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Sonorité, critère de valeur ?

le samedi, 15 février 1941. Dans Autres

Septembre 1935. Mackenzie King s'attirait les applaudissements de ses auditeurs de l'ouest en affirmant qu'un gouvernement, pour être véritablement démocratique, devait prendre le contrôle de la monnaie et du crédit, procurer à tous la sécurité économique, chasser la faim et la misère des foyers.

On fit grand cas de ces quelques paroles parce qu'elles venaient de Mackenzie King. C'était sonore !

Beaucoup plus sonore sans doute que les quatre années d'étude, de propagande et d'organisation pendant lesquelles Aberhart a lancé l'Alberta dans la lutte pour la sécurité économique.

Lequel a travaillé à libérer l'homme des puissances d'argent — l'apôtre de l'Alberta ou le politicien d'Ottawa ?

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Printemps 1939. Pressentant sans doute un appel au peuple pour l'automne suivant, un homme se lève et, en trois ou quatre occasions choisies, réclame une démocratie nouvelle et une économie d'abondance dans un pays d'abondance.

Cet homme ne se dépense point pour instruire le peuple. Il se contente d'une forte publicité dans les journaux. Celle-ci ne lui manque point, d'ailleurs, car cet homme a un nom. Il a des alliances. Il possède une fortune. C'est William Herridge, beau-frère de l'Hon. Bennett, ancien ministre plénipotentiaire du Canada à Washington.

Sonore ! On hisse M. Herridge au-dessus d'Aberhart et des autres chefs créditistes qui, eux, ont étudié enseigné, travaillé pour la cause que M. Herridge vient soudain noyer du prestige de son nom.

Qui — de l'homme aux honneurs et aux écus, ou des humbles apôtres du Crédit Social dans l'est comme dans l'ouest — a plus fait pour avancer la libération économique du peuple ?

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Janvier 1941. Fiasco de la conférence inter-provinciale.

Mitchell Hepburn, à cette occasion, déclare publiquement que le gouvernement fédéral devrait financer une partie de la guerre par de l'argent de sa propre création.

C'est peu de chose de la part de M. Hepburn. Après deux termes d'office à la tête de la plus grande province du Canada, il semble s'apercevoir que l'argent devrait être fait par le gouvernement. Il le dit. Tous les journaux répètent ses paroles.

Les journaux ont-ils ainsi fait écho à des discours cent fois plus complets et plus sensés, expliquant non seulement que le gouvernement devrait faire l'argent, mais disant pourquoi, comment, combien ?

Mais Hepburn est premier-ministre d'Ontario. Lorsqu'il parle, c'est sonore. La sonorité a beaucoup plus d'effet que la valeur intrinsèque de ses assertions.

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31 janvier 1941. Le "Devoir" est impressionné par les paroles d'un M. Milo Perkins quelque part à Washington. M. Perkins en est aux approches d'un terrain que les créditistes, même de la province de Québec, ont exploré et exposé par le menu mille et une fois.

M. Dupire, du "Devoir", n'a sans doute jamais eu vent de la doctrine proclamée par plus de 100,000 gens de chez nous. Petites gens, après tout. Mais un Américain ! Un président d'une commission qui s'occupa de chercher à vendre des surplus sans en trouver le moyen !

Sonorité ! Même au "Devoir", la sonorité réussit à tirer de graves cerveaux pensants vers des réalités où ils dédaignent d'accompagner les créditistes.

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Méprisable déformation du jugement, contre laquelle les lecteurs de VERS DEMAIN tiendront à se prémunir.

"Que penser de la déclaration de Hepburn ?" nous demandait un ami, presque vibrant de reconnaissance envers le premier-ministre d'Ontario.

— "Ce qu'en penser ? Mais qu'il est bien ignorant s'il ne connaît que cela en fait d'argent ! Il en sait cent fois moins que vous. Quiconque a lu et compris le simple petit Syllabaire du Crédit Social est beaucoup mieux renseigné que M. Hepburn."

Puis, que font ces politiciens, s'ils ont la lumière, pour éclairer le peuple ? Ils vivent de l'ignorance du peuple. Ils bâtissent leur fortune politique sur son dos. Ne soyons plus gogos à ce point. Ceux qui comptent, ce sont ceux qui élèvent le niveau d'éducation du peuple. Les autres nous écœurent, même si de temps en temps ils émettent quelques lueurs auxquelles une presse superficielle donne des airs d'éblouissement.

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