Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Nous reproduisons aussi, une partie d'une autre interview de Son Éminence le Cardinal Marc Ouellet. Les paragraphes en noir sont les réponses de M. le Cardinal :
PL - Parlons maintenant du débat sur les accommodements raisonnables qui occupent une place importante au Québec depuis plusieurs semaines déjà, jusqu'à maintenant, l'Église catholique s'était peu prononcée sur le sujet. Monseigneur Marc Ouellet est avec nous pour en discuter.
Monseigneur Ouellet, bienvenue, vous avez regardé tout ce qui se dit, tout ce qui s'est fait, et vous faites une sortie ce matin, vous étiez un peu en colère ce matin, vous avez des choses à dire sur ce qui se passe au Québec, en ce moment.
MO - Moi, je suis inquiet pour l'avenir de la liberté religieuse de la majorité. On a fait des concessions dans des cas précis pour les minorités, et puis à partir de septembre 2008, les catholiques, les protestants perdent leur droit de choisir la religion à l'école.
Et ça c'est la loi 95. Il y a eu étude de cette loi, des parents qui ont dit : on aimerait que ça continue (les cours de religion). Le gouvernement dit non. Donc à partir de 2008, l'éducation religieuse, comme on l'a connue, sort des écoles.
C'est-à-dire qu'il reste quelque chose d'enseignement religieux à l'école, mais c'est quelque chose exclusivement contrôlé par l'État. Donc il n'y a plus de liberté de choix pour les parents, de choisir entre le cours de l'État, ou un cours de religion catholique ou protestante, ou d'un cours d'une autre religion.
PL Alors vous, vous demandez de ne pas mettre en application cette loi ou d'y réfléchir davantage et de ramener ces cours pour les catholiques comme pour d'autres religions aussi.
MO Exactement, moi je dis qu'il nous faut respecter le droit premier des parents de choisir ce qui doit être enseigné à leurs enfants au point de vue religieux. Et que l'État ne peut pas se substituer à ce droit premier des parents.
PL -Ce qu'on dit à l'école, ce qu'on dit dans les documents que j'ai vus, c'est ce que vous craignez aussi, vous en avez plein les bras à l'église, vous n'avez plus le temps d'enseigner comme avant, il y a un manque de prêtres, donc vous voulez absolument que ça retourne à l'école parce que les parents avec leur train de vie n'ont plus le temps de parler de religion, on pratique moins aussi, il y a moins de monde dans les églises.
MO - C'est-à-dire, au Québec, notre tradition depuis les origines, c'est que les connaissances religieuses sont transmises à l'école mais dans l'esprit de l'Église catholique ou protestante, il y a une protection pour cela. Et si cela ne se fait plus à l'école, il faut se réorganiser complètement en dehors de l'école. Ce qui veut dire qu'il va falloir faire les cours, inviter les fins de semaine les parents qui sont déjà surchargés avec le travail et la famille.
PL -Les parents n'auront pas le temps d'y aller à ces cours. Est-ce que vous pensez avoir une écoute du gouvernement ? Est-ce que, on l'a votée cette loi, on l'a étudiée, est-ce qu'il y a une certaine écoute en ce moment ?
MO Il n'y a pas eu de débat sur la décision du gouvernement, il n'y a pas eu de débat. Je crois que le gouvernement devrait suspendre pour le moment l'application de la loi. Attendre les résultats de la commission Bouchard-Taylor, pour voir comment la population réagit et je crois que les catholiques et les protestants, enfin ceux qui appartiennent à des groupes religieux, ou à des églises, doivent se manifester maintenant, prendre conscience qu'ils perdent leur droit de choisir et qu'on leur impose non seulement dans les écoles publiques, mais aussi dans les écoles privées, le cours d'État sur l'éthique et la culture religieuse. Je crois que c'est une attaque à la liberté religieuse. Moi je suis en faveur du respect de la liberté religieuse.
PL - Vous dites : Il y a encore 80% de catholiques, il faut rester en place ce que nous avons instauré, mais donner au 20% des autres.
MO - C'est-à-dire, il faut améliorer ce qui existe actuellement. Actuellement, nous ne sommes pas satisfaits de la manière dont la religion catholique est enseignée à l'école. II faut que l'Église ait un contrôle sur le contenu et sur les intervenants dans les cours qui sont donnés à l'école.
par Paul Larocque, 12 février 2007
PL. Donc vous demandez votre arrangement raisonnable ?
Card. Je demande un accommodement ou un arrangement pour la majorité. On a donné des accommodements raisonnables à des minorités ou à des individus alors il faut que la majorité, il y a encore 80% ou plus de 80% de la population qui est encore soit catholique soit protestant, je crois qu'on doit tenir compte de cette majorité quand on prend des décisions législatives pour la transmission des valeurs et d'une culture. Notre tradition a été constitué par deux piliers, la culture française et la foi catholique. Je crois que si l'on supprime un de ces deux piliers, eh bien ! on n'a pas d'avenir, ça c'est mon diagnostic sur la société québécoise. Si la foi catholique ne conserve pas ses institutions et ses moyens de transmission, je crois que nous mettons en danger l'avenir de notre culture en Amérique du nord.