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Inflation

le lundi, 01 février 1937. Dans Février

Il faut encore revenir là-dessus. Quelque député demande-t-il une monnaie nationale, une émission par le gouvernement pour répondre aux besoins criants de l'heure : le ministre des finances va supplier la Chambre de ne pas même discuter ce point qui pourrait faire croire à l'étranger qu'on prépare une inflation monétaire au Canada. À la même heure, le gouvernement trouve tout naturel de se faire octroyer des millions de crédits — véritable création de monnaie par les banques — et personne ne juge que c'est de l'inflation. La première monnaie aurait fait un peuple libre, la seconde en fait un peuple esclave, asservi par les dettes envers les fabricants de monnaie : on refuse la première et on accepte la seconde.

On dira peut-être que cette deuxième sorte de monnaie n'est que temporaire, qu'on la retirera du public — et un peu plus même — par les taxes sur l'industrie et sur les contribuables, que par conséquent elle ne cause pas d'inflation. On la retirera, en effet, du public, ce qui créera ou entretiendra les mêmes besoins, les mêmes recours aux fabricants de monnaie, la perpétuation et l'augmentation de la dette nationale, l'enchaînement des gouvernements, la paralysie de l'industrie, la pauvreté en face de l'abondance immobilisée.

Augmentation de monnaie ne signifie pas inflation s'il y a parallèlement et au même degré augmentation de production. Par inflation, il faut entendre la hausse des prix déterminée par une surabondance de monnaie par rapport aux produits.

La valeur des produits est mesurée en terme de monnaie, c'est-à-dire "ce qu'ils coûtent.” La valeur de la monnaie est mesurée en terme de produits, c'est-à-dire "ce qu'elle achète.” Le montant de la monnaie demeurant le même, il y a inflation si la production baisse par rapport à la consommation, les produits se faisant rares, leurs prix augmentent. Il y a au contraire déflation si la production dépasse de beaucoup la consommation, les produits abondent, les prix baissent.

Ce n'est pas l'émission de monnaie qui, en elle-même, constitue une inflation. Cette émission peut même être très insuffisante. Tout dépend du rapport de la monnaie avec les produits. C'est quand la monnaie et la production augmentent ou diminuent dans des proportions différentes l'une par rapport à l'autre que l'on constate inflation ou déflation. Vous pouvez avoir inflation sans aucune augmentation du volume de monnaie ; tel serait le cas si, la quantité de monnaie demeurant la même, vous aviez diminution de production ; les prix hausseraient. Vous pouvez au contraire, avoir déflation même en augmentant le volume de la monnaie, si le volume des marchandises augmente plus vite que celui de la monnaie : c'est un cas très ordinaire.

L'inflation est un déséquilibre. La déflation est un déséquilibre. L'une et l'autre sont à condamner. L'inflation opère au profit du débiteur et aux dépens du créancier, ce qui revient souvent à dire au profit du pauvre diable et aux dépens de celui qui tient le sac : c'est pour cela peut-être qu'on la représente comme la peste la plus redoutable. La déflation opère au profit du créancier et aux dépens du débiteur, c'est-à-dire au profit de celui qui tient le sac et aux dépens du pauvre diable : c'est pour cela sans doute qu'on la tient presque comme une vertu !

Nous ne voyons pas bien comment il peut être pire de voler un créancier que de voler un débiteur. Cela nous fait un peu songer aux fables de La Fontaine. La déflation est un mal aussi grand que l'inflation et qu'on laisse généralement aller beaucoup plus loin, parce qu'on ignore plus facilement et plus longtemps les faibles et les pauvres que les riches et les puissants.

Mais les Créditistes ne veulent ni d'inflation ni de déflation. Ces deux désordres sont des émanations du système bancaire, d'une monnaie malsaine, de l'instabilité des valeurs causée par l'intervention des manipulateurs du flot du crédit.

Le Crédit Social met de la nouvelle monnaie en circulation dans la mesure seulement de l'augmentation de la production. Sa monnaie n'est pas une monnaie de dette et il ne la retire pas de la circulation, parce que le niveau atteint par la production doit au moins se maintenir. Les moyens ne manquent d'ailleurs pas pour retirer la monnaie de la circulation, si une catastrophe advenant dans le système producteur, la chose devenait nécessaire. Ce que l'on conçoit mal. Comme, au contraire, la capacité de production est en progrès constant, il suffirait, pour corriger un excédent accidentel d'argent, de diminuer l'émission de nouvelle monnaie par rapport à l'augmentation de production.

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Si ces questions vous intéressent, elles en intéressaient d'autres. Parlez-en. Montrez votre Cahier, mais prenez garde qu'il ne vous revienne plus ! Combien de gens dans votre localité étudient la question monétaire ? Combien pourraient l'étudier ? À qui appartient-il de les mettre sur la piste ? À vous. Donnez-leur l'adresse des Cahiers et, à votre prochaine rencontre, demandez-leur s'ils se sont abonnés. L'indifférence, l'apathie, la médiocrité ne sont plus permises.

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