Les créditistes seront heureux de se convaincre qu'en Angleterre il se trouve, même au Parlement, des voix pour demander au gouvernement de reprendre un contrôle usurpé par les banques. Nous citons des interpellations et des réponses, sans commentaires. On verra avec quelle persistance le chancelier de l'Échiquier en particulier, l'Honorable Sir K. Wood (le correspondant de notre ministre des finances) évade les réponses directes. Nous puisons ces citations dans divers numéros de The Social Crediter.
M. STORES —... Bien des fois, nous avons essayé de découvrir qui contrôle cette entreprise importante qu'est la Banque d'Angleterre, et nous n'avons jamais pu le savoir. Elle est supposée être une banque nationale. Il n'en est rien. C'est une entreprise privée, dans laquelle personne n'a le droit de scruter.
... Le contrôle des banques est futile, à moins que le gouvernement assume le contrôle de la création de l'argent et du crédit... Si le gouvernement contrôlait réellement les banques, elles devraient être capables de financer la guerre sans aucun intérêt.
Qui contrôle le taux d'intérêt chargé par la banque ? Le Chancelier de l' Échiquier me dit que c'est le gouverneur de la Banque d'Angleterre. Le gouverneur de la Banque d'Angleterre me dit que c'est le Chancelier de l'Échiquier. Je ne puis jamais avoir une réponse claire à cette question en Chambre.
M. SILVERMAN — Si le taux d'intérêt a doublé, est-ce le Trésor qui en est responsable, ou faut-il critiquer la Banque d'Angleterre ? Tant qu'on n'aura pas su cela, tout pouvoir de contrôle de la part de cette Chambre est impossible.
M. BENSON — La rémunération des banques devrait être réduite à une limite raisonnable. Nous avions auparavant peu de bons du Trésor, et les banques chargeaient ½ pour cent. Maintenant que les bons du Trésor s'élèvent à sept à huit cent millions de livres, on permet aux banques de charger un pour cent. Nous n'avons eu aucune explication du Chancelier de l'Échiquier jusqu'ici. J'espère qu'il nous en donnera une sur ce marché injustifiable entre le Trésor et les banques.
Sir RICHARD ACLAND — On nous demande de nous sacrifier pour la démocratie. Si nous avions réellement une démocratie 100 pour cent, cette sorte de chose ne pourrait arriver. On n'aurait pas ainsi une question posée par des membres de cette Chambre et demeurant toujours sans réponse, traitée comme si c'était une question qui ne mérite pas de réponse.
.... Nous sommes déterminés, dans cette guerre, à briser la puissance et le contrôle du petit groupe qui travaille en si bonne harmonie avec le Chancelier de l'Échiquier, mais sur les allées et venues duquel il se déclare incapable d'exercer aucun contrôle — ce qui veut dire qu'il peut passer des accords avec eux, mais que cette Chambre et ce Comité parlementaire n'ont rien à y voir... Cette sorte de chose ne doit pas continuer après la guerre. Et plus tôt on dira au peuple que la politique financière de ce pays sera différente après la guerre, mieux ce sera pour le moral du pays.
Sir K. WOOD (Chancelier de l'Échiquier) —... Le taux des prêts est réglé par les banques elles-mêmes, mais toute la structure des taux sur les prêts à court terme doit être considérée dans la lumière des circonstances actuelles... Pour ma part, je crois que les banques ont apporté leur pleine coopération au Trésor et aux autres ministères pour la finance de l'effort de guerre.
M. STOKES — demande au premier-ministre si la Chambre aura le temps de discuter une motion à l'effet de révoquer la charte accordée à la Banque d'Angleterre sous le règne de Guillaume et Marie, concédant à une institution privée le droit d'émission de l'argent, ainsi que toutes les lois du parlement, depuis cette époque, appuyant ce privilège.
M. ATLEE (ministre) — Je n'ai absolument aucun espoir qu'une occasion spéciale soit trouvée pour discuter la motion proposée par mon honorable ami.
M. STOKES — Est-ce réellement parce que le temps manque, ou est-ce parce que le gouvernement obéit aux dictées de personnes influentes qui ne veulent pas d'une telle discussion ?
M. GALLAGHER — N'est-il pas temps qu'il y ait une discussion sur les banques et sur le vol qu'elles poursuivent ?
M. PARKER et M. CRAVEN-ELLIS — demandent au Chancelier de l'Échiquier s'il est opportun que M. Montagu Norman, directeur de la Banque d'Angleterre, continue de siéger au bureau de direction de la Banque des Règlements Internationaux, dont le ministre allemand de l'Économie, le Dr Funk, est aussi directeur.
Sir K. WOOD (Chancelier) — Je suis convaincu que l'ennemi ne tire aucun avantage de l'association de la Banque d'Angleterre avec la Banque des Règlements Internationaux, actuellement sous l'administration de son président, M. Thomas McKittrick, citoyen américain. Aucune assemblée des directeurs n'a eu lieu depuis le début de la guerre... Je crois que briser nos connexions avec la Banque des Règlements Internationaux serait de nature à aider nos ennemis plus que nous-mêmes.
M. SHINWELL — Est-il désirable de retenir cette association non formelle entre M. Montagu Norman et le Dr Funk puisqu'elle est devenue inopérante ? Ne serait-il pas mieux à propos d'y mettre fin ?
Sir K. WOOD. — Non, monsieur. Comme je l'ai dit, je crois qu'il y a des avantages pour ce pays à maintenir les relations. Nous avons un peu d'argent là.
M. STOKES — reprend la question au sujet des rapports entre la Banque d'Angleterre et la Banque des Règlements Internationaux.
Sir K. WOOD renvoie à ses réponses précédentes.
M. STOKES. — Le Chancelier de l'Échiquier ne se rend-il pas compte que sa réponse ne contenait aucune information d'aucune sorte, et quand sera-t-il à même de répondre ?
Sir K. WOOD — Je ne puis accepter cela.
M. BELLENGER. — Comme partie constituante de la Banque des Règlements Internationaux, la Banque d'Angleterre n'est-elle pas partie à toute transaction avec les autres membres de la Banque Internationale ?
Sir K. WOOD — Je pense que j'ai déjà répondu à cela. Si le député veut d'autres renseignements, peut-être voudra-t-il les inscrire au feuilleton, et j'y répondrai.
M. BELLENGER — C'est ce qu'on m'a dit de faire l'autre jour. J'ai rédigé ma question pour avoir une réponse aujourd'hui, mais je n'en ai pas eu.
Sir K. WOOD — La question ne traitait pas exactement de cela. Peut-être le député voudra-t-il rédiger une question précise sur le sujet ?
M. BELLENGER — C'est fendre les cheveux en quatre.
M. DE LA BERE —demande au Chancelier de l'Échiquier quelles mesures le gouvernement prend, avant même la fin de la guerre, pour empêcher la continuation des pouvoirs excessifs des trafiquants d'argent.
Sir K. WOOD — Je crains que l'ampleur de la question soulevée par mon honorable ami ne puisse être bien traitée dans les limites d'une question parlementaire.
M. DE LA BERE — Mon honorable ami se rappellera-t-il que la question des charges bancaires aux agriculteurs a été maintes fois soulevée ? Ne sait-il pas que je l'ai vu personnellement à ce sujet, et ne serait-ce pas là l'une de ces choses dont on peut s'occuper pendant la guerre, alors que la production alimentaire est si vitale ? Mon honorable ami ne voudra-t-il pas considérer cela ?
Sir K. WOOD — Je considérerai cela.
M. DE LA BERE — Mon honorable ami conviendra-t-il qu'il n'est pas bon de s'immobiliser mentalement et de dire qu'on n'y peut rien faire ?
Au sujet des avances bancaires contre les bons du Trésor :
M. CRAVEN-ELLIS — Ces crédits ne sont-ils pas venus en existence par la simple action des banques, et n'est-il pas désirable en ce moment que le gouvernement prenne la responsabilité de la création de crédit pour fins de guerre ?
M. DE LA BERE — Ces crédits ne sont-ils pas des crédits qui ne coûtent rien ? Ils ne coûtent rien aux banques.
Sir K. WOOD — J'ai déjà répondu à diverses questions posées par mon honorable ami.
M. SHINWELL — Le très honorable ministre ne se rend-il pas compte que nous devons adopter une nouvelle conception de la finance si nous voulons gagner la guerre ?
M. DE LA BERE — demande au Chancelier de l'Échiquier si, en rapport avec les bons du Trésor, il réduira désormais le taux de l'intérêt payable aux banques.
Sir K. WOOD — Je renverrais mon honorable ami à la réponse que je lui ai faite sur ce sujet le 7 novembre.
M. SHINWELL — Si le très honorable ministre ne se propose pas de placer une limite au montant des bons du Trésor et s'il ne convient pas de réduire l'intérêt, n'accumule-t-il pas un fardeau sur la population pour l'après-guerre ?
Sir K. WOOD — Je pense que, dans l'ensemble, c'est un arrangement raisonnable dans l'intérêt de la population.
M. DE LA BERE — Quand le Trésor montrera-t-il une lueur de vision ?
Au sujet de bons du Trésor au montant de 300,000,000 livres sterling, portant intérêt à 1 1/8 pour cent.
M. DE LA BERE — Mais mon très honorable ami ne va pas suggérer que ces crédits coûtent quoi que ce soit aux banques. Ne sont-ils pas de pures créations ?
Sir K. WOOD — Je crains que je ne puisse argumenter avec mon honorable ami sur ce point.
M. DE LA BERE — Je crains que la question soit trop bonne pour le Chancelier.
M. CRAVEN-ELLIS — Y a-t-il objection à la mobilisation du crédit national ?
Sir K. WOOD — Je suis au courant de quelques-unes des idées que mon honorable ami a en vue, mais je ne pense pas qu'elles soient généralement acceptables.
M. CRAVEN-ELLIS — Peut-être mon honorable ami voudra-t-il bien les discuter avec moi.
Sir W. DAVISON — N'est-il pas vrai que l'Allemagne était financièrement en banqueroute depuis plusieurs années. Le Chancelier de l'Échiquier ne pourrait-il donner à cette Chambre un peu plus d'information sur la manière dont l'Allemagne a pu financer les immenses approvisionnements requis pour son effort de guerre, plusieurs de ces approvisionnements étant nécessairement de provenance étrangère ?
Sir K. WOOD — Il est difficile de traiter ce sujet par question et réponses. Peut-être pourrons-nous y venir à quelque moment au cours des débats.
M. STOKES — Peut-être serait-ce moins difficile si nous avions moins de difficulté avec le Trésor ?
Sir W. DAVISON — Pourrait-on avoir un Livre Blanc sur le sujet ?
Sir K. WOOD — Ce serait à peine convenable.
M. DE LA BERE — demande au Chancelier de l'Échiquier si le gouvernement ne devrait pas intervenir auprès des banques en faveur des cultivateurs, pour faire convertir leurs emprunts et les consolider, sur une base de quatre ans, à un pour cent d'intérêt, en vue d'aider à une production agricole maximum.
Sir K. WOOD — Les conditions dans lesquelles les banques prêtent à l'agriculture sont tellement différentes de celles dans lesquelles se font les prêts à l'État, que je ne puis adopter la suggestion de mon honorable ami.
M. DE LA BERE — Mon très honorable ami ne sait-il pas que le gouvernement presse une production alimentaire de plus en plus grande en ce pays, et que les banques devraient faire leur part de contribution, même si cela leur demande quelque sacrifice ? Pourquoi faut-il qu'on permette des entraves à l'approvisionnement de vivres en n'obligeant pas les banques à aider l'agriculture ?
Sir K. WOOD — Je ne puis accepter la manière de voir exprimée par mon honorable ami.
M. DE LA BERE — Ce qui ne l'empêche pas d'être exacte.
"La grande question passée d'un siècle à l'autre, qui devra être réglée tôt ou tard, c'est la cause du peuple contre les banques. (Le juge-en-chef d'Angleterre, 1875)
"Le bill de prêt-location devant le Congrès présage une fusion politique des États-Unis et du Commonwealth des nations britanniques. En dépit de difficultés infinies, on peut constater l'énorme promesse, la formidable inspiration de l'objectif d'une union anglo-américaine vers laquelle le président Roosevelt semble se diriger." (Félix Morley, président du Haverford Collège)