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Chez les sourds

le lundi, 15 juillet 1940. Dans Autres

— Vous autres, les créditistes, dans vos exposés, vous devriez arrondir les angles.

— Que voulez-vous dire, cher ami ?

— Je veux dire que, parfois, vous pouvez avoir l'air d'être socialistes.

— Trouvez-vous que le Crédit Social est du socialisme ?

— Oh ! non, c'est bien sûr que non.

— Trouvez-vous que les articles de VERS DEMAIN sont socialistes ?

— Je trouve VERS DEMAIN très orthodoxe, du point de vue de la doctrine catholique.

— Quelqu'un nous a-t-il accusés de socialisme devant vous ?

— Non, personne.

— Mais alors, qu'est-ce donc que vous craignez ?

— Ce que je crains, c'est que vous ayez l'air d'être socialistes en face des esprits imbus de libéralisme comme ceux du monde où nous vivons.

— Mais comment donc voulez-vous que nous empêchions les esprits mal intentionnés ou ignorants de nous représenter faussement ?

— Je vous le répète, arrondissez les angles.

— Précisez, cher ami, dites-nous comment faire pour exposer la vérité sans la dire et sans l'appeler par son nom.

— Retranchez-vous derrière des autorités, comme celle du pape par exemple.

— Ne craignez-vous pas qu'on nous accuse de nous servir de la religion pour nous couvrir ?

    • On vous accusera certainement de cela.

    • Ainsi votre méthode ne vaut pas mieux que la nôtre pour ouvrir l'esprit de ceux qui ont des "oreilles pour ne point entendre".

— J'admets que c'est bien difficile.

— Cher ami, nous exposons la vérité telle que nous la comprenons. Ceux qui cherchent sincèrement la vérité, la reconnaîtront. Ceux qui tiennent à l'erreur parce que c'est à la faveur de l'erreur qu'ils réussissent, ceux-là dénaturent la vérité, sous quelque forme qu'elle se présente, et ils la dénatureront toujours. Il ne faut pas espérer être compris de cette catégorie. Et les autres, ceux qui n'avancent qu'à la remorque des autorités, la première chose à leur apprendre serait sans doute que les autorités sont des autorités précisément parce qu'elles enseignent la vérité, et non vice-versa, et que lorsqu'il s'agit du Saint Père, puisqu'il est inspiré du St-Esprit quand il parle "ex cathedra", ce n'est pas parce que le Saint Père dit telle chose que telle chose est vraie, mais le Saint Père dit telle chose justement parce qu'elle est la vérité. Il faut mettre les idées à leur place dans les esprits, c'est le commencement de l'ordre dont nous avons tant besoin aujourd'hui et c'est ce à quoi nous nous appliquons.

MARIE

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