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L’économique – Les Rothschild

Louis Even le mercredi, 15 janvier 1941. Dans Histoire bancaire

Nous avons remarqué, en parlant de la fondation de la Banque d'Angleterre, que les financiers internationaux savent profiter des guerres pour arrondir leur fortune et consolider leur pouvoir.

L'histoire des Rothschilds nous montre qu'au moins en plus d'une occasion, ces financiers n'ont point perdu les occasions que leur offraient les conflits entre nations. Nous ne voulons pas dire qu'ils suscitaient les guerres, mais qu'ils s'adaptaient très bien aux situations créées par les guerres et qu'ils n'en sortaient point appauvris.

Bien que l'ancêtre, Anselme Meyer Rothschild, vécût en Allemagne, la maison Rothschild n'est ni allemande, ni anglaise, ni française, mais juive internationale. Ne voit-on pas ses descendants actuels quitter l'Autriche, la France, et n'en avoir aucun regret, pourvu qu'ils puissent emporter leur or avec eux ? D'ailleurs les fils d'Anselme eux-mêmes s'établirent dans cinq nations différentes d'Europe.

L'aïeul, Anselme, s'était fixé à Francfort, bien que cette ville fût hostile aux Juifs. C'est qu'après Hanovre, Francfort était alors le plus grand centre d'affaires de l'Allemagne.

Anselme Meyer Rothschild servait de banquier au landgrave de Hesse. Le landgrave était le prince le plus riche de toute l'Europe. Il s'enrichissait de diverses manières, mais entre autres par ce qu'on appellerait aujourd'hui un commerce de chair à canon.

En effet, les Hessiens étaient de forts gaillards, et nombre d'entre eux faisaient leur vie par le métier de guerriers. Pas par patriotisme, mais pour la paye. Leur prince, le landgrave, les engageait et louait leurs services à d'autres princes ou rois qui en avaient besoin. Naturellement le landgrave tirait des profits de la transaction, et il confiait ses profits à Rothschild qui les plaçait, les faisait fructifier pour le landgrave, tout en prenant ses petits bénéfices.

Par exemple, lorsque les colonies américaines se révoltèrent contre l'Angleterre, le roi d'Angleterre, Georges III, demanda au landgrave un régiment de Hessiens. Le landgrave lui fournit 16,800 hommes, se faisant payer par Georges III une somme équivalente à $20,000,000.

Le landgrave confia ces 20 millions à Rothschild. Celui-ci avait du flair. Vu qu'il y avait guerre en Amérique et que les pays en guerre sont toujours en quête de fonds dont ils paient le prix fort si c'est nécessaire, Rothschild ne trouva rien de plus alléchant que faire cet argent servir en Amérique.

Le Juif de Francfort prêta donc l'argent à son congénère d'Amérique, le Juif Haym Solamon. Solamon payait intérêt à Rothschild. Mais Solamon n'eut aucune difficulté à prêter lui-même, à plus gros intérêt, à Morris, le financier de Georges Washington pour la conduite de la guerre d'indépendance.

C'est ainsi que des Hessiens se battirent pour Georges III contre les Américains, et que les Américains furent financés par l'argent avec lequel Georges III avait acheté les Hessiens.

Américains, Anglais, Hessiens s'entretuaient sur les champs de bataille, pendant que deux financiers, le Juif Solamon de ce côté-ci de l'océan et le Juif Rothschild de l'autre côté, accumulaient les profits et la puissance que confère l'argent.

Rothschild avait cinq fils, et il les dressa à ce commerce fructueux. Les "cinq messieurs de Francfort" se séparèrent de corps, non d'esprit ni d'intérêts. Le plus habile des cinq, Nathan, choisit Londres, qui devenait le centre financier de l'univers. Jacques s'installa à Paris, Salomon à Vienne (Autriche), Charles à Naples (Italie), tandis que l'aîné, Anselme comme son père, demeurait à Francfort. Le vieux mourut en 1813.

À cette époque l'Europe était en proie aux guerres napoléonniennes. Les deux Rothschild, Nathan et Jacques, à cheval sur l'Angleterre et la France, surent apprécier toutes les occasions. Prêts au gouvernement, contrebande sur une haute échelle, avec la connivence des deux gouvernements ennemis, enrichirent les Rothschilds pendant que les soldats tombaient, que les mères et les épouses pleuraient, que les haines s'avi-vaient et qu'on alimentait le tout de harangues patriotiques.

Les deuils qui couvraient l'Europe n'appauvrissaient guère ces experts de l'argent. Nathan à lui seul fit à la Bourse de Londres un profit de six millions de dollars en une seule journée, le surlendemain de Waterloo. L'Aigle s'en allait mourir à St-Hélène, les Rothschilds bâtissaient leur fortune.

Ce même Nathan devait intervenir plus tard jusqu'en Espagne, en 1835, où, pour se venger d'un gouvernement qui ne voulait pas plier à sa volonté malgré des versements corrupteurs faits au ministre des finances espagnol, il consacra, de concert avec son frère de Paris, neuf millions de dollars à la ruine des valeurs mobilières espagnoles. Il en résulta une crise mondiale qui ruina des milliers de porteurs d'obligations, tandis que les Rothschilds s'enrichissaient sur les débris.

C'est à ce sujet que l'autre frère, celui de Vienne, Salomon, osait écrire à un confident : "Dites au prince Metternich que la maison des Rothschilds a agi ainsi par vengeance."

Ce Salomon avait aidé Metternich à financer la Sainte-Alliance (Autriche, Russie et Prusse), sans avoir recours à l'Angleterre. En retour, les frères Rothschilds furent comblés d'honneur et faits barons par la Cour impériale de Vienne.

Malgré la plus grande réserve et discrétion dont s'entourent aujourd'hui les banquiers internationaux pour voiler leurs ripailles, la technique continue.

Ainsi, lorsque l'Autriche fut démembrée après la grande guerre, la maison Rothschild d'Autriche se trouva en piteuse posture financière. Ce ne fut pas long. Lorsque, huit ans plus tard, le premier-ministre Poincaré à Paris, de concert avec la Banque de France, prépara une loi pour la stabilisation du franc, le Rothschild de Paris, directeur de la Banque de France, sut avertir en vitesse son cousin de Vienne. Ce dernier se hâta d'acheter les francs alors à la baisse, pour les revendre à la hausse après l'adoption de la loi par le parlement français.

En moins d'une semaine, sans verser ni sueur ni sang, le Juif de Vienne avait refait toute sa fortune... sur le dos des épargnants français. Et il y en a qui ne comprennent pas Pétain !

Louis Even

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