Le 8 décembre dernier (1968), le Pape disait :
« L'Église se trouve à une heure d'inquiétude, d'autocritique. On dirait même d'AUTO-DEMOLITION. C'est comme un bouleversement intérieur, aigu et complexe, que personne n'aurait pu prévoir après le Concile... L'Église, peu à peu, en vient à se frapper elle-même ».
Auto-démolition, dit le Pape. S'auto-démolir, c'est se démolir soi-même. Il semble donc que l'Église travaille elle-même à sa propre démolition. Elle en est venue à se frapper elle-même, remarque le Pape.
Au cours des siècles, l'Église a subi bien des attaques. Des attaques qui lui venaient du dehors, de personnes, d'institutions, de pouvoirs qui n'étaient pas de l'Église, qui en étaient les ennemis déclarés. Ou encore de personnes qui avaient appartenu à l'Église, mais l'avaient quittée : hérétiques ou schismatiques. Mais aujourd'hui, c'est du dedans que se fait le travail de démolition. C'est hélas ! beaucoup plus efficace.
Et cela, après le Concile. Après un Concile qui se voulait précurseur de la réunification de l'Église, du retour à l'Église de « frères séparés », chrétiens encore, mais schismatiques comme les Orthodoxes, ou hérétiques comme les diverses sectes protestantes. Or, que constate-t-on ? Ce sont les catholiques qui se protestantisent, qui ne reconnaissent plus le Magistère du Pape, qui discréditent puis rejettent des vérités fondamentales du dogme, qui désacralisent le culte, qui vident le catéchisme de son contenu religieux et préparent une génération pour laquelle la religion sera sujet d'ignorance ou de dénigrement.
Évidemment, même cette crise profonde par laquelle passe l'Église, ne réussira pas à la jeter par terre. Même si des gens d'Église eux-mêmes se font agents de démolition, ils ne viendront pas à bout d'elle : le Christ lui-même lui a promis la pérennité. Mais elle peut souffrir, et elle souffre. Elle peut subir des pertes, comme elle en a subi par l'invasion du mahométisme ou par l'expansion du protestantisme ; c'est douloureux pour elle, et c'est désastreux pour le salut de milliers, de millions d'âmes. Qui comptera les âmes qui sont tombées, tombent et tomberont en enfer, pour toute l'éternité, parce que ceux qui devaient les nourrir de pain leur auront servi du poison ?
Le Mercredi Saint, 2 avril, dans son audience générale hebdomadaire, Paul VI, après avoir parlé des souffrances du Sauveur dans sa Passion, a souligné de nouveau la passion par laquelle passe l'Église dont il a la charge comme vicaire du Christ.
Écoutez :
« L'Église souffre-t-elle aujourd'hui ? Fils, fils très chers ! Oui, aujourd'hui l'Église est en proie à de grandes souffrances ! Mais comment ? après le Concile ? Oui, après le Concile ! Le Seigneur la met à l'épreuve.
« L'Église souffre, vous le savez, de l'opprimant manque de liberté religieuse dans tant de pays du monde. Elle souffre à cause de l'abandon, de la part de tant de catholiques, de la fidélité que mériterait une tradition séculaire, et que l'effort pastoral plein de compréhension et d'amour devrait obtenir.
« Elle souffre surtout du soulèvement inquiet, critique, indocile et démolisseur de tant de ses fils, les préférés — prêtres, enseignants, laïcs, dédiés au service et au témoignage du Christ vivant dans l'Église vivante — contre sa communion, intime et indispensable, contre ses normes canoniques, sa tradition, contre son autorité, principe irremplaçable de vérité, d'unité, de charité, contre ses propres exigences de sainteté et de sacrifice ; elle souffre par la défection et le scandale de certains ecclésiastiques et religieux qui crucifient aujourd'hui l'Église ».
Ce dernier alinéa précise une cause profonde de douleur pour l'Église et le Souverain. Pontife. La situation faite à se dans les pays d'obédience communiste est certainement attristante. Mais au moins c'est l'œuvre d'adversaires du dehors, et l'Église en a connu bien d'autres. Mais elle est bien autrement attristée par le cancer qui la dévore intérieurement : elle souffre « surtout », dit le Pape, du « soulèvement indocile et démolisseur de tant de ses fils ». Et parmi ses fils, les « préférés — prêtres, enseignants, dédiés officiels au service et au témoignage du Christ », dédiés qui se font démolisseurs quand ils devraient être constructeurs. Dédiés, rejetant l'autorité du Magistère, faisant litière de valeurs traditionnelles multiséculaires, brisant l'unité, substituant à la morale l'éthique de situation ou le jugement personnel. Ce sont ces prêtres, ces enseignants, ces « préférés » qui crucifient l'Église.
Ils ne sortent pas de l'Église pour cela, ils y restent afin de mieux réussir leur travail de sape. Ils le disent eux-mêmes, non-pas qu'ils parlent de sape, mais de « changement ». Changer l'Église de toujours pour une église de leur cru. C'est ce que déclare, par exemple, le théologien allemand Kung, de l'avant-garde progressiste de son pays : « Nous qui restons dans l'Église, dit il, nous avons pour le faire de très bons motifs... Il s'agira non seulement d'interpréter la réalité de l'Église, mais de la changer ».
Le lendemain, Jeudi Saint, officiant dans l'archibasilique de St-Jean-de-Latran, qui est la cathédrale du diocèse de Rome, le Pape revenait sur le sujet, au cours d'une homélie que l'Osservatore Romano intitule : « Douloureux appel de Paul VI à l'unité interne de l'Église ». A lui seul, ce titre définit une situation à serrer le cœur de tout catholique attaché à son Église. Ce n'est plus l'appel conciliaire à des « frères séparés » pour refaire l'unité chrétienne dans un seul troupeau, sous un seul Pasteur. C'est l'appel aux catholiques eux-mêmes, dont l'unité craque sous la pression de « tendances centrifuges » s'exerçant au sein même de l'Église. Le Pape a mentionné ces divisions, allant jusqu'à employer les termes « schismes » et « ferment pratiquement schismatique ». Voici un passage de cette homélie papale du Jeudi Saint :
« On parle d'un renouveau dans la doctrine et la conscience de l'Église de Dieu ; mais comment pourrait-elle être authentique et durable, l'Église vivante et vraie, si dans l'ensemble qui la compose et la définit comme « corps mystique », spirituel et social, elle est si souvent et si gravement blessée par la contestation ou par l'oubli de sa structure hiérarchique, falsifiée dans son charisme fondamental, divin et indispensable, qu'est l'autorité pastorale ?
« Comment pourrait-elle s'arroger d'être l'Église, c'est-à-dire son peuple uni, quand un ferment pratiquement schismatique la divise, la subdivise, la brise en groupes surtout jaloux d'une autonomie arbitraire et au fond égoïste, masquée du nom de pluralisme chrétien ou de liberté de conscience ? Comment pourrait-elle se construire par une activité qui voudrait se dire apostolique, quand celle-ci est volontairement guidée par des tendances centrifuges, et quand elle développe non point la mentalité d'un amour communautaire mais plutôt celle de la polémique particulariste, ou quand elle préfère des sympathies périlleuses et équivoques, sujettes à des réserves irréductibles, à des sympathies fondées sur des principes de base, et indulgente à des défauts communs, nécessitant une collaboration convergente ?
« On parle encore d'Église, et d'Église catholique, la nôtre ; mais pouvons-nous nous dire à nous-mêmes qu'elle est dans ses membres, dans ses institutions, dans son travail, vraiment animée de cet esprit sincère d'union et de charité qui la rendent digne de célébrer, sans hypocrisie et sans insensibilité basée sur l'habitude, notre sainte messe quotidienne ? N'y a-t-il pas au milieu de nous ces « schismes », ces « divisions » que la première lettre de saint Paul aux Corinthiens dénonce douloureusement ?
Le Pape parle. Mais quel cas le monde catholique — catholique au moins de nom encore — fait-il de sa voix ? Lui-même, Paul VI, en faisait la remarque au cours d'une de ses audiences : « J'ai parfois l'impression que je parle dans le vent ».
Son Magistère est contesté publiquement par des théologiens de grande renommée dans leurs pays respectifs. Ou, sans être contesté publiquement, il pèse peu ou point dans maints milieux même épiscopaux. Et c'est pourquoi des « collégialités » manifestent des tendances « centrifuges », vers des églises nationales « déromanisées ». Et c'est pourquoi le sens du sacré s'en va à l'eau sous l'œil de pasteurs muets. Et c'est pourquoi des expériences de messes bouffonnes en maintes paroisses dégradent la liturgie. Et c'est pourquoi le catéchisme traditionnel, qui enseignait les articles du symbole, les commandements de Dieu et de l'Église, les sept sacrements et la prière, est remplacé par des catéchèses de verbiage, vides de doctrine quand ce n'est pas chargées d'hérésies. Cela, pas seulement en Hollande, pas seulement en France, mais pareillement aux États-Unis et dans notre propre pays, le Canada.
Après avoir pris connaissance du fascicule 1 de « Un sens a voyage », pour enfants catholiques de neuvième et dixième années (14 et 15 ans), un archevêque nous a dit à Rome que cette lecture l'avait empêché de dormir : « C'est pire qu'en France », a-t-il remarqué. Cet ouvrage porte pourtant l'approbation de l'évêque président de la Commission épiscopale de l'enseignement religieux du Québec. Lorsque j'ai signalé cette approbation à un prélat du Vatican en charge de ce qui concerne l'enseignement du catéchisme dans l'Église catholique, j'ai ajouté que l'Évêque approbateur repoussait toute critique en déclarant péremptoirement que le volume était approuvé par tous les évêques de la province. Cela fit sourire le prélat qui sait très bien ce que vaut la formule « tous les évêques ». Tous les évêques ? Combien d'entre eux ont parcouru les pages de « Un sens au voyage », et combien d'entre eux jugent personnellement que l'écolier de neuvième ou dixième année aura progressé dans la connaissance de la doctrine catholique — la vraie — au bout de cette étude ?
Mais c'est la nouvelle manière. L'évêque individuel est devenu numéro d'un groupe, d'une collégialité. La Collégialité charge quelque comité, permanent ou non, de préparer le matériel. Le texte composé est paraphé par une signature attitrée. Et c'est considéré approuvé par tous. La méthode peut varier dans les détails, mais pas tellement.
En France, les évêques se réunissaient à Lourdes en 1966. De leur conférence sortait un « Fonds obligatoire », d'une doctrine déjà escamotée ou diluée, qui devait guider la confection d'un nouveau catéchisme. Le premier volume du nouveau catéchisme français a paru il y a quelques mois. Comme le catéchisme hollandais, auquel Rome a reproché des imprécisions et des lacunes importantes en matière de doctrine, le nouveau catéchisme français, entaché de néo-modernisme, soulève l'opposition de catholiques alertés pour la défense de la Foi. N'est-il pas absurde, en soi, de prétendre que, les catéchismes en usage dans l'Église, depuis le Concile de Trente à nos jours, ont fait des catholiques ignorants ? Que ces catéchismes n'étaient pas pédagogiques, et que les catéchèses nouvelles savent, elles, utiliser les connaissances pédagogiques actuelles... pour enseigner quoi ?
A ce sujet, lors d’une importante assemblée, groupant plus de 3,500 catholiques militants à la Mutualité de Paris, pour réclamer le retour au vrai catéchisme, un curé de campagne prenant la parole à la suite du R. Père Noël Barbara, fit cette remarque :
« La grâce du baptême rend les enfants aptes à recevoir les vérités de la foi, et toutes les « méthodes pédagogiques » ne la remplacent pas. Remplacer la pédagogie de Dieu par ces méthodes est un crime, car laver le cerveau d'un enfant de huit ans est un viol ».
Aux États-Unis, les mêmes procédés donnent les mêmes résultats en fait de cachèses, parce que, comme en France, comme en Hollande, la préparation de ces manuels est confiée à des comités formés de progressistes. Écrivant dans l'hebdomadaire catholique « The Wanderer », Monseigneur L. Adrian, docteur en théologie et Évêque de Nashville (Tennesse), montre comment l'accession d'un progressiste à une haute charge assure l'enrôlement d'un personnel progressiste pour tout ce qui tombe sous sa juridiction.
Ce n'est pas nouveau. Dès les premières séances du Concile Vatican II, la minorité progressiste s'était avérée bien préparée et efficace pour pousser des siens dans les Commissions. Puis « péritis » et journalistes surent faire tant, et écrire tant, qu'une foule de catholiques qui n'ont jamais lu une parcelle des schémas finalement votés et signés par le Pape et les Pères Conciliaires sont restés sous l'impression, habilement entretenu depuis, que le Concile, c'était ça : les idées souvent effarantes émises en marge du Concile et largement diffusées par la presse à sensation. Quant aux catholiques plus avertis qui veulent référer aux textes approuvés, ils s'entendent répondre : Si ce n'est pas dans les textes officiels, c'était quand même l'esprit du Concile, et l'esprit compte plus que la lettre. On rencontre même des prêtres encore jeunes, séminaristes des années du Concile, qui semblent n'avoir adopté pour toute théologie que les extravagances para-conciliaires puisées dans les rapports de presse du temps.
Aux États-Unis, donc, c'est Monseigneur Russell Neighbors qui a été mis à la tête du Secrétariat Catéchétique National des Évêques américains. Sur les cinq théologiens engagés par lui pour former sa Commission, quatre sont de ceux qui ont protesté contre l'Encyclique Humanae Vitae de Paul VI. Ce Monseigneur Neighbors admet le Credo du Pape, mais avec des réserves. Il pose des objections à la manière dont est présenté le péché originel : il manifeste ainsi l'influence que Teilhard De Chardin a eue sur son esprit, remarque Monseigneur Adrian.
La plupart des éditeurs de la nouvelle catéchèse suivent simplement ce qu'ils considèrent comme provenant de supposés représentants officiels de l'Église.
D'ailleurs les promoteurs des nouveaux catéchismes prennent des moyens pour faire accepter leurs fabrications. En Hollande, ce fut une grande publicité, à l'effet que 450,000 nouveaux catéchismes étaient vendus presque en sortant de presse ; et des versions anglaises, allemandes et françaises étaient en train, alors même que des objections étaient soulevées et sans attendre le verdict de Rome. En France, les évêques ont pris des mesures contre l'usage des anciens catéchismes : les maisons d'éditions qui ne détruiraient, pas leurs stocks de vieux catéchismes n'auraient pas le droit de vendre le nouveau. La Dictature de l'hérésie.
On peut se demander quelle religion aura la génération de demain, après avoir été depuis l'âge de 6 ans à 18, 20, 24 ans, dans des institutions scolaires où la théologie est devenue n'importe quoi et où la sexologie passe au premier plan. Même dans les écoles qui se disent encore confessionnelles. Même là où il y a des aumôniers en plus des catéchètes de tout crin.
A Québec, l'ancienne Académie Commerciale est devenue le CEGEP Sainte-Foy. Propriété du Gouvernement, de par l'application du Rapport Parent, mais encore gérée par les Frères des Écoles Chrétiennes. On y enseigne et on est supposé y former des jeunes qui doivent devenir une élite intellectuelle et influencer la politique, l'économique et les arts de demain dans notre province de Québec. La direction étant entre les mains de religieux et la présence de deux aumôniers dans l'institution devraient être une garantie d'éducation foncièrement catholique, au double point de vue doctrine et morale. Eh bien, un père de famille dut faire la découverte du contraire, comme notre journal Vers Demain l'a relaté dans son numéro de janvier dernier (1969), pages 12 et 13.
Ce père de famille, qui a depuis retiré son fils de cette école devenue comme bien d'autres dangereuse pour la foi et la pureté des jeunes, alla voir à ce sujet le directeur et l'un des deux aumôniers. Le directeur n'était pas au courant de ce que ses professeurs pouvaient mettre de livres malsains, impudiques, entre les mains de leurs élèves. L'aumônier, lui, dit n'avoir aucune autorité dans l'école : peut-être n'est-il là que pour son salaire !
Quant à l'autre aumônier, le fait suivant montre qu'il sait prendre des moyens d'exercer une certaine influence sur les étudiants, mais hélas ! quelle influence, et comment masquée ? Tout récemment, il a fait distribuer aux centaines de jeunes gens des deux sexes qui fréquentent cet établissement un document de six pages, format dactylo, intitulé :
« Comité Développement et Paix — Un Comité du Service de Pastorale du CEGEP Sainte-Foy ».
Après avoir exposé la menace de famine mondiale, attribuée à un taux de croissance de la population mondiale dépassant le taux de croissance de la production de biens de consommation, le document conclut :
« Il faut donc, tout à la fois :
Réduire les naissances, partout, vite (tribunal démographique mondial, pressions économiques antinatalistes) ;
Développer plus vite, surtout les aliments, plus par dons d'équipement que par dons d'aliments ».
En page 6, le document reprend le cri d'alarme : « La famine de 1980 ne pourra être réduite que si... » Et il énumère cinq conditions données comme essentielles pour éviter cette catastrophe :
Première condition :
« Qu'un effort large, énorme, soit fait (stérilet, contraception, intra-utérine) pour le contrôle des naissances ; en l'associant à une pression économique anti-nataliste, qui pourrait être inspirée du type chinois 1962. »
Donc, dictature de nature économique, forçant les couples à prendre des moyens artificiels pour diminuer les naissances.
Et la cinquième condition pour éviter la famine en 1980 :
« Améliorer l'efficience de l'aide, en sanctionnant toutes les imprévoyances, par un gouvernement supranational, mondial (et non l'ONU qui n'est qu'intergouvernementale). » (Un Gaspé-ouest à l'échelle mondiale serait une catastrophe ! ajoute-t-on.)
Donc, à la dictature économique, ajouter une dictature politique mondiale, supranationale, édictant des lois obligatoires pour tout l'univers.
En répandant de telle littérature, sous l'aile « Service de Pastorale du CEGEP Sainte-Foy », cet abbé Guy Bédard fait-il fonction d'aumônier ou d'empoisonneur des âmes ? Et que pense son Évêque, le Cardinal Roy, de cette manière de servir son œuvre pour les pays sous-développés ?
Vraiment, le Pape peut bien se demander quel cas les catholiques font de son enseignement, non seulement de ses homélies et de ses allocutions à l'occasion d'audiences publiques, mais de ses encycliques elles-mêmes. Après son Encyclique concernant le Célibat des Prêtres, la question est encore débattue dans des syndicats de prêtres. Des colonnes de journaux rapportent les motions de ces groupes de prêtres et les résultats de sondages qui ont pour but de créer une demande croissante pour un clergé marié. Méthode maçonnique pour discréditer l'autorité du Vicaire du Christ et tâcher de démolir l'Église.
Et quel vacarme dans l'Église à la suite de l'Encyclique Humanae Vitae ! Les hennissements de la luxure voudraient couvrir et étouffer la voix du Pape qui rappelle la loi de Dieu.
On pourrait en dire long encore sur ce thème, sur la subversion dans l'Église du Christ, qui engendre la confusion et alarme à bon droit les âmes attentives. Mais le tableau est suffisamment chargé, croyons-nous, pour alerter l'esprit et toucher le cœur de tout catholique sincère.
Un fils de l'Église n'a pas le droit de rester indifférent devant les attaques qu'elle subit, devant la crise qu'elle traverse, devant les contestations, les soulèvements internes et les infidélités qui affligent si profondément son chef actuel, le Pape Paul VI. N'oublions pas que le Pape est le représentant direct du Christ, et que mettre en question le magistère du Pape en matière de morale comme en matière de doctrine, c'est mettre en question l'autorité de Notre-Seigneur lui-même. Les théologiens qui disent non au Pape disent non à Notre-Seigneur lui-même, et plus ils ont de prestige et de moyens de se faire entendre, plus ils font de mal au sein même de l'Église.
Chacun de nous, en tant que baptisé, en tant que confirmé, n'est pas seulement un bénéficiaire des richesses du Christ dispensées par notre Église, mais il en est aussi un Membre responsable. Responsabilité de plus en plus pressante à mesure que l'ennemi, qu'il soit du dehors ou du dedans, redouble ses assauts.
Personne n'est sans moyen pour l'exercice de cette responsabilité. Le premier moyen, accessible à tous, c'est bien la prière. La prière pour la sainte Église, pour notre saint Père le Pape, comme dans le saint Sacrifice de la Messe, doit se faire de plus en plus ardente. L'heure du démon appelle l'heure du chrétien. Redoublons donc de ferveur.
N'oublions pas, non plus, que si l'Église est éminemment sainte dans son Fondateur, dans sa doctrine, dans sa mission, dans son ministère, elle -doit l'être et l'est aussi, niais à des degrés différents, par la sanctification de ses membres. Et ici encore, s'insère la responsabilité de chacun. L'oubli pratique de Dieu au long des jours, parfois des semaines et des mois, quand ce n'est pas l'ordinaire, d'une vie courante tout entière, alors que l'on constate tant d'empressement à la recherche du confort, de distractions, de plaisirs passagers, avec tant d'heures données au lavage des cerveaux par la télévision, ne manifeste guère de sollicitude pour les souffrances de l'Église et du Saint Père. Absence, sommeil, qui risque de devenir un engourdissement total et permanent.
En rappelant les paroles angoissées et angoissantes du Pape, et en citant quelques exemples des causes de cette angoisse, nous avons justement voulu essayer de réveiller ceux qui dorment ou qui somnolent pendant que le Christ agonise dans son Vicaire et dans son Église.