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Mère Yvonne-Aimée de Jésus, messagère de la


           Miséricordieuse Bonté de Jésus, Roi d’Amour



            Yvonne Beauvais (en religion, Soeur                      dès cette date, elle sera attentive à réprimer
        Yvonne-Aimée de Jésus) est née le 16 juillet                   les saillies de son caractère primesautier, à
        1901  à Cossé-en-Champagne,  dans le                            apprendre à beaucoup souffrir en silence.
        département de la Mayenne, en France.                             Car la souffrance allait être la compagne
        Elle est la seconde fille d’Alfred Beau-                           inséparable de la «mission» que Dieu lui
        vais, négociant en vin, et Lucie Brûlé.                            préparait.
            Le père d’Yvonne décède le 17                                       À 14 ans, en Angleterre,  où elle
        octobre 1904;  sa  mère  se  trouve  fi-                            continue ses études, elle prend l’habi-
        nancièrement contrainte de vendre la                                 tude de réciter chaque jour le «Petit
        maison familiale, et confie Yvonne à                                 Office de la Sainte Vierge». À 20 ans,
        ses parents au Mans. La grand-mère                                   elle  s’inscrit à  Paris dans  l’Associa-
        d’Yvonne lui lit la vie des saints, dont                             tion  des Jeunes  Filles  de  Marie  Im-
        l’Histoire d’une âme de sainte Thérè-                                maculée, au service des pauvres.
        se de Lisieux, ouvrage qui la marque                                    En 1921, Yvonne a 20 ans: c’est
        au point qu’elle souhaite ardemment                                 une  jeune  fille rayonnante,  enjouée,
        «devenir une sainte»                                               très artiste, toujours prête à rendre ser-
            Elle a une très tendre dévotion en-                           vice, à la maison ou au dehors, à l’affût
        vers la Sainte Vierge et envers son ange                         constant  des  âmes.  Elle  met  de  la  joie
        gardien, un grand désir, déjà, de l’Eucha-                      partout,  dans les salons où on l’invite  et
        ristie, et une recherche passionnée de «son                   dans la mansarde de ses amis les pauvres.
        Jésus» dans les pauvres. Elle vit, avant la for-              Yvonne tombe malade et, pour achever  sa
        mule, et dès son jeune âge, la «petite voie d’enfance   convalescence, elle arrive, le 18 mars 1922, par une
        spirituelle»  de Thérèse  de  Lisieux, pour qui elle  se   circonstance providentielle, dans une petite  clinique
        prend d’une grande affection.                        que les Chanoinesses Augustines Hospitalières tien-
            À l’âge de 6 ans, elle rejoint sa mère et la suit, à   nent à Malestroit, petite ville dans un coin ignoré du
        Argentan et à Toul, dans les divers pensionnats dont   Morbihan. Le monastère est, à cette époque, l’un des
        celle-ci prend la direction, pour parer au départ des   plus humbles de l’Ordre.
        religieuses enseignantes.                                  Sa mission: une vie de réparation
                       Un pacte d’amour                          Mais c’est le 5 juillet suivant que se produit pour
            À 9 ans, elle fait sa première communion à Paris.   la jeune fille la «révélation» qui fixe son avenir et sa
        Deux jours après, le 1er janvier 1911, elle écrit de son   «mission».
        sang un «Pacte d’amour» avec le «Petit Jésus», en des    À partir de ce jour et jusqu’à sa mort, Yvonne, de-
        termes surprenants pour une enfant de cet âge, et qui   venue, même avant son entrée dans ce couvent com-
        sera, sans qu’elle s’en doute alors, le programme de   me religieuse, Yvonne-Aimée de Jésus, sera l’objet de
        toute sa vie:                                        grâces extraordinaires (Jésus et Marie lui apparaissent
            «Ô mon petit Jésus, je me donne à toi entière-   et conversent avec elle pratiquement tous les jours)
        ment et  pour toujours. Je  voudrai  toujours ce que   mais sera aussi victime des persécutions du démon.
        tu voudras. Je ferai tout ce que tu me diras de faire.   Une vie de réparation pour les pécheurs, pour les
        Je ne vivrai que pour toi. Je travaillerai en silence et,   âmes du purgatoire, et pour les sacrilèges commis
        si  Tu veux,  je  souffrirai  beaucoup en  silence.  Je  te   envers l’Eucharistie, ira se précisant de plus en plus,
        supplie de me faire devenir sainte, une très grande   à tel point qu’elle ne passera plus, dès lors, une seule
        sainte, une martyre.                                 de ses journées ni très souvent de ses nuits, sans être
            Fais-moi être  fidèle  toujours.  Je  veux  sauver   l’objet des exigences de l’Amour Rédempteur.  Elle
        beaucoup d’âmes et t’aimer plus que tout le monde,   n’est toujours aux yeux du monde que la jeune fille
        mais je veux aussi être toute petite, afin de te donner   délicieuse, souriante, dévouée, mais sa prière intime
        plus de gloire. Je veux te posséder, mon petit Jésus,   est maintenant: «Ô Jésus, je me livre pleinement à
        et te rayonner. Je veux n’être qu’à toi mais je veux   vos mystérieuses opérations dans mon âme».
        surtout ta volonté. Ta petite Yvonne.»                   Elle inaugure, pour toute sa vie, une Heure Sainte
            Ce pacte,  elle  le résuma allègrement  plus tard   douloureuse, chaque jeudi de 23 heures à minuit. Elle
        dans la devise qu’elle se choisit: «Tout droit au ser-  est obligée d’avouer: «Je dis toujours oui au Bon Jé-
        vice du Roi Jésus». Mais déjà auparavant, et surtout   sus». Cet acquiescement total exige d’elle un héroïs-


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