Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Nous aimons citer l’enseignement de l’Église en matière de l’éducation qui nous rappelle que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants:
Sa Sainteté Pie XI |
Dans l’ordre naturel, Dieu communique immédiatement à la famille la fécondité, principe de vie, donc principe du droit de former la vie, en même temps que l’autorité, principe d’ordre.
Le Docteur angélique, saint Thomas d’Aquin dit, avec son habituelle clarté de pensée et sa précision de style:
«Le père selon la chair participe d’une manière particulière à la notion de principe qui dans son universalité se trouve en Dieu... Le père est principe de la génération de l’éducation et de la discipline et de tout ce qui se rapporte au perfectionnement de la vie humaine.»
La famille reçoit donc immédiatement du Créateur la mission, et conséquemment le droit de donner l’Éducation à l’enfant, droit inaliénable parce qu’inséparablement uni au strict devoir corrélatif, droit antérieur à n’importe quel droit de la société civile et de l’État, donc inviolable par quelque puissance terrestre que ce soit.
De cette inviolabilité, le Docteur angélique donne la raison:
«Le fils, en effet, est par nature quelque chose du père; il s’ensuit que, de droit naturel, le fils, avant l’usage de la raison est sous la garde de son père. Ce serait donc aller contre la justice naturelle si l’enfant, avant l’usage de la raison, était soustrait aux soins de ses parents, ou si l’on disposait de lui en quelque façon contre leur volonté.»
Et puisque les parents ont l’obligation de donner leurs soins à l’enfant jusqu’à ce que celui-ci soit en mesure de se suffire, il faut admettre qu’ils conservent aussi longtemps le même droit inviolable sur son éducation.
«La nature, en effet, poursuit le Docteur angélique, ne vise pas seulement à la génération de l’enfant, mais aussi à son développement et à son progrès pour l’amener à l’état parfait de l’homme en tant qu’homme, c’est-à-dire à l’état de vertu.»
Partant, la sagesse juridique de l’Église s’exprime-t-elle sur ce sujet avec précision, clarté et entière plénitude de sens dans le Code du Droit canonique:
“Les parents ont la très grave obligation de veiller, selon tout leur pouvoir, à l’éducation tant religieuse et morale que physique et civique de leurs enfants; ils doivent aussi pourvoir à leur bien temporel”.
Chez l’humanité, le sens commun est tellement unanime sur ce point que tous ceux qui osent soutenir que l’enfant, avant d’appartenir à la famille, appartient à l’État, et que l’État a sur l’éducation un droit absolu, se mettent en contradiction ouverte avec lui.
D’ailleurs, la raison que ceux-ci mettent en avant, à savoir que l’homme naît d’abord citoyen, et pour ce motif appartient d’abord à l’État, est insoutenable. Ils ne réfléchissent pas, en effet, que l’homme avant d’être citoyen doit exister, et que cette existence il ne la reçoit pas de l’État, mais de ses parents.
«Les fils sont quelque chose du père, comme une extension de la personne paternelle; et pour parler en toute exactitude, ils entrent dans la société civile non par eux-mêmes immédiatement, mais par l’intermédiaire de la communauté domestique dans laquelle ils sont nés.» (Encyclique Rerum. Novarum, de Léon XIII, 15 mai 1891).
Ainsi donc, dit encore Léon XIII dans la même encyclique:
«Le pouvoir du père est de telle nature qu’il ne peut être supprimé ni absorbé par l’État, parce qu’il a avec la vie humaine elle-même un principe commun.»
Il ne suit pas de là que le droit à l’éducation des enfants soit chez les parents absolu ou arbitraire, car il reste inséparablement subordonné à la fin dernière et à la loi naturelle et divine, comme le déclare Léon XIII encore dans une autre mémorable encyclique sur les «principaux devoirs des citoyens», où il donne en résumé la somme des droits et des devoirs des parents:
«De par la nature les parents ont le droit de former leurs enfants, mais ils ont en plus le devoir de mettre leur instruction et leur éducation en parfait accord avec la fin pour laquelle ils les ont reçus par un bienfait de Dieu.
«Les parents doivent donc employer toutes leurs forces et une persévérante énergie à repousser tout genre d’injustice en cet ordre de chose, à faire connaître d’une manière absolue, le droit qu’ils ont d’élever leurs enfants chrétiennement, comme c’est leur devoir, et le droit surtout de les refuser à ces écoles dans lesquelles il y a péril qu’ils ne boivent le funeste poison de l’impiété.»
Ce droit incontestable de la famille a été plusieurs fois reconnu juridiquement par des nations qui ont souci de respecter le droit naturel dans leur organisation civile.
Ainsi pour citer un exemple, la Cour Suprême de la République des États-Unis tranchait une très grave controverse en déclarant:
«L’État n’a nullement le pouvoir général d’établir un type uniforme d’éducation pour la jeunesse, en la contraignant à recevoir l’instruction seulement dans les écoles publiques.»
Et la Cour Suprême en donne la raison de droit naturel:
“L’enfant n’est pas une simple créature de l’État; ceux qui l’élèvent et le dirigent ont le droit et en même temps l’important devoir de le former et de le préparer à l’accomplissement de ses autres obligations”