Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Texte tiré du journal du Vatican, l'Osservatore Romano, 16 mai 2000 :
Dans la matinée du samedi 13 mai 2000, le Pape Jean-Paul II a présidé une célébration eucharistique sur l'esplanade devant le Sanctuaire de Notre-Dame du Rosaire à Fatima, au cours de laquelle il a béatifié les pastoureaux François et Jacinthe Marto. Au cours de la cérémonie, le Saint-Père a prononcé l'homélie suivante :
1. « Je te bénis, Père, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25).
Chers frères et sœurs, avec ces paroles, Jésus loue le Père céleste pour ses desseins ; Il sait que personne ne peut venir à Lui si le Père ne l'attire pas (cf. Jn 6, 44), c'est pourquoi il loue son dessein et y adhère filialement : « Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir » (Mt 11, 26). Il t'a plu d'ouvrir ton Royaume aux tout-petits.
Selon le dessein divin, « une femme vêtue de soleil » (Ap 12, 1) est venue du Ciel sur cette terre, à la recherche des tout-petits préférés du Père. Elle leur parle avec une voix et un cœur de mère elle les invite à s'offrir comme victimes de réparation, se disant prête à les conduire, de façon sûre, jusqu'à Dieu. Et voilà que ces derniers voient sortir de ses mains maternelles une lumière qui pénètre en eux, si bien qu'ils se sentent plongés en Dieu comme lorsqu'une personne - expliquent-ils eux-mêmes – se contemple dans un miroir.
Plus tard, François, l'un des trois enfants choisis, observait : « Nous brûlions dans cette lumière qui est Dieu et nous ne nous consumions pas. Comment Dieu est-il ? On ne peut pas le dire. Cela est certain, nous ne pourrons jamais le dire », Dieu est une lumière ardente mais qui ne consume pas. Ce fut la même perception qu'eût Moïse, lorsqu'il vit Dieu dans le buisson ardent ; à cette occasion Dieu lui parla, se disant inquiet pour l'esclavage de son intermédiaire : « Je serai avec toi. » (cf. Ex 3, 2-12). Ceux qui accueillent cette présence deviennent demeure et, en conséquence, « buisson ardent » du TrèsHaut.
2. Ce qui émerveillait davantage le bienheureux François et le pénétrait était Dieu dans cette lumière immense qui les avait rejoints tous les trois dans la profondeur de leur être. Ce n'est qu'à lui, cependant, que Dieu se fit connaître « si triste », comme il disait. Une nuit, son père l'entendit sangloter et lui demanda pourquoi il pleurait ; son fils répondit : « Je pensais à Jésus qui est si triste à cause des péchés que l'on accomplit contre Lui ». Un unique désir - si caractéristique de la façon de penser des enfants - fait désormais agir François et c'est celui de « consoler Jésus et de faire en sorte qu'il soit content ».
Il s'opère dans sa vie une transformation que l'on pourrait qualifier de radicale ; une transformation certainement peu commune pour un enfant de son âge. Il s'engage dans une vie spirituelle intense, avec une prière si assidue et fervente qu'il rejoint une véritable forme d'union mystique avec le Seigneur. C'est précisément cela qui le pousse à une purification croissante de l'esprit, grâce à de nombreuses renonciations à ce qui lui plaît et même aux jeux innocents des enfants.
François endura les grandes souffrances causées par la maladie, dont il mourut ensuite, sans jamais se plaindre. Rien ne lui semblait suffire pour consoler Jésus ; il mourut avec le sourire aux lèvres. Le désir était grand chez cet enfant de réparer les offenses des pécheurs, en offrant dans ce but l'effort d'être bon, les sacrifices, la prière. Jacinthe, sa sœur plus jeune que lui de presque deux ans, vivait également animée par les mêmes sentiments.
3. « Puis un second signe apparut au ciel : un énorme dragon » (Ap 12, 3).
Ces paroles que nous avons entendues dans la première lecture de la Messe nous incitent à penser à la grande lutte entre le bien et le mal, ainsi qu'à constater comment l'homme, en mettant Dieu de côté, ne peut pas atteindre le bonheur, et finit même par se détruire.
Combien de victimes au cours du dernier siècle du second millénaire ! La pensée se tourne vers les horreurs des deux « grandes guerres » et celles des autres guerres dans tant de parties du monde, vers les camps de concentration et d'extermination, les goulags, les purifications ethniques et les persécutions, le terrorisme, les enlèvements de personnes, la drogue, les attentats contre la vie à naître et la famille.
Le message de Fatima est un rappel à la conversion, en faisant appel à l'humanité afin qu'elle ne joue pas le jeu du « dragon », qui avec la « queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre » (Ap 12, 4). Le dernier objectif de l'homme est le Ciel, sa véritable maison où le Père céleste, dans son amour miséricordieux, est en attente de tous. : :Dieu désire que : personne ne se perde ; c'est pourquoi, il y a deux mille ans, il a envoyé son Fils sur la terre pour « chercher et sauver ce qui était perdu » (lc 19,
10). Il nous a sauvés par sa mort sur la croix. Que personne ne rende cette Croix vaine ! Jésus est mort et ressuscité pour être « l'aîné d'une multitude de frères » (Rm 8, 29).
Dans sa sollicitude maternelle la Très Sainte Vierge est venue ici, à Fatima, pour demander aux hommes de « ne plus offenser Dieu, Notre Seigneur, qui est déjà très offensé ». C'est la douleur d'une mère qui l'oblige à parler ; le destin de ses enfants est en jeu. C'est pourquoi elle demande aux pastoureaux : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs : tant d'âmes finissent en enfer parce que personne ne prie et ne se sacrifie pour elles ».
Jacinthe convertit les pécheurs
4. La petite Jacinthe a partagé et vécu cette douleur de la Madone en s'offrant héroïquement comme victime pour les pécheurs. Un jour, lorsqu'elle et François avaient désormais contracté la maladie qui les obligeait à rester au lit, la Vierge Marie vint leur rendre visite à la maison, comme le raconte Jacinthe : « La Madone est venue nous voir et elle a dit que bientôt elle viendra prendre François pour l'emmener au Ciel. À moi, elle a demandé si je voulais encore convertir davantage de pécheurs. Je lui ai dit que oui ». Et lorsque le moment du départ de François s'approche, la petite lui recommande : « De ma part porte de nombreux saluts à Notre Seigneur et à la Madone et dis-leur que je suis disposée à supporter tout ce qu'ils voudront pour convertir les pécheurs ». Jacinthe était restée tellement frappée par la vision de l'enfer, qui avait eu lieu lors de l'apparition de juillet, que toutes les mortifications et pénitences lui semblaient peu de choses pour sauver les pécheurs.
Jacinthe pourrait très bien s'exclamer avec saint Paul : « En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église » (Col 1, 24). Dimanche dernier, au Colisée à Rome, nous avons fait mémoire des très nombreux témoins de la foi du XXe siècle, en rappelant, à travers les témoignages incisifs qui nous ont été laissés, les souffrances qu'ils ont subies. Une nuée innombrable de courageux témoins de la foi nous a laissé un précieux héritage, qui devra rester vivant au cours du troisième millénaire. Ici à Fatima, où ont été pré-annoncés ces temps de tribulations et de faire pénitence pour les abréger, je désire aujourd'hui rendre grâce au Ciel pour la force du témoignage qui s'est manifestée dans toutes ces vies. Et je désire une fois de plus célébrer la bonté du Seigneur envers moi, quand, durement frappé le 13 mai 1981, je fus sauvé de la mort. J'exprime également ma reconnaissance à la bienheureuse Jacinthe pour les sacrifices et les prières faites pour le Saint-Père, qu'elle avait tant vu souffrir.
« Je te bénis, Père, d'avoir révélé cela aux tout-petits ». La louange de Jésus prend aujourd'hui la forme solennelle de la béatification des pastoureaux François et Jacinthe. L'Église désire, par ce rite, placer sur le lucernaire ces deux petites flammes que Dieu a allumées pour illuminer l'humanité en ses heures sombres et remplies de crainte. Que ces lumières resplendissent donc sur le chemin de cette multitude immense de pèlerins et de ceux qui nous accompagnent à travers la radio et la télévision. Que François et Jacinthe soient une lumière amie qui illumine le Portugal tout entier et, de façon particulière, ce diocèse de Leiria-Fatima.
Je donne un baiser cordial et une bénédiction particulière à la paroisse et la ville de Fatima, qui se réjouisse aujourd'hui pour les enfants élevés aux honneurs des autels.
6. Ma dernière parole s'adresse aux enfants : Chers enfants, je vois que nombreux parmi vous portent des vêtements semblables à ceux portés par Jacinthe. Ils vous vont très bien ! Le problème est que, ce soir ou demain, vous ôterez ces vêtements et les pastoureaux disparaîtront. Ne croyez-vous pas qu'ils ne devraient pas disparaître ? La Madone a besoin de chacun de vous pour consoler Jésus, triste en raison des torts qui lui sont faits ; elle a besoin de vos prières et de vos sacrifices pour les pécheurs.
Demandez à vos parents et à vos enseignants de vous inscrire à l'« école » de la Madone, afin qu'elle vous enseigne à devenir comme les pastoureaux, qui cherchaient à faire ce qu'Elle leur demandait. Je vous dis que « l'on progresse davantage en peu de temps de soumission et de dépendance à Marie que durant des années entières d'initiatives personnelles, reposant seulement sur soi-même » (Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, Traité de la Vraie Dévotion à la Très Sainte Vierge, n 155). C'est ainsi que les pastoureaux sont devenus rapidement des saints. Une femme qui avait accueilli Jacinthe à Lisbonne, en entendant les conseils si beaux et si sages que la petite lui donnait, lui demanda qui les lui avait enseignés. « C'est la Madone », lui répondit-elle. En se laissant guider, avec une générosité totale, par une Maîtresse si bonne, Jacinthe et François ont rejoint en peu de temps les sommets de la perfection.
7. « Je te bénis, Père, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. »
Je te bénis, ô Père, pour tous tes tout-petits, à commencer par la Vierge Marie, ton humble Servante, jusqu'aux pastoureaux François et Jacinthe.
Que le message de leur vie reste toujours ardent pour illuminer le chemin de l'humanité !
Jean-Paul II