Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Voici des extraits de l'audience générale du Pape François sur la Place Saint-Pierre, le 7 juin 2023, alors qu'il donnait sainte Thérèse de Lisieux comme modèle de zèle apostolique :
Chers frères et sœurs, bienvenus, bonjour ! Nous voici devant les reliques de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, patronne universelle des missions. Il est beau que cela se produise durant le moment de notre réflexion sur la passion pour l'évangélisation, sur le zèle apostolique. Aujourd'hui, donc, laissons-nous aider par le témoignage de sainte Thérèse. Elle est née il y a 150 ans et, à l'occasion de cet anniversaire, j'ai l'intention de lui dédier une Lettre Apostolique (voir page 27).
Elle est la patronne des missions, bien qu'elle ne soit jamais partie en mission : comment explique-t-on cela ? Elle était carmélite et sa vie fut marquée par la petitesse et la faiblesse : elle se définissait elle-même comme « un petit grain de sable ». De santé fragile, elle mourut à l'âge de 24 ans seulement. Mais si son corps était infirme, son cœur était vibrant et missionnaire. Dans son « diaire », elle raconte qu'être missionnaire était son désir et qu'elle voulait l'être non seulement pour quelques années, mais pour le reste de sa vie, voire jusqu'à la fin du monde.
Thérèse fut la « sœur spirituelle » de plusieurs missionnaires : depuis le monastère, elle les accompagnait par ses lettres, ses prières et en offrant pour eux des sacrifices continuels. Sans en avoir l'air, elle intercédait pour les missions, cachée comme un moteur qui donne au véhicule la force pour avancer. Cependant, elle fut souvent incomprise par ses sœurs moniales : elle reçut d'elles « plus d'épines que de roses », mais elle accepta tout avec amour, avec patience, offrant, en même temps que sa maladie, les jugements et les incompréhensions. Et elle le fit avec joie, et elle le fit pour les besoins de l'Église, afin que, comme elle disait, se répandent « des roses sur tous », en particulier sur les plus éloignés.
Mais maintenant, je me demande, nous pouvons nous demander, d'où lui viennent ce zèle, cette force missionnaire et cette joie d'intercéder ? Un épisode survenu avant l'entrée de Thérèse au monastère nous aident à le comprendre. Il concerne le jour qui changea sa vie, Noël 1886, où Dieu opère un miracle dans son cœur. Thérèse aura bientôt 14 ans. En tant que benjamine, elle est choyée par tout le monde à la maison mais non pas mal éduquée. Au retour de la messe de minuit, son père, très fatigué, n'a pas envie d'assister à l'ouverture des cadeaux de sa fille et dit : « Dieu merci, c'est la dernière année ! », parce qu'à l'âge de 15 ans, on ne le faisait déjà plus. Thérèse, de nature très sensible et prompte aux larmes, en fut blessée, monta dans sa chambre et pleura. Mais elle réprima rapidement ses larmes, redescendit et, pleine de joie, ce fut elle qui réjouit ainsi son père.
Que s'est-il donc passé ? Cette nuit-là, alors que Jésus s'était fait faible par amour, elle était devenue forte dans son âme — un vrai miracle : en quelques instants, elle était sortie de la prison de son égoïsme et de son apitoiement sur elle-même et elle commença à sentir que « la charité entrait dans son cœur, avec le besoin de s'oublier elle-même ». Dès lors, elle oriente son zèle vers les autres, pour qu'ils trouvent Dieu, et au lieu de chercher des consolations pour elle-même, elle se donne pour tâche de « consoler Jésus, [de] le faire aimer des âmes »... Elle écrit : « Je voudrais sauver les âmes et m'oublier pour elles : je voudrais les sauver même après ma mort » (Lettre à l'abbé Roullan, 19 mars 1897). Plusieurs fois, elle dira : « Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre ». C'est le premier épisode qui a changé sa vie à l'âge de 14 ans.
Frères et sœurs, voilà la force de l'intercession mue par la charité, voilà le moteur de la mission. Les missionnaires, en effet, dont Thérèse est la patronne, ne sont pas seulement ceux qui parcourent de longues distances, apprennent de nouvelles langues, font de bonnes œuvres et sont doués pour l'annonce ; non, missionnaire l'est aussi celui qui vit, là où il se trouve, comme instrument de l'amour de Dieu ; c'est celui qui fait tout pour que, par son témoignage, sa prière, son intercession, Jésus soit manifesté.
Et c'est le zèle apostolique qui, rappelons-le toujours, ne procède jamais par prosélytisme ou par contrainte, mais par attraction : la foi naît par attraction, on ne devient pas chrétien parce qu'on y est forcé par quelqu'un, non, mais parce qu'on est touché par l'amour. Avant tant de moyens, de méthodes et de structures, qui parfois détournent de l'essentiel, l'Église a surtout besoin de cœurs comme celui de Thérèse, de cœurs qui attirent à l'amour et rapprochent de Dieu. Et demandons à la sainte — dont nous avons les reliques ici — demandons à la sainte la grâce de surmonter notre égoïsme et demandons la passion d'intercéder, d'intercéder pour que cet attrait soit plus grand chez les gens et pour que Jésus soit connu et aimé.