaire à un public qui refuse confiance à la médecine, ou à des médecins qui refusent de servir les malades.
Les services de santé publique existent déjà et doivent être développés. Mais pour les services médicaux individuels, puisque c'est simplement le pouvoir d'achat entre les mains du public qui fait défaut, le remède tout indiqué est d'augmenter ce pouvoir d'achat, non pas de rendre les médecins fonctionnaires de l'État et le public troupeau entretenu par l'État. La socialisation de la médecine ne perfectionnera pas l'art médical. Elle ne respectera pas non plus la liberté de l'individu. Donnez donc simplement à l'individu le revenu de son héritage et laissez-le l'employer à sa volonté : avec les moyens en main, il saura bien consulter le médecin de son choix pour le soin de sa santé, du plus précieux de ses biens.
Le socialiste est arriéré. Il pense encore qu'il y a peu de richesse et qu'il faut l'enlever à ceux qui l'ont pour la distribuer aux dépourvus : c'est pourquoi il veut tout mettre en commun entre les mains de l'État.
Le Crédit Social ne veut pas moins l'aisance pour tous, mais il l'octroie en distribuant l'abondance aujourd'hui immobilisée. Il donne à tous sans enlever à personne, parce qu'il existe des biens immenses qui attendent preneurs. Il respecte la propriété ; il respecte la liberté personnelle. Il laisse la médecine aux médecins, l'industrie aux industriels, l'agriculture aux cultivateurs, le commerce aux commerçants. L'État gouverne de haut ; ce n'est pas un entrepreneur, mais un surveillant ; qu'on le dégage seulement de sa servitude vis-à-vis des puissances d'argent.
Donnez un dividende à tous les hommes, femmes et enfants du Canada — vous n'aurez plus besoin de vous demander s'il faut établir une médecine d'État totale, ou une médecine d'État partielle, ou une assurance-santé obligatoire ou quoi encore ? Bien d'autres problèmes seront du même coup résolus.
LOUIS EVEN
Dans un prochain numéro :
Le Crédit Social et l'Agriculture — Le Crédit Social et les services professionnels — Le Crédit Social et le rapatriement de nos émigrés — Le Crédit Social et nos œuvres paroissiales