“La science et l'industrie sont l'héritage intellectuel des nations.” (Larousse Illustré du Vingtième Siècle.)
La science appliquée à l'agriculture, à l'industrie, au commerce, aux communications, a fait des progrès énormes, surtout depuis un siècle et demi, plus particulièrement depuis quarante ans.
L'homme avait dès longtemps appris à multiplier, par les machines simples, la force de ses muscles et celle des animaux ; il utilisait aussi quelques forces inanimées, comme celles du vent et de l'eau. Mais depuis qu'il sait exploiter l'énergie solaire fossilisée sous forme de charbon ou de pétroles ; depuis qu'il distribue à des centaines de milles, par de simples fils métalliques, la force tombante des masses d'eau ; depuis que la chimie est passée du laboratoire dans l'industrie, les progrès ne se mesurent plus, le problème de la production est résolu.
Et il en est qui n'ont pas encore compris cela, qui croient que l'homme doive être pauvre et avoir beaucoup de misère à gagner sa vie. Vous parlez de l'héritage accumulé par les générations, de la terre conquise par les labeurs et le cerveau de l'homme ; ils vous ripostent que nous naissons endettés. Les richesses débordent, mais un système financier faux, absurde, menteur, diamétralement opposés aux faits réels, change les héritiers en débiteurs.
Oh ! leur logique !... Il paraît que Champlain et les vaillants qui plantèrent la croix, la charrue et la civilisation dans les forêts du Canada ; après eux, leurs successeurs de trois siècles qui ont amélioré l'agriculture, fait surgir des villes et des industries—toute cette lignée de travailleurs n'a laissé aux Canadiens du deuxième quart du vingtième siècle qu'un héritage de dettes ? Et dans vingt-cinq autres années, que sera cette dette dont nous ne pouvons même pas payer les intérêts aujourd'hui ?
... C'est bien comme les hommes de l'Ile du Salut entre les mains du banquier Abraham !
Un défricheur courageux s'en va ouvrir une terre neuve. Sa tâche est de changer en ferme productive un fouillis de bouleaux et d'autres pauvres essences, car le beau bois est depuis longtemps parti, soit brûlé par l'incendie, soit enlevé par les exploitants de nos richesses naturelles. Cet homme, sa femme et ses mioches vont peiner trente, quarante ans, avec bien des chances de laisser au plus vieux des gars une ferme hypothéquée, aux autres rien que le souvenir de leurs vertus. De nos bois, de nos terres, de nos usines semble sortir une voix qui parodie : "Tu feras des dettes à la sueur de ton front.”
Un enfant vient de naître ; le baptême ne l'a pas encore fait fils de l'Église qu'il est déjà débiteur. Des dettes fédérales, municipales, scolaires, de fabrique, remplissent l'atmosphère autour de son berceau. Il est né dans la dette. Il grandira dans la dette. Il travaillera--s'il en a la chance-pour payer des dettes accumulées, tout en grignotant quelques miettes qui soutiennent son pouvoir de gain et l'empêchent de se révolter tout à fait, jusqu'à ce qu'il meure dans la dette. Et vous parlez d'héritage ! Mais en voilà un fameux héritage !
C'est qu'en effet, sous le système illogique d'aujourd'hui, plus un pays acquiert d'actif, plus il augmente sa dette "financière.” Le travailleur crée de la richesse, le parasite gère la finance. Et comme, malgré tous les beaux discours qui disent le contraire, on place la finance au-dessus de l'homme, le parasite est maître, le travailleur esclave. Dites au travailleur qu'il est héritier, la parasite lui fera dire que vous êtes un utopiste, un semeur de désordre, un destructeur du moral.
Un système qui existe pour le profit de quelques-uns et l'asservissement des peuples ne veut pas admettre l'héritage réel, le grand actif légué à une génération par toutes celles qui les ont précédées.
Mais le Crédit Social, qui a perdu tout respect pour les vieilles idoles et leurs grand-prêtres, proclame bien haut l'existence de l'héritage et les droits des héritiers.
Il ne s'embarrasse pas des teneurs de livre qui vous récompensent par une dette de quarante ans quand vous avez réussi à construire un pont à travers le Saint-Laurent. Ces farces-là nous ont fait trop de mal pour que nous n'en fassions pas litière complète.
Les Créditistes appellent héritage culturel "le vaste héritage des découvertes et des inventions, de la culture et du savoir, de l'organisation tant sociale que politique ou industrielle, de l'éducation, des aspirations, des idéals transmis et développés de génération en génération...Collectivement, cet actif forme l'héritage culturel commun de l'humanité.”
C'est un actif COMMUN, et c'est pour cela que tous les membres de la société ont un droit sur une partie de la production, partie d'autant plus grande que cet actif entre de plus en plus comme facteur prépondérant dans la production. Assurément, le travailleur qui le met en valeur a droit à sa récompense et personne ne songe à la lui refuser. Mais le propriétaire de cet actif culturel commun, chaque membre de la société, conserve tout de même son titre et ses droits.
On a dit maintes fois que le capital et le travail doivent se donner la main, cảr le travail sans le capital ne peut pas grand chose, et le capital sans le travail ne peut absolument rien. Mais que. peuvent même les deux ensemble si vous excluez l'héritage culturel, les apports des inventions et du progrès à travers les âges ?
Grâce à l'apport de la science appliqué, de l'actif culturel, avec moins de matière première, moins de travail, les produits augmentent et s'améliorent. N'est-il pas juste que les héritiers en aient leur part ?
Et qui sont les héritiers ?
Nous l'avons dit, cet héritage culturel est un actif commun qui appartient à tous les membres de la société. Supprimez la collectiveté, l'association, vous supprimerez l'abondance. L'abondance est le fruit bien plus de l'actif culturel commun que de l'effort individuel. Celui-ci demeure, certes, mais l'autre est là aussi.
Parce qu'on ignore l'héritage et les héritiers, le monde est plein d'injustice et de non-sens. La production possible ne s'écoule pas et souvent ne se réalise même pas, parce qu'on ne donne pas aux héritiers les droits sur cette production que leur vaut l'actif commun qui y entre comme facteur important.
Le dividende national C'est le revenu de cet héritage que le Crédit Social veut distribuer à tous les membres de la société, sous le nom de dividende national. C'est un dividende parce qu'il correspond à des surplus. L'entreprise qui a des surplus de revenus ne déclare pas crise, mais répartit les surplus entre ses actionnaires. Si l'agriculture et l'industrie canadiennes ont des surplus, pourquoi ne pas en faire bénéficier les sociétaires, tous les Canadiens à titre de membres d'une société organisée ?.. Qu'on ne voie pas dans cette théorie l'ombre de communisme ou de socialisme. L'industrie privée demeure. La propriété privée demeure. Le propriétaire continue de retirer la pleine valeur de son bien. Le capital privé réellement placé continue de commander des dividendes raisonnables. Le travail continue de retirer son salaire. Mais les héritiers touchent le revenu annuel de leur héritage. : Tous, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, employés ou non employés, malades ou en santé, ont droit à ce dividende, parce qu'il n'est gagné par personne en particulier, parce que tous les contributeurs directs à la production ont d'abord touché leur récompense, parce que les surplus sont le seul fait de l'actif culturel. C'est la propriété commune de tout le monde. Si vous l'accordez à quelques-uns plus qu'à d'autres, vous favorisez un héritier plus que l'autre. Si vous ne l'accordez à personne, vous laissez la production se gaspiller ou se restreindre en face des besoins criants, vous avez l'injustifiable situation de la misère au sein de l'abondance.
- Mais c'est donner quelque chose pour rien ?
- C'est donner des titres à la richesse pour distribuer une richesse qui existe. C'est accorder aux sociétaires un dividende sur le capital accumulé par leurs pères et qu'eux-mêmes vont continuer de grossir en faveur de leurs fils.
Relisez en finissant cette citation du grand philosophe catholique Jacques Maritain :
"Nous pensons que, dans un régime où la conception (plus sociale) de la propriété serait en vigueur, cet axiome ("frien pour rien”) ne pourrait pas subsister. Bien au contraire, la loi de l'usus communis porterait à poser que, du moins et d'abord pour ce qui concerne les besoins premiers, matériels et spirituels, de l'être humain, il convient qu'on ait pour rien le plus de choses possibles... Que la personne humaine soit servie dans ses nécessités primordiales, ce n'est après tout que la première condition d'une économie qui ne mérite pas le nom de barbare.” "... Les principes d'une telle économie conduiraient à mieux saisir le sens profond et les racines essentiellement humaines de l'idée d'héritage, en telle sorte que... tout homme, en entrant dans le monde, puisse effectivement jouir, en quelque sorte, de la condition d'héritier des générations précédentes."
Littérature Crédit Social
La Section de Montréal a établi un Service de Littérature où nos Créditistes pourront trouver, en français ou en anglais, toute littérature publiée sur le Crédit Social. Entre autres choses : Des anciens numéros des Cahiers du Crédit Social, dons les séries complètes se font rares ; La brochure du R. Père Lévesque, "Crédit Social et Catholicisme" ; - L'édition anglaise de la précédente, "Social Credit and Catholicism" ; La brochure de M. Armand Turpin, “La Crise et son Remède, le Crédit Social" ;.. “La Monnaie et ses Mystères"--Caldwell. "Propositions du Crédit Social"-Larkin.. "Money, What Is It ?"_Caldwell. "From Debt to Prosperity"--Larkin. “National Dividends Without Taxation"--Rural Banker. “Social Credit for Canada'-_-W. Tutte. Autres livres ; brochures, revues- en anglais. Cours par correspondence sur le Crédit Social ;
(Le tout aux plus bas prix compatibles avec les déboursés) Pour commandes ou information, s'adresser à : LITTERATURE CREDIT SOCIAL, 5162 Ste-Marie, Montréal—Tél. FI. 1768.
«La science et l’industrie sont l’héritage intellectuel
des nations.» (Larousse Illustré du Vingtième Siècle)
La science appliquée à l'agriculture, à l'industrie, au commerce, aux communications, a fait des progrès énormes, surtout depuis un siècle et demi, plus particulièrement depuis une cinquantaine d'années.
L'homme avait dès longtemps appris à multiplier, par les machines simples, la force de ses muscles et celle des animaux; il utilisait aussi quelques forces inanimées, comme celles du vent et de l'eau. Mais depuis qu'il sait exploiter l'énergie solaire fossilisée sous forme de charbon ou de pétrole; depuis qu'il distribue à des centaines de milles, par de simples fils métalliques, la force tombante des masses d'eau; depuis que la chimie est passée du laboratoire dans l'industrie, les progrès ne se mesurent plus, le problème de la production est résolu.
Et il en est qui n'ont pas encore compris cela, qui croient que l'homme doit être pauvre et avoir beaucoup de misère à gagner sa vie. Vous parlez de l'héritage accumulé par les générations, de la terre conquise par les labeurs et le cerveau de l'homme; ils vous ripostent que nous naissons endettés. Les richesses débordent, mais un système financier faux, absurde, menteur, diamétralement opposé aux faits réels, change les héritiers en débiteurs.
Oh! leur logique!... Il paraît que Champlain et les vaillants qui plantèrent la croix, la charrue et la civilisation dans les forêts du Canada; après eux, leurs successeurs de trois siècles qui ont amélioré l'agriculture, fait surgir des villes et des industries — toute cette lignée de travailleurs n'a laissé aux Canadiens vivant au milieu du vingtième siècle qu'un héritage de dettes? Et dans vingt-cinq autres années, que sera cette dette dont nous ne pouvons même pas toujours payer les intérêts aujourd'hui?
Un défricheur courageux s'en va ouvrir une terre neuve. Sa tâche est de changer en ferme productive un fouillis de bouleaux et d'autres pauvres essences, car le beau bois est depuis longtemps parti, soit brûlé par l'incendie, soit enlevé par les marchands de bois ou les compagnies papetières. Cet homme, sa femme et ses mioches vont peiner trente, quarante ans, avec bien des chances de laisser au plus vieux des gars une ferme hypothéquée, aux autres rien que le souvenir de leurs vertus. De nos bois, de nos terres, de nos usines semble sortir une voix qui parodie: «Tu feras des dettes à la sueur de ton front».
Un enfant vient de naître; le baptême ne l'a pas encore fait fils de l'Eglise qu'il est déjà débiteur. Des dettes fédérales, municipales, scolaires, de fabrique, remplissent l'atmosphère autour de son berceau. Il est né dans la dette. Il grandira dans la dette. Il travaillera — s'il en a la chance — pour payer des dettes accumulées, tout en grignotant quelques miettes qui soutiennent son pouvoir de gain et l'empêchent de se révolter tout à fait, jusqu'à ce qu'il meure dans la dette.
Et vous parlez d'héritage! Mais en voilà un fameux héritage!
C'est qu'en effet, sous le système illogique d'aujourd'hui, plus un pays acquiert d'actif, plus il augmente sa dette «financière». Le travailleur crée de la richesse, le parasite gère la finance. Et comme, malgré tous les beaux discours qui disent le contraire, on place la finance au-dessus de l'homme, le parasite est maître, le travailleur esclave. Dites au travailleur qu'il est héritier, le parasite lui fera dire que vous êtes un utopiste, un semeur de désordre, un destructeur du moral.
Un système qui existe pour le profit de quelques-uns et l'asservissement des peuples ne veut pas admettre l'héritage réel, le grand actif légué à une génération par toutes celles qui l'ont précédée.
Mais le Crédit Social, qui a perdu tout respect pour les vieilles idoles et leurs grands-prêtres, proclame bien haut l'existence de l'héritage et les droits des héritiers.
Il ne s'embarrasse pas des teneurs de livre qui vous récompensent par une dette de quarante ans quand vous avez réussi à construire un pont à travers le Saint-Laurent. Ces farces-là nous ont fait trop de mal pour que nous n'en fassions pas litière complète.
Les Créditistes appellent héritage culturel — «le vaste héritage des découvertes et des inventions, de la culture et du savoir, de l'organisation tant sociale que politique ou industrielle, de l'éducation, des aspirations, des idéals transmis et développés de génération en génération... Collectivement, cet actif forme l'héritage culturel commun de l'humanité».
C'est un actif COMMUN, et c'est pour cela que tous les membres de la société ont un droit sur une partie de la production, partie d'autant plus grande que cet actif entre de plus en plus comme facteur prépondérant dans la production. Assurément, le travailleur qui le met en valeur a droit à sa récompense et personne ne songe à la lui refuser. Mais le propriétaire de cet actif culturel commun, c'est-à-dire chaque membre de la société, conserve tout de même son titre et ses droits.
On a dit maintes fois que le capital et le travail doivent se donner la main, car le travail sans le capital ne peut pas grand'chose, et le capital sans le travail ne peut absolument rien. Mais que peuvent même les deux ensemble si vous excluez l'héritage culturel, les apports des inventions et du progrès à travers les âges?
Grâce à l'apport de la science appliquée, de l'actif culturel, avec moins de matière première, moins de travail, les produits augmentent et s'améliorent. N'est-il pas juste que les héritiers en aient leur part?
Et qui sont les héritiers?
Nous l'avons dit, cet héritage culturel est un actif commun qui appartient à tous les membres de la société. Supprimez la collectivité, l'association, vous supprimerez l'abondance. L'abondance est le fruit bien plus de l'actif culturel commun que de l'effort individuel. Celui-ci demeure, certes, mais l'autre est là aussi.
Parce qu'on ignore l'héritage et les héritiers, le monde est plein d'injustice et de non-sens. La production possible ne s'écoule pas et souvent ne se réalise même pas, parce qu'on ne donne pas aux héritiers les droits sur cette production que leur vaut l'actif commun qui y entre comme facteur important.
C'est le revenu de cet héritage que le Crédit Social veut distribuer à tous les membres de la société, sous le nom de dividende national.
C'est un dividende parce qu'il correspond à des surplus.
L'entreprise qui a des surplus de revenus ne déclare pas crise, mais répartit les surplus entre ses actionnaires. Si l'agriculture et l'industrie canadienne ont des surplus, pourquoi ne pas en faire bénéficier les sociétaires, tous les Canadiens à titre de membres d'une société organisée?
Qu'on ne voit pas dans cette théorie l'ombre de communisme ou de socialisme. L'industrie privée demeure. La propriété privée demeure. Le propriétaire continue de retirer la pleine valeur de son bien. Le capital privé réellement placé continue de commander des dividendes raisonnables. Le travail continue de retirer son salaire. Mais les héritiers touchent le revenu annuel de leur héritage.
Tous, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, employés ou non employés, malades ou en santé, ont droit à ce dividende, parce qu'il n'est gagné par personne en particulier, parce que tous les contributeurs directs à la production ont d'abord touché leur récompense, parce que les surplus sont le seul fait de l'actif culturel.
C'est la propriété commune de tout le monde. Si vous l'accordez à quelques-uns plus qu'à d'autres, vous favorisez un héritier plus que l'autre. Si vous ne l'accordez à personne, vous laissez la production se gaspiller ou se restreindre en face des besoins criants, vous avez l'injustifiable situation de la misère au sein de l'abondance.
— Mais c'est donner quelque chose pour rien?
— C'est donner des titres à la richesse pour distribuer une richesse qui existe. C'est accorder aux sociétaires un dividende sur le capital accumulé par leurs pères et qu'eux-mêmes vont continuer de grossir en faveur de leurs fils.
Jacques MaritainRelisez en finissant cette citation du grand philosophe catholique Jacques Maritain (voir photo):
«Nous pensons que, dans un régime où la conception (plus sociale) de la propriété serait en vigueur, cet axiome («rien pour rien») ne pourrait pas subsister. Bien au contraire, la loi de l'usus communis porterait à poser que, du moins et d'abord pour ce qui concerne les besoins premiers, matériels et spirituels, de l'être humain, il convient qu'on ait pour rien le plus de choses possible... Que la personne humaine soit servie dans ses nécessités primordiales, ce n'est après tout que la première condition d'une économie qui ne mérite pas le nom de barbare.
«Les principes d'une telle économie conduiraient à mieux saisir le sens profond et les racines essentiellement humaines de l'idée d'héritage, en telle sorte que... tout homme, en entrant dans le monde, puisse effectivement jouir, en quelque sorte, de la condition d'héritier des générations précédentes.»