Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
L'Année du Rosaire s'est terminée à la fin du mois d'octobre 2003. Le 29 octobre 2003, à l'audience générale du mercredi, au Vatican, Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II a demandé aux familles "de retourner à la magnifique coutume de réciter le Rosaire" dans leur foyer comme le faisaient les familles d'autrefois. Il a redit cette maxime : "La famille qui prie reste unie" (Rosarium Virginis Mariae, n. 41).
Le Vicaire du Christ a accueilli une famille de huit enfants à cette audience du 29 octobre. Il a voulu ainsi montrer son admiration envers les familles nombreuses et les encourager. Nous voulons ici citer des extraits du livre « Mariage et Famille » de son Excellence Mgr Tihamer Toth, traduit du Hongrois par l'abbé Marcel Grandclaudon. Mgr Tihamer démontre que "la vraie famille a deux caractéristiques : premièrement, elle respecte l'enfant, deuxièmement, elle donne l'éducation à l'enfant" :
Pour des parents religieux c'est toujours une joie, quand un enfant arrive dans la famille ; une joie, car ils se rappellent la merveilleuse promesse faite jadis par Notre-Seigneur Jésus-Christ et dont la divine mélodie résonne sans cesse à leurs oreilles, à chaque heure difficile, à chaque nuit passée sans dormir, à chaque minute de sacrifice :
"Celui qui recevra en mon nom un petit enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il recevra" (S. Matthieu, XVIII, 5).
Existe-t-il pour les parents une promesse plus consolante, plus réconfortante que celle de la venue de Notre-Seigneur, chaque fois qu'un nouvel enfant entre dans la famille ?
Ne craignez donc pas, si vous avez plus d'enfants. Ne craignez pas pour cela d'être un peu gênés. Car le cœur des parents est comme un foyer brûlant ; plus on y met du combustible plus il brûle. Le cœur de celui qui n'a pas d'enfant reste froid. Le premier enfant allume la première flamme d'amour chez les parents ; chaque nouvel enfant l'accroît et la ranime de plus en plus.
Le christianisme a toujours entouré l'enfant d'un respect particulier. Il le regarde comme une « chose sainte » et une « bénédiction divine » et, comme nous allons le voir, à juste titre.
L'enfant est saint pour ses parents : il est non seulement le soutien et l'aide de ses parents dans leur vieillesse, mais aussi la continuation terrestre de leur vie qui s'incline vers la tombe. L'enfant est saint aux yeux de la nation : son étoile grandit avec une jeunesse robuste, avertie et chaste ou bien son avenir disparaît avec une jeunesse légère et frivole.
L'enfant est saint aux yeux de l'Église : il donne sans cesse des nouveaux membres à l'Église du Christ et par eux la lumière de l'Évangile se répand sur la terre. L'enfant est saint aux yeux de Notre-Seigneur Jésus-Christ : avec quel amour il l'a toujours regardé et avec quelle tendresse il lui a donné sa bénédiction.
Mais dans la langue du peuple chrétien, l'enfant n'est pas seulement une « chose sainte », il est aussi « une bénédiction divine », ce sont justement les petites mains sans force de l'enfant qui soudent le plus solidement les liens de la famille.
Quoi qu'il arrive dans la famille : événements joyeux ou tristes, quoi que disent ou jugent les parents, quoi qu'ils projettent ou fassent, derrière tout cela rayonnent la recherche et l'accomplissement de la sainte volonté de Dieu.
On ne saurait jamais répéter avec assez d'insistance que l'éducation de l'enfant est le premier devoir des parents. Oui, cette tâche éducatrice coûte de grands sacrifices, mais aussi quelles joies l'accompagnent ! Qu'est-ce qui donne aux parents cette joie, ce bonheur et cette paix, pendant qu'ils élèvent, nourrissent, protègent et instruisent leurs enfants ? La pensée qu'ils accomplissent ainsi leur plus saint devoir, devoir qui repose sur la loi naturelle et la loi divine. Mais si, après l'accomplissement de n'importe quel devoir, nous éprouvons un sentiment de satisfaction, ce sentiment s'accroît à la mesure de cette obligation dont dépendent les intérêts primordiaux de notre destinée terrestre et éternelle, de la race humaine, de la nation et de l'Église.
Il faut commencer l'éducation de l'enfant dès le premier instant de sa vie terrestre, et même - déjà avant sa vie terrestre. La responsabilité des parents... commence dès leur propre jeunesse, en leur faisant passer cette partie de leur vie dans la voie de la vertu... Quelle bénédiction représente pour leurs futurs enfants et petits-enfants la jeunesse des parents passée dans la pureté morale et quelles conséquences fatales produit la jeunesse passée dans la légèreté et l'immoralité !
Dès l'instant où l'eau du baptême a touché le front du nouveau-né, le Christ dépose dans son âme le germe de la vie surnaturelle et le devoir grandiose des parents, leur véritable vocation sacerdotale, est d'amener cette vie chrétienne naissante à son plein épanouissement par leur amour d'éducateur. Et cette tâche doit être commencée dès un âge où ni l'école ni l'Église n'ont prise sur l'enfant.
L'expérience montre que c'est la mère qui est la plus capable d'exercer une action éducatrice, donc pour chaque enfant, la première et la plus précieuse éducatrice, c'est la mère de famille.
L'Ancien Testament déjà fournit des exemples inoubliables de la mère de famille idéale. Il suffira peut-être d'en citer un seul.
Vers 166 avant Jésus-Christ retentirent sur les lèvres d'une mère héroïque des paroles qui ne pourront jamais être oubliées, tant qu'un homme vivra sur la terre. Elles ne le seront pas, car la Sainte Écriture leur donne une existence perpétuelle.
Il est question de la mère héroïque des Macchabées dont les sept enfants furent mis à mort par un tyran, à cause de leur fidélité aux lois de la religion. L'un après l'autre, ils moururent au milieu des plus affreux supplices sous les yeux de leur mère. Ils auraient pu y échapper, s'ils avaient renié leur foi, pas un seul le fit. Et lorsque le plus jeune fut mis à la torture, sa mère encouragea son fils inondé de sang en lui adressant ces paroles sublimes : "Je t'en conjure, mon enfant, regarde le ciel et la terre et tout ce qu'ils contiennent, et sache que Dieu les a créés de rien et que la race des hommes est ainsi arrivée à l'existence. Ne crains pas ce bourreau, mais sois digne de tes frères." (II Macchabées, VII, 28-29). Ainsi mourut le plus jeune enfant et après lui aussi sa mère, mais ils n'avaient pas trahi leur foi.
Mais si l'Ancien Testament déjà pouvait produire de telles mères idéales, quelle doit être alors l'image de la mère de famille chrétienne devant qui rayonne comme idéal l'exemple sublime de l'Immaculée Mère de Dieu ! Car, depuis que la Sainte Vierge a porté dans ses bras l'Enfant-Dieu, chaque mère de famille porte une couronne invisible. Une couronne plus belle que tous les diamants. Une couronne digne d'une plus grande vénération que toute décoration terrestre. Une couronne qui répand une beauté merveilleuse sur le visage de celle qui la porte. Mais une couronne qui ressemble souvent aussi à la couronne d'épines de Notre-Seigneur.