Ce livre parle du Crédit Social, mais il est loin d’être une somme créditiste. Le Crédit Social, en effet, est toute une orientation de la civilisation et touche au social et au politique autant, sinon plus, qu’à l’économique.
"On oublie, on ne voit pas, on ne veut pas voir qu’il y a des gens mal logés, des gens mal nourris, des salaires insuffisants, qu’il y a des pays tout entiers qui souffrent de la faim. Ce n’est pas chrétien de penser, à plus forte raison de dire; c’est leur faute..."
Son Eminence le Cardinal Jules-Géraud Saliège
La méditation qui suit nous préparera à l’Année de l’Eucharistie qui se déroulera en 2008 dans la ville de Québec.. Article tiré d’une ancienne revue qui était dirigée par les Pères du Saint Sacrement, de Montréal:
Lorsqu’un voyageur veut connaître la montagne ou le rocher d’où jaillit le fleuve qui féconde les plaines, il remonte fidèlement le courant en suivant les pittoresques méandres qui le conduisent jusqu’à la source.
De même, si le chrétien veut arriver jusqu’à l’Eucharistie, cette source de grâce qui réconforte le champ de l’Église, il doit aller vers Marie qui est le canal des grâces de Dieu et par Elle il arrivera sûrement jusqu'au Christ Eucharistique, pierre vivante d’où sort l’eau qui rejaillit jusqu’à la vie éternelle.
En d’autres termes, on doit aller par Marie à l’Eucharistie, parce que c’est par Marie que nous a été donnée l’Eucharistie.
Nous croyons, et cette foi est notre plus douce joie, que le corps adorable de Notre- Seigneur, présent réellement en l’Eucharistie, est le même corps qui a été formé du très pur sang de Marie, nourri de sa substance et de son lait virginal.
Nous adorons à l’autel le vrai Fils de la Vierge, et nous chantons avec l’Eglise, associant la Mère et le Fils, la cause et l’effet, la source et le fleuve: «Ave, verum Corpus, natum de Maria Virgine; Salut, ô Corps, vraiment né de la Vierge Marie!»
Saint Ambroise, de son temps déjà, rappelait cette virginale origine du Sacrement d’amour, lorsqu’il mettait dans la bouche du Sauveur, instituant l’Eucharistie, ces paroles mémorables: «Ceci est vraiment ma chair pour la vie du monde; croyez-le fermement, c’est absolument la même chair qui a été formée et qui est née de Marie, qui a souffert sur la croix et qui est sortie du tombeau: Hœc, inquam, ipsa est».
Aussi nous comprenons cette parole de Mgr Pie: «Marie est en quelque sorte associée à la Présence réelle de Jésus au Tabernacle. Le premier blasphème contre la vérité du Sacrement de l’autel, consistait à nier que le Corps eucharistique du Seigneur fût le corps né de Marie.»
Cette union, cette dépendance, de l’Eucharistie apparaît dans la liturgie de la Fête-Dieu. L’Église romaine, selon la pensée de Mgr Pichenot, elle qui possède profondément le sens du vrai, ne s’est pas mise en peine, comme les liturgies gallicanes, de composer, pour la Fête du Corps de Notre- Seigneur, une préface particulière; mais réunissant la maternité de Marie à la présence réelle de Jésus, elle redit en ce jour la préface de la Nativité, qui atteste la vérité de la chair donnée par Marie au Verbe incarné; et la doxologie des hymnes de ce jour, après avoir célébré les gloires et l’amour du Dieu fait pain, fait remonter à la Vierge le don que nous recevons à l’autel: Jesu tibi sit gloria, qui natus est de Virgine.
On connaît ces belles paroles de saint Augustin: «La chair de Jésus est la chair de Marie, et le Sauveur nous donne cette chair de Marie comme l’aliment de notre salut.» Caro Christi, caro Maria.
Rapportant ces paroles, le Père Binet s’écrie: «Celui qui approfondira ce mystère, trouvera des mystères sublimes.»
Plus heureux sera celui à qui Marie elle-même voudra le révéler! Saint Ignace de Loyola eut un jour une admirable vision.
«Comme je m’entretenais, dit-il, avec l’Esprit-Saint avant la Messe, il me sembla que je voyais et que je sentais quelque chose de brillant, de couleur de feu et d’un aspect étrange. Comme je me préparais à monter à l’autel, et ensuite, lorsque ayant revêtu les habits sacerdotaux, je célébrais le saint Sacrifice, je ressentis une violente commotion intérieure accompagnée d’abondantes larmes, de sanglots, et par intervalles, de la perte de la parole. Puis je sentis et je vis la très Sainte Vierge exercer son influence en ma faveur auprès du Père, de sorte que pendant la Messe et la Consécration, je ne pus rien voir, ni rien sentir excepté Elle, qui est, pour ainsi dire, une partie de cette grâce immense et la porte par laquelle nous y arrivons; et à l’aide d’une perception spirituelle, je compris qu'elle montrait, dans l’acte de la consécration, l’existence de sa propre chair dans la chair de son Fils, et le sentiment de ce qui me fut révélé a été si intime, que je ne saurais le décrire.»
Parlant de cette vision, un fils de saint Ignace, le Père de Machault, dit dans sa foi naïve:
«Qui dira les effets que produisait la sainte Communion dans le cœur tout feu d’Ignace, lorsque, considérant à l’au- tel que le Fils et la Mère ne sont qu'une même chair et qu’un même sang, ou au moins que le Fils est une portion de la Mère, il se repaissait de cette savoureuse pensée: qu’en l’Eucharistie il recevait non seulement la Chair et le Sang de Jésus, mais la chair et le sang de Marie en bonne partie, comme la sainte Vierge lui découvrit en cette vision illustre.»
Il serait tout à fait erroné de croire qu’il y a dans le Corps sacramentel de Jésus une portion du corps de Marie non changée en celui de Jésus, mais gardée dans sa propre et naturelle espèce. Laissant de côté cette supposition inepte, nous affirmerons cependant que Marie est le principe, la source d’où nous vient l’Eucharistie et que c’est en Elle, dirons-nous avec saint Bernardin, que consiste, que s’achève et que demeure dans sa perfection ce Sacrement, la gloire et le fondement de tous les sacrements de l’Église.
Si donc l’Eucharistie nous est venue par Marie, nous ne pouvons aller à l’Eucharistie que par Marie: Elle est devenue l’intermédiaire nécessaire entre les hommes et Jésus en l’Eucharistie.
Quand nous assistons au Saint Sacrifice, offrons-le au Père céleste en union avec la très Sainte Vierge. C’est Elle qui, se tenant debout héroïquement au pied de la Croix sanglante, offrait son Fils expirant à Dieu, et était Prêtre véritable dans ce sacrifice que renouvelle l’immolation mystique de nos autels. Si Marie est toujours notre co-rédemptrice, nul doute qu’elle n’ait aussi sa part d’offrande dans le divin Mystère eucharistique.
Quand nous avons le bonheur de communier, songeons à Marie recevant dans son sein immaculé le Verbe Incarné conçu du Saint-Esprit, et prions-la de venir en notre cœur pour accueillir cet Hôte divin avec toute sa pureté, son amour et ses vertus.
Quand, prosternés devant le voile blanc qui cache à nos yeux la Majesté sainte, nous adorons Celui qu’on appelait son Fils et qu’il appelait sa Mère, demandons-lui de présenter nos hommages et nos prières, étant persuadés qu’un Fils si puissant ne peut rien refuser à une mère si aimée et si digne de l’être.
En un mot, dans tous nos rapports avec Jésus-Hostie, commençons toujours par nous mettre sous la conduite et la protection de Marie, lui adressant cette belle invocation:
NOTRE-DAME DU TRÈS SAINT SACREMENT, MÈRE ET MODÈLE DES ADORATEURS, PRIEZ POUR NOUS QUI AVONS RECOURS À VOUS.