Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
Voici des extraits de l’encyclique “Haurietis Aquas in Gaudio” de Sa Sainteté le Pape Pie XII sur le culte et la dévotion au Sacré-Cœur:
“... Pour que nous puissions, dans la mesure permise à l’homme, “comprendre avec tous les saints combien longue, sublime, profonde” (Éph. III, 18) est la mystérieuse charité du Verbe incarné envers le Père céleste et envers les hommes souillés par leurs péchés, il faut remarquer que son amour ne fut pas seulement cet amour spirituel qui est propre à Dieu en tant qu’’Il «est Esprit» (Jean IV, 24).
Sans doute, l’amour dont Dieu aima nos parents et le peuple hébreux fut-il de cette nature; et quand dans les psaumes et le Cantique des cantiques, on parle d’amour humain conjugal, paternel, ces expressions sont la marque et le signe de la charité très réelle, mais totalement spirituelle dont Dieu comblait le genre humain. Mais, au contraire, l’amour partout présent dans l’Évangile, les Lettres des apôtres et les pages de l’Apocalypse, qui décrivent les dispositions du Cœur de Jésus-Christ, ne signifie pas seulement la divine charité, mais encore des sentiments d’affection humaine; et cela ne fait aucun doute pour quiconque professe la foi catholique.
Le Verbe de Dieu en effet n’a pas pris un corps apparent et sans consistance. Les hérétiques du premier siècle de l’ère chrétienne qui le prétendaient s’attirèrent la réprobation sévère de l’apôtre saint Jean: “C’est que beaucoup de séducteurs se sont répandus dans le monde, qui ne confessent pas Jésus-Christ venu dans la chair. Voilà bien le séducteur, l’antéchrist !” (II, Jean 1, 7).
C’est en réalité une nature humaine individuelle, entière et parfaite, conçue du Saint-Esprit dans le sein très pure de la Vierge Marie (Luc I, 35), qu’il a unie à sa personne divine. Rien ne manqua à la nature humaine (à laquelle) s’est unie le Verbe de Dieu. Il l’assuma sans aucune diminution, sans aucune modification, pas plus dans ses éléments spirituels que corporels: elle était dotée d’intelligence et de volonté, de toutes les autres facultés de connaissance interne et externe, ainsi que de l’appétit sensible et de toutes les passions naturelles. Voici ce qu’enseigne l’Église catholique et que Pontifes romains et
Conciles œcuméniques ont solennellement proclamé et confirmé: “Intègre dans ses propriétés, intègre dans les nôtres”, “parfait dans sa divinité et parfait dans son humanité”, “Dieu tout entier fait homme et homme tout entier divinisé”.
C’est pourquoi, comme il est certain que Jésus-Christ a pris un corps véritable avec toutes les affections propres à celui-ci — parmi lesquels l’amour certes l’emporte sur toutes les autres — on ne saurait non plus douter qu’il ait eu un cœur de chair semblable au nôtre, puisque la vie humaine, même pour ce qui est de l’affectivité, est impossible sans cet organe privilégié. Les battements du Cœur de Jésus, uni hypostatiquement à la divine Personne du Verbe, ont sans aucun doute été inspirés par l’amour et par toutes les autres passions. Celles-ci d’ailleurs étaient toujours dans une telle harmonie avec la volonté humaine tout imprégnée de divine charité, et avec l’amour infini lui-même, partagé par le Fils avec le Père et le Saint-Esprit, que jamais rien de discordant n’intervint entre ses trois amours.
Cependant que le Verbe de Dieu ait pris une nature humaine réelle et parfaite, qu’il se soit formé et modelé un cœur de chair capable comme le nôtre de souffrir et d’être transpercé — si on considère ces faits hors de la lumière qui émane non seulement de l’union hypostatique et substantielle, mais aussi de celle de la Rédemption, qui la complète, ils pourront être pour certains un scandale et une folie, comme le fut pour les Juifs et les païens le Christ crucifié (I Cor., I, 23).
En effet, les symboles de la foi catholique, en parfait accord avec les Saintes Écritures, nous assurent que le Fils unique de Dieu a pris une nature humaine passible et mortelle surtout parce qu’il désirait offrir sur la croix un sacrifice sanglant et achever ainsi l’œuvre du salut des hommes. C’est d’ailleurs ce que nous enseigne l’Apôtre des nations par ces mots:
“Car le Sanctificateur et les sanctifiés ont tous une même origine. C’est pour cette raison qu’il ne rougit pas de les appeler frères, quand il dit: ‘j’annoncerai ton nom à mes frères !...’. Et encore: ‘Nous voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés’. Puis donc que les enfants avaient en commun le sang et la chair, lui aussi y participera pareillement. En conséquence, il a dû devenir en tout semblable à ses frères, pour devenir ainsi un grand-prêtre miséricordieux et fidèle, capable d’expier les péchés du peuple. C’est pour avoir connu lui-même l’épreuve et la souffrance qu’il peut venir en aide à ceux qui sont dans l’épreuve.” (Hébr., II, 11-14; 17-18).
...Malgré les fruits abondants de vie chrétienne qu’a produits partout la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, il n’échappe à personne que l’Église militante et surtout la société civile des hommes n’ont pas encore atteint cette pleine et absolue mesure de perfection qui répondrait aux vœux de Jésus-Christ, mystique Époux de l’Église et Rédempteur du genre humain. Beaucoup de fils de l’Église, en effet, défigurent par de nombreuses taches et de rides le visage de cette Mère dont ils portent la ressemblance; tous les fidèles ne brillent pas par la pureté de mœurs à laquelle ils sont divinement appelés; les pécheurs qui ont quitté à tort la maison du Père, n’y sont pas tous rentrés pour y revêtir à nouveau leur premier habit (Luc, XV, 22) et passer à leur doigt l’anneau, symbole de fidélité à l’Époux de leur âme; tous les païens ne font pas encore partie du Corps mystique du Christ.
Si Nous éprouvons une douleur amère de voir languir la foi des bons, qui, séduits par les faux attraits des choses terrestres, laissent décroître et peu à peu s’éteindre dans leurs âmes l’ardeur de la divine charité, combien plus Nous font souffrir les machinations entreprises par des hommes impies qui, maintenant surtout, excités, dirait-on, par l’ennemi infernal, brûlent d’une haine implacable et ouverte envers Dieu, envers l’Église, et principalement envers Celui qui tient sur la terre la place du divin Rédempteur et personnifie son amour envers les hommes, suivant la célèbre sentence du Docteur de Milan (saint Ambroise): “C’est Pierre qu’on interroge, car c’est de lui qu’on doute, mais le Seigneur ne doute pas, lui, qui interroge, non pour apprendre, mais pour enseigner celui qu’avant de remonter au ciel, il nous laissait comme Vicaire de son amour.”
En vérité, la haine envers Dieu et ceux qui sont ses ministres légitimes est bien le plus grand crime que puisse jamais commettre l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu et destiné à jouir au Ciel de son amitié parfaite et éternelle; la haine de Dieu, en effet, sépare au plus haut point l’homme du Bien suprême et le pousse à rejeter de lui-même et de son prochain tout ce qui vient de Dieu, tout ce qui unit à Dieu, tout ce qui mène à jouir de Dieu, c’est-à-dire la vérité, la vertu, la paix, la justice.
Comme on voit hélas ! s’accroître en certains endroits le nombre de ceux qui se posent en ennemis de Dieu, et se répandre en même temps, par les faits et par la parole, les dogmes menteurs du matérialisme, tandis qu’on exalte, çà et là, la licence effrénée du plaisir, faut-il s’étonner que se refroidisse dans beaucoup la charité, qui est la loi suprême de la religion chrétienne, le fondement solide de la vraie et parfaite justice, la principale source de la paix et des chastes joies ? Le
Sauveur nous a avertis: “Par la suite de l’iniquité croissante, la charité d’un grand nombre se refroidira.” (Matth. XXIV, 12).
Devant le spectacle de tant de maux qui, aujourd’hui plus que jamais, troublent si amèrement les individus, les familles, les nations et le monde entier, où devons-nous chercher un remède ? Peut-on trouver une forme de piété supérieure au Cœur de Jésus, qui réponde plus parfaitement au caractère propre de la foi catholique, qui soit plus apte à subvenir aux besoins actuels de l’Église et du genre humain ? Quel culte est plus noble, plus doux, plus salutaire que celui-là, tout entier dirigé vers l’amour même de Dieu ? Y a-t-il quelque chose de plus efficace que la charité du Christ — que la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus entretient et accroît de jour en jour — pour décider les fidèles à mettre en pratique dans leur vie, la loi évangélique, laquelle, comme l’Esprit- Saint nous en avertit solennellement par les mots: «l’œuvre de la justice sera la paix» (Is., XXXII, 17), est la condition indispensable d’une vraie paix entre les hommes ?
C’est pourquoi, suivant l’exemple de Notre prédécesseur immédiat, il Nous plaît d’adresser à tous nos fils dans le Christ ces paroles d’avertissement que Léon XIII, d’immortelle mémoire, adressait à la fin du dix-neuvième siècle à tous les fidèles et à tous ceux qui se préoccupent sincèrement de leur salut et de celui de la société civile:
“Aujourd’hui un autre symbole divin, présage très heureux, apparaît à nos yeux: c’est le Sacré-Cœur de Jésus... resplendissant d’un éclat incomparable au milieu des flammes. Nous devons placer en lui toutes nos espérances; c’est à lui que nous devons demander le salut des hommes, et c’est de lui qu’il faut l’espérer.”
C’est aussi Notre désir que tous ceux qui se glorifient du nom de chrétiens et qui luttent laborieusement pour établir le Règne du Christ dans le monde, trouvent dans la dévotion au Cœur de Jésus, comme l’emblème et la source d’unité, du salut et de la paix. Cependant, personne ne doit penser que ce culte porte préjudice aux autres formes de dévotion par lesquelles le peuple chrétien, sous la conduite de l’Église, honore le divin Rédempteur. Au contraire, une dévotion fervente au Cœur de Jésus alimentera et accroîtra sans aucun doute particulièrement le culte de la sainte croix et l’amour envers le très auguste Sacrement de l’autel.
Nous pouvons, en effet, affirmer — ce qui est merveilleusement illustré par les révélations faites par Jésus-Christ à sainte Gertrude et à sainte Marguerite-Marie — que personne ne peut bien comprendre Jésus crucifié s’il n’a pénétré dans le mystérieux sanctuaire de son
Cœur. Et on ne saisira bien la force de l’amour qui poussa le Christ à se donner à nous comme aliment spirituel, qu’en honorant d’un culte particulier le Cœur eucharistique de Jésus, qui a pour but de nous rappeler, selon les termes de Notre prédécesseur d’heureuse mémoire, Léon XIII, “l’acte d’amour suprême par lequel notre Rédempteur, déversant toutes les richesses de son Cœur, a institué l’adorable sacrement de l’Eucharistie afin de demeurer avec nous jusqu’à la fin des siècles”.En effet, “l’Eucharistie qu’il nous a donnée avec tant d’amour de son Cœur, n’est pas une petite particule de son Cœur».
Enfin, poussés par le désir ardent d’opposer de solides barrières aux machinations impies des ennemis de Dieu et de l’Église, et de ramener dans le sentier de l’amour de Dieu et du prochain, les familles et les nations, Nous n’hésitons pas à déclarer que le culte du Sacré-Cœur de Jésus est une école très efficace de l’amour divin; cet amour divin sur lequel doit reposer le règne de Dieu à établir dans les âmes, dans les familles et les nations, selon le sage avertissement de notre même prédécesseur de pieuse mémoire:
“Le Règne de Jésus-Christ reçoit sa force et sa forme de l’amour divin: aimer saintement et dans l’ordre, voilà où il se fonde et se résume. De là résultent nécessairement les principes suivants: remplir ses devoirs inviolablement; ne pas commettre d’injustice envers son prochain; estimer les choses humaines inférieures aux choses divines, donner à l’amour de Dieu la priorité sur tout le reste.”
Pour que des fruits abondants découlent dans la famille chrétienne et dans tout le genre humain du culte du Sacré-Cœur de Jésus, les fidèles doivent veiller à l’associer étroitement au culte envers le Cœur Immaculé de Marie. Puisque, de par la volonté de Dieu, la Bienheureuse Vierge Marie a été indissolublement unie au Christ dans l’œuvre de la Rédemption humaine, afin que notre salut vienne de l’amour de Jésus-Christ et de ses souffrances intimement unis à l’amour et aux douleurs de sa Mère, il convient parfaitement que le peuple chrétien qui a reçu la vie divine du Christ par Marie, après avoir rendu le culte qui lui est dû au Sacré-Cœur de Jésus, rende aussi au cœur très aimant de sa céleste Mère, de semblables hommages de piété, d’amour, de gratitude et de réparation. C’est en parfait accord avec ce dessein très sage et très suave de la Providence divine que Nous avons, par un acte mémorable, solennellement consacré la sainte Église et le monde entier au Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie.