Le Bureau de Reconstruction Économique de Québec, dont M. Damien Bouchard est le président, avertit les municipalités qu'après le 31 mars prochain, le gouvernement provincial cessera toute contribution aux fonds de secours direct. Les municipalités devront donc elles-mêmes voir à leurs chômeurs.
Cette décision est prise à la suite de la déclaration faite à Ottawa que le gouvernement fédéral cessera de prendre sa part du fardeau.
On sait que le chômage, d'abord regardé comme problème local, puis provincial, fut plus tard considéré comme un problème national. C'est même à cause de cela que le gouvernement fédéral a empiété dans le domaine provincial pour établir l'assurance-chômage.
Jusqu'ici, en vertu d'arrangements conclus il y a quelques années, le fédéral fournissait 40 pour cent des charges du secours direct, les provinces 40 pour cent, les municipalités 20 pour cent.
Le fédéral retire son 40 pour cent, motivant les charges de la guerre. Notre provincial, en bon singe, retire son 40 pour cent. Las municipalités restent avec le 100 pour cent.
Voilà une méthode péremptoire pour se décharger de ses responsabilités tout en accentuant les pouvoirs, surtout celui de taxer.
On donnera les raisons qu'on voudra. Les chômeurs sont des hommes, et c'est au manque de piastres qu'on les sacrifie. Plutôt que de faire des piastres, ce qui déplairait au banquier, on va faire des squelettes et des cadavres, à moins qu'on fasse des émeutiers.
On peut s'apitoyer sur les victimes de la guerre en Europe. Mais ce n'est pas une raison pour donner un coup de pied à celles de notre système d'argent.
Le 19 février, l'Honorable W. W. Cross annonçait qu'à partir du 1er avril, le gouvernement provincial d'Alberta assumera la part que le fédéral ne veut plus ou ne peut plus fournir dans les secours aux chômeurs.
Le gouvernement provincial, dit le Dr Cross, sent que les municipalités supportent un fardeau suffisamment lourd et, pour aider le fédéral dans la poursuite de la guerre sans accabler davantage les municipalités, la province d'Alberta prendra à sa charge 80 pour cent des frais de secours aux chômeurs.
Ainsi, les municipalités d'Alberta resteront avec leur fardeau de 20 pour cent seulement. Celles de Québec endosseront 100 pour cent, ou les chômeurs pâtiront.
À Edmonton, depuis l'avènement d'Aberhart, on a toujours fait passer l'homme avant l'argent, même si les faiseurs d'argent gémissent comme des hypocrites ou hurlent comme des loups.
Où est la manière la plus chrétienne — celle du gouvernement d'une province surtout protestante ou celle du seul gouvernement catholique de l'Amérique du Nord ?
