Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Il faut se garder de céder à la tentation d’idolâtrer l’argent. Cela signifierait affaiblir notre foi et courir ainsi le risque de s’habituer au piège de convoitises insensées et funestes, qui peuvent faire courir à l’homme le risque de plonger dans la ruine et la perdition. C’est ce que soulignait le Pape François dans son homélie lors de la messe célébrée à la Maison Sainte-Marthe, le vendredi 20 septembre 2013:
«Jésus, a dit le Saint-Père en commentant les lectures, nous avait dit clairement et également définitivement, que l’on ne peut servir deux seigneurs: on ne peut servir Dieu et l’argent. Entre les deux, il y a quelque chose qui ne va pas. Il y a quelque chose dans l’attitude d’amour à l’égard de l’argent qui nous éloigne de Dieu».
Et, en citant la première lettre de saint Paul à Timothée (6, 2-12), «l’amour de l’argent est la racine de tous les maux»), le Pape a dit: «Ceux qui veulent amasser des richesses, ils tombent dans la tentation, dans le piège, dans une foule de convoitises insensées et funestes, qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition ». En effet, l’avidité «est la racine de tous les maux. Pris par ce désir, certains se sont détournés de la foi et se sont procurés de nombreux tourments. Le pouvoir de l’argent qui te détourne de la foi pure est grand. Il te prend la foi, l’affaiblit, et toi tu la perds».
L’argent envenime la pensée et la foi et nous fait prendre un autre chemin. De l’idolâtrie de l’argent nait l’orgueil, «qui fait que nous ne comprenions rien et nous rend maniaques de questions oiseuses et de discussions inutiles». Saint Paul va plus loin, en ajoutant que c’est de cette idolâtrie de l’argent «que naissent les jalousies, les litiges, les commérages, les mauvais soupçons, les conflits d’hommes corrompus dans l’esprit et privés de la vérité qui considèrent la religion comme une source de profit».
L’Évêque de Rome s’est ensuite référé à ceux qui disent: «Je suis catholique, je vais à la messe, parce que cela me donne un certain statut. Je suis bien considéré... mais en cachette, je continue de travailler pour mes propres intérêts, n’est-ce pas? Je cultive l’argent.» À ce propos, le Pape rappelle que Paul utilise un terme particulier, que «nous trouvons souvent, très souvent sur les journaux: des hommes à l’esprit corrompu! L’argent corrompt! Il n’y a pas d’autre issue. Si vous choisissez ce chemin de l’argent, à la fin, vous serez un corrompu. L’argent a ce pouvoir séducteur de vous entraîner lentement vers votre perdition. C’est pourquoi Jésus est tellement catégorique: vous ne pouvez servir Dieu et l’argent. Vous ne pouvez pas: c’est soit l’un, soit l’autre. Et ce n’est pas du communisme, c’est l’Évangile pur! Ce sont les paroles de Jésus!»
Mais «qu’arrive-t-il donc avec l’argent?» s’est demandé le Pape. «L’argent t’offre un certain bien-être: les choses marchent, tu te sens un peu important et puis arrive la vanité. Nous l’avons lu dans le psaume 48: cette vanité apparaît. Cette vanité qui ne sert pas, mais tu te sens une personne importante». Vanité, orgueil, richesse: c’est ce dont se vantent les hommes décrits dans le psaume: ceux qui «se fient à leur force, et se vantent de leur grande richesse».
Mais alors, quelle est la vérité? La vérité, a expliqué le Pape, est que «personne ne peut se racheter soi-même, ni payer à Dieu son propre prix. Le rachat d’une vie serait trop cher. Personne ne peut se sauver avec l’argent », même si la tentation est forte de suivre «la richesse pour se sentir fier, la vanité pour se sentir important, et à la fin, l’orgueil et la vanité».
Certains diront: «Mais, Père, je lis les Dix Commandements, et aucun ne parle de l’argent en mal. Contre quel Commandement pêche-t-on quand nous œuvrons pour l’argent?» Contre le premier! («Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi», Exode 20, 3). C’est le péché d’idolâtrie. Voilà pourquoi: parce que l’argent devient ton idole et tu lui offre un culte. Et pour cette raison, Jésus nous dit: Tu ne peux servir à la foi l’idole de l’argent et le Dieu vivant. Ou c’est l’un, ou c’est l’autre».
Les premiers Pères de l’Église — je parle du troisième siècle, plus ou moins 200 ou 300 ans après Jésus-Christ — disaient cette parole forte: «l’argent est le crottin du diable.» Et c’est bien vrai, parce que l’argent nous rend idolâtres, remplit nos esprits d’orgueil, nous rend maniaques de questions oiseuses et nous éloigne de la foi. L’argent corrompt.
«L’apôtre saint Paul nous dit plutôt de lutter pour la justice, la piété, la foi, la charité, la patience et la douceur. C’est le chemin de Dieu, et non pas celui du pouvoir idolâtre que l’argent peut donner. C’est le chemin de l’humilité du Christ Jésus, qui de sa richesse est devenu pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté. C’est la façon de servir Dieu. Et que le Seigneur nous aide tous à ne pas tomber dans le piège de l’idolâtrie de l’argent.»