L'étude est à la base de toute action efficace. Les conquêtes durables ne se font pas par la force, mais par la persuasion.
L'étude précède et accompagne l'action. L'étude qui ne se résout pas en action revêt un certain cachet d'égoïsme. Lorsque surtout il y a tant d'injustices à corriger, tant de souffrances à soulager, tant d'espoirs tombés à relever, les bras croisés n'ont pas leur place.
Il est d'ailleurs réconfortant de constater le zèle qui anime tous ceux qui comprennent un peu le Crédit Social. C'est que le Crédit Social offre une solution concrète et immédiate à une foule de problèmes aigus. D'où la grosse différence entre les professeurs de l'économie nouvelle et les vénérables occupants des fauteuils de l'orthodoxie. Ces derniers vivent de dissertations ; ils ont peut-être leur part suffisante de Crédit Social et ne sentent pas bien ce qui en manque aux autres ; ou n'est-ce pas plutôt que les vieilles théories dont ils ne veulent se départir s'adaptent mal à un siècle de puissance et d'abondance ?
Aux amis du Crédit Social, il ne semble pas nécessaire de prêcher l'action, la suggestion de moyens paraît plus utile.
Il en est qui voudraient bâtir grand du premier coup, rêvent de conquêtes en masse et se découragent parce que, dans la pratique, les progrès sont moins rapides. Les grandes réunions, les démonstrations imposantes ont certainement leur valeur et sont un excellent mode d'annonce ; mais le véritable travail se fait dans de petits groupes. La nature ne procède pas autrement et son œuvre est immense ; les organismes se développent par la multiplication des cellules.
Livrez-vous donc de tout cœur à ce travail immédiat. Vous n'êtes que quatre ou cinq pour former un cercle : c'est assez. Les petits groupes ont l'avantage de se prêter mieux peut-être au développement de leurs membres ; si l'on y dispose de moins de têtes, chacune a plus de chance de donner son plein rendement. Nous reviendrons sur ce point.
Saisissez toutes les occasions de propager la connaissance du Crédit Social. Êtes-vous embarrassé pour aborder le sujet, servez-vous de ces "cahiers. " Ils existent pour cette fin, pour enseigner sans ennuyer, attendant patiemment que l'heure de lassitude soit passée pour retenir l'attention du lecteur.
Offrez donc ces Cahiers, distribuez-les à temps et à contretemps aussi. Vous voudrez préserver votre numéro, c'est juste, mais la provision n'en est pas épuisée. Vous offrez un verre de bière à votre ami, vous lui faites plaisir et il vous remercie. Pour le même cinq sous, vous lui offrez un numéro des "Cahiers", il esquisse une surprise, mais il l'appréciera et sa reconnaissance sera plus durable. Essayez. Ce simple geste aura peut- être une portée que vous ne soupçonnez pas. J'en pourrais citer des exemples frappants, si je ne craignais de blesser des modesties.