Administrés par des "peanuts"
(expression anglaise = insignifiants)
À une délégation qui allait trouver son conseil municipal pour s'opposer aux taxes, un échevin répondit :
"Croyez-vous qu'on administre une ville avec des "pinottes" (peanuts = cacahouettes) ?"
Quand une ville manque d'argent, elle en demande à des citoyens qui en manquent déjà. Si la ville n'en arrache pas assez, elle ne peut administrer. Si le citoyen n'en garde pas assez, il ne peut administrer son foyer..
Si les propositions du Crédit Social étaient appliquées : un dividende de $800. par mois à chaque citoyen, en plus de ce qu'il peut déjà avoir comme salaire les citoyens n'auraient pas de difficulté à fournir ce qu'il faut pour l'administration de leur ville ou de leur paroisse, tout en gardant suffisamment d'argent pour l'administration de leur maison.
Mais le gouvernement va demander à son tour : "Mais avec quoi vais-je payer tout cela ? Si vous ne voulez pas que je vous taxe davantage, où vais-je prendre l'argent ? Je ne puis pas, moi non plus, administrer avec des peanuts (cacahouettes)."
Nous n'avons pas de pitié pour le gouvernement, car il est le souverain ; et si l'argent manque quand rien ne manque par ailleurs, c'est sa faute, et rien que sa faute.
Le gouvernement ne parle pas de peanuts quand on lui demande une licence d'auto, un permis de rouler. Si l'auto et les routes existent, il ne manque jamais de papier ni de bonne volonté pour fabriquer les permis.
Quand les créditistes réclament, pas rien que pour eux, un dividende de $800 par mois, ils demandent pour tout le monde le permis d'acheter pour $800 de produits, en plus des permis qu'ils ont déjà, en plus de l'argent qu'ils ont déjà.
S'il n'y a pas assez de produits à vendre, pourquoi tant se démener pour envoyer nos produits ailleurs ? Et s'il y a assez de produits, qu'est-ce qui empêche de faire et distribuer les permis les permis qui s'appellent dollars, francs, lires, livres, DM, pesos, cedis, etc... ?
Quand on a assez de bras, de machines et de tout pour fournir à la fois les biens publics et les biens privés, il n'y a aucune raison de manquer d'argent pour payer à la fois les biens publics et privés.
Un gouvernement embarrassé par les moyens de paiements, en face de produits et en face de bras et de machines disponibles pour en faire encore plus, est un gouvernement attaché par l'ignorance, ou par la mauvaise volonté, ou par la soumission à des puissances qui l'empêchent de mettre l'argent au niveau des réalités.
Quiconque n'est pas fou sait bien aujourd'hui que l'argent est la chose la plus facile à faire venir quand le gouvernement le veut vraiment. L'exemple de septembre 1939 est là. Le même gouvernement qui n'avait pas et ne pouvait avoir, disait-il, un dollar pour les chômeurs, a fait pousser, du jour au lendemain des millions pour la guerre.
Ce n'est pas plus difficile de financer une distribution gratuite de trois ou quatre milliards de bons produits par année, que de financer la distribution gratuite de quatre ou cinq milliards de produits meurtriers par année. Si l'on ne voit ni difficulté ni inconvénient à lâcher une bombe gratuite sur la tête des gens qui n'en demandent pas, pourquoi recule-t-on devant la distribution de la moindre gratuité aux familles du pays ?
Ce n'est pas avec des "peanuts" (cacahouettes) qu'on administre un pays. Non, c'est avec des réalités, et les réalités abondent. Mais « ça a tout l'air que le Parlement est surtout peuplé de "peanuts" (insignifiants en anglais"), et que ce sont bien des "peanuts" qui administrent le pays ! C'est pour cela que dans ce pays d'abondance, nos gouvernements coupent dans la pitance des vieillards, des assistés sociaux, et dans les services aux malades, comme dans les hôpitaux et les médicaments, plutôt que de créer l'argent nécessaire au pays. Administrés par des "peanuts", en effet !