Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Dans la province de Québec comme dans les territoires du Nord-Ouest, les écoles et les hôpitaux ont été fondées par les communautés religieuses. Le gouvernement s’est institué lui-même professeur et médecin en instituant des écoles d’État et des hôpitaux d’État. Il a donc pris le contrôle de l’enseignement et de la médecine, alors que ces domaines ne relèvent pas de sa compétence. Le gouvernement a volé les écoles aux parents et les hôpitaux aux communautés religieuses qui les avaient fondés à coup de sacrifices. Nous aimons reproduire un article écrit par notre regrettée Mme Gilberte Côté-Mercier qui est toujours à point:
Le Crédit Social est tout ce qu’il y a de plus contraire au socialisme. Les hôpitaux et les écoles d’État c’est du socialisme.
Socialisme veut dire contrôle des gouvernements sur les individus, ingérence de l’État dans les affaires privées des particuliers, abolition de la propriété et de l’entreprise privée, conscription de la production, de la consommation et des, personnes.
Le socialisme, c’est la dictature. C’est un pouvoir indu de l’État. C’est le gouvernement qui se mêle de ce qui ne le regarde pas.
La fonction légitime des gouvernements s’appelle fonction supplétive, c’est-à-dire celle qui se limite à faire ce que les individus, les familles, les groupes privés ne peuvent pas faire eux-mêmes. Quand l’État passe outre à ce pouvoir supplétif, l’État pratique l’abus de pouvoir, l’État n’est plus un gouvernement légitime, mais il devient une dictature.
«Oui, mais, justement, va-t-on dire, quand les citoyens ne sont ‘plus capables tout seuls, il faut bien que l’État s’en mêle».
— Encore faudrait-il prouver que les citoyens ne sont plus capables tout seuls. Et en plus il faudrait dire pourquoi les citoyens ne sont pas capables tout seuls.
Ce fut l’argument dans le cas des écoles: les parents n’étaient pas capables de payer leurs écoles, le gouvernement a dit qu’il paierait l’enseignement, mais pour payer l’enseignement il fallait qu’il contrôle l’enseignement. Et c’est ainsi que les écoles furent volées aux parents par le gouvernement, et les droits des parents sur les enfants effrontément violés par l’État.
Et comme l’État n’est pas bon maître d’école, qu’il ne peut pas accomplir une chose pour laquelle il n’a pas la grâce de la nature, le résultat est tout ce qu’il y a de plus pitoyable: les enfants sont mal élevés, instruits d’une fausse science, et ne sont plus bons qu’à contester toute autorité pour ensuite démolir la société. Des enfants sans foi ni loi sortent de ces écoles.
Voilà ce que le gouvernement a fait avec ses écoles d’État. L’État n’est pas un maître d’école par nature. Et il ne peut l’être par mandat. Seuls les parents et leurs délégués, choisis par eux et surveillés, peuvent accomplir ce rôle. Et quand l’État se mêle de se constituer maître d’école, l’État usurpe des droits aux parents, l’État est dictateur, l’État décrète la conscription des enfants et des parents.
Il en fut de même dans notre province, pour les hôpitaux. L’État a volé les hôpitaux aux religieuses, il leur a volé la propriété de leurs hôpitaux et l’administration des hôpitaux. Et l’État a volé les hôpitaux au public, qui avait payé de ses aumônes ces institutions de charité.
Un contrôle tyrannique a chassé les saintes communautés des hôpitaux qui, depuis des siècles, préparaient les mourants à passer dans l’éternité. En même temps, saccage de statues de saints qui aidaient les malades à supporter leurs souffrances et à se préparer à la mort; transformation des chapelles d’hôpital en laboratoires; les confesseurs prêtres sont remplacés par des psychologues et psychiatres sans foi ni morale, etc. On y pratique l’avortement et on y prêche l’euthanasie. Voilà ce que les hôpitaux d’État font.
Nous avons eu des écoles et des hôpitaux d’État sous prétexte que les citoyens n’étaient plus capables de payer leurs écoles et leur hôpital.
Et l’État, lui, quand il paye, où prend-il son argent ? Dans le portefeuille des mêmes citoyens. Et l’État en prend davantage car il prend en plus des coûts réels des écoles et des hôpitaux, il prend le coût de l’administration du gouvernement qui est plus fort que le coût réel, ce qui fait plus que doubler les frais. Ainsi, les citoyens peuvent payer, trois, quatre fois plus cher quand c’est l’État qui administre les écoles et les hôpitaux.
Le gouvernement qui s’attribue des fonctions de médecin n’est pas plus à son rôle que lorsqu’il se déclare maître d’école ou administrateur d’hôpital.
Le gouvernement n’a rien à voir dans tout cela, parce que les citoyens sont capables d’y voir eux-mêmes, soit individuellement, soit en groupes privés. Que le gouvernement se contente de son rôle supplétif. Sans ce-la, le gouvernement cesse d’être légitime dans ses fonctions.
«Vous dites que les citoyens sont capables de voir à leurs hôpitaux et leur santé eux-mêmes?» Oui, je le dis, les citoyens sont capables de payer et d’administrer tout cela eux-mêmes. Mais, à la condition que des voleurs ne continuent pas de voler nos biens par le truchement de la dictature bancaire; à la condition que l’État enlève aux banques leur pouvoir sur le volume de l’argent, et que l’État institue un système de crédit social dans lequel l’argent sera proportionné aux biens possibles d’être produits, et par lequel l’argent sera distribué aux consommateurs, à tous les consommateurs par un escompte sur les prix et par un dividende social.
Nous ne voulons pas de ces écoles et hôpitaux dits gratuits mais qui coûtent cher en taxes et en impôts. C’est un dividende, une assurance porte-monnaie qu’il faut.
Le Crédit Social réclame un dividende social et mensuel pour chacun. Si chaque citoyen recevait, par exemple, un dividende social de $900 par mois, le problème des écoles, des hôpitaux et des médecins à payer serait réglé.
Une famille de 5 enfants, plus le père et la mère, recevrait $6300 par mois de dividende social. Est-ce que cette famille ne pourrait pas avec cela, payer l’instruction de ses enfants dans des institutions privées, payer l’hospitalisation quand çà se présente, et payer les soins des médecins requis ? Bien sûr ! Sans compter que les familles pourraient se servir des assurances privées quand elles le voudraient.
C’est l’assurance porte-monnaie que nous réclamons en même temps que l’abolition de toute autre assurance d’État.
L’assurance porte-monnaie, messieurs du gouvernement ! Un dividende social, non pas pris dans les taxes, mais dans un système bancaire social et non pas un système bancaire voleur comme celui qui nous régit actuellement.
L’Assurance santé d’État, c’est du socialisme. L’assurance porte-monnaie, c’est le Crédit Social. Les assurances d’État font la conscription des individus et de leurs porte-monnaie. Le dividende du Crédit Social accomplirait la libération de tous les individus. Vraie liberté avec le Crédit Social. Esclavage avec le socialisme des assurances d’État.
Et puis, établir le Crédit Social, voilà la fonction de l’État, la première fonction d’un souverain étant de voir à ce que l’argent, dans le pays, soit en proportion avec la production et les besoins dans le pays, selon un axiome du grand saint Louis, roi de France.
Gouvernements du Québec et d’Ottawa, abandonnez le socialisme des assurances d’État et tournez-vous vers la liberté du Crédit Social.