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Faire l'impossible

Louis Even le lundi, 01 février 1937. Dans Février

Notre Saint Père le Pape disait récemment au Cardinal de Paris :

"Mon fils, la crise que nous vivons est unique dans l'histoire. C'est un monde qui doit jaillir d'un creuset où bouillonnent à l'heure actuelle tant d'énergies contraires. Pour nous, nous remercions le Bon Dieu tous les jours de nous faire vivre dans les conjonctures actuelles.

"D'abord il faut être fiers d'être les témoins, plus que cela, les observateurs de cette tragédie qui va bouleverser le monde.

"Il n'est plus permis à qui que ce soit d'être médiocre. Tous les hommes de bonne volonté ont l'impérieux devoir de songer qu'ils ont une mission à remplir : celle d'être meilleurs les uns pour les autres, et de faire l'impossible, chacun dans la limite de son activité, pour améliorer le sort de l'humanité.

"Ce sera l'honneur de cette génération, si elle comprend sa mission, d'avoir aidé puissamment le monde à améliorer son sort.

"Je suis sûr qu'après les péripéties que je ne puis, hélas ! prévoir, elle en sortira plus belle et mieux adaptée à tous les besoins de nos contemporains."

Faire l'impossible, chacun dans la limite de son activité, pour améliorer le sort de l'humanité. Quel programme dans la bouche d'un vieillard de 80 ans ! Ce programme va-t-il trouver écho dans notre cœur !

À d'autres que nous, appartient la mission sacrée de diriger les âmes, d'enseigner la religion et la pratique de la vertu. Pour nous, indignes de ces fonctions élevées, nous pouvons quand même, “dans la limite de notre activité, faire l'impossible pour améliorer le sort de l'humanité," pour combattre les forces qui s'opposent à son bonheur matériel, puisque c'est dans ce domaine que s'exercent nos activités. Non pas que nous fassions du bonheur matériel de l'homme sa fin dernière ; mais il est dans l'ordre que, pendant son pèlerinage sur cette terre, l'homme bénéficie des ressources de la nature et de l'industrie : c'est le but du système économique et social. Celui-ci "ne sera, sainement constitué que quand il aura procuré à tous et à chacun de ses membres, des biens... assez abondants pour satisfaire aux besoins d'une honnête subsistance et pour élever les hommes à ce degré d'aisance et de culture qui, pourvu qu'on en use sagement, ne met pas obstacle à la vertu, mais en favorise singulièrement l'exercice." On a reconnu, dans cette dernière citation, le texte de l'Encyclique du même grand Pape.

Faire l'impossible ! La note n'est pas trop forte pour des Créditistes, car la puissance que le Crédit Social attaque ouvertement, non pas pour l'affaiblir mais pour la détruire, est fortement retranchée et contrôle tous les leviers de commande. Le monopole du crédit est, en effet, tellement bien établi partout que “personne ne peut respirer sans sa permission."

Que pouvons-nous, groupe déterminé mais trop peu nombreux encore et dénué de ces ressources qui permettent d'activer la propagande ? Ce que nous pouvons ? Mais "faire l'impossible !” Faire l'impossible pour secouer l'apathie et l'indifférence devant laquelle semblent mourir nos efforts. Vous sentez-vous seul de votre école dans votre milieu ? Raison de plus pour essayer de convaincre vos voisins, ou en faire des étudiants du Crédit Social. Vous ne vous sentez pas capables, même si la lumière est dans votre esprit, de rien expliquer clairement ? Vous avez les Cahiers, qu'ils parlent pour vous, c'est la raison d'être de leur publication.

Jetez votre filet à droite, jetez-le à gauche, faites l'impossible, et vous verrez surgir une armée, car c'est la doctrine de la logique en matière monétaire que prône le Crédit Social. Et l'on n'empêchera pas le soleil de luire.

Mais qu'on se garde de laisser à d'autres le soin du labour, de la semence, et de se réserver pour la moisson. L'autre, s'il est seul à faire l'impossible, avancera certainement quand même ; mais si vous aussi faites l'impossible, l'avance totale sera plus rapide, elle pourra prendre l'allure d'une marée de fond à laquelle rien ne résiste.

Il nous faut le nombre. Qui va le recruter, sinon ceux qui sont déjà gagnés. Faites fructifier le talent qui vous a été confié. "Tous les hommes de bonne volonté ont l'impérieux devoir de songer qu'ils ont une mission à remplir" dans leur sphère. "Il n'est plus permis à qui que ce soit d'être médiocre."

Nous croyons que le meilleur moyen de gagner un adhérent au Crédit Social, c'est de lui fournir l'occasion de s'alimenter au moins une fois par mois de la doctrine créditiste, par conséquent un abonnement à nos petits Cahiers à bon marché.

Une lecture ou une causerie isolée ne suffit pas : des objections se soulèvent et l'esprit trop incomplètement renseigné faiblit, doute, recule.

Si chaque abonné aux Cahiers gagnait seulement deux ou trois autres abonnés d'ici une semaine, le Crédit Social aurait au moins triplé en une semaine les conquêtes de plusieurs mois. Impossible ? Quand bien même, c'est justement ce que nous devons faire, “l'impossible."

Quelque lecteur d'occasion, en voyant ces lignes, va peut-être en tirer malicieusement la conclusion que nous cherchons à faire de l'argent par cet appel. Les Cahiers n'enrichissent que l'esprit de ceux qui les préparent comme de ceux qui les lisent. Les rédacteurs n'en tirent pas un sou et les éditeurs inscrivent encore leurs soldes à l'encre rouge. Nous passerons volontiers les revenus des Cahiers à quiconque voudra en acquitter les factures...

Il serait certainement à souhaiter qu'ils fussent plus solides et la croisade à laquelle nous convions nos abonnés aura cet effet en même temps qu'elle propagera le mouvement et grossira l'armée de ceux qui veulent rendre à la société le contrôle de son crédit.

Le Crédit Social est, nous dit le R. Père Lévesque, une arme terrible contre le socialisme et le communisme. À qui mieux qu'à nos catholiques appartient-il de manier cette arme ? Nous serions fiers, pour notre religion et notre province, de pouvoir répondre à des propositions qui nous sont faites de Winnipeg, de Calgary et de Vancouver, pour étendre le champ de nos Cahiers, en faire une édition anglaise et les voir adopter comme organe national des Créditistes du Canada tout entier. La décision n'est pas entre nos mains, elle est entre celles de nos abonnés. Qu'on établisse d'abord notre édition française sur une base solide et nous prendrons l'air.

Ce sera chose facile si chacun de nos abonnés actuels est prêt à "faire l'impossible." Ceux qu'ils auront enrôlés se feront recruteurs à leur tour. "Je considère chaque abonné dont je vous passe le nom comme un soldat du Crédit Social, qui devra vous en trouver d'autres," nous écrivait, il y a quelques jours, un créditiste propagandiste de Plantagenêt (en Ontario, s'il vous plaît). C'est dans cet esprit que nous entendons le recrutement.

Ne remettons pas à demain ce que nous pouvons faire aujourd'hui même. La pauvreté injustifiée a déjà duré trop longtemps. Rester tranquille quand on a bon gîte et bon feu, c'est une lâcheté. Tous ont une mission à remplir : "faire l'impossible, chacun dans la limite de son activité, pour améliorer le sort de l'humanité."

Louis Even

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