— Bonjour, madame. Quel programme écoutez-vous à la radio en ce moment ?
— Aucun, mademoiselle.
— Quel programme préférez-vous ?
— Aucun, mademoiselle.
— Il n'y a aucun programme que vous écoutez plutôt que les autres ?
— Non, mademoiselle, je les trouve tous aussi désagréables les uns que les autres.
— Vous dites, madame ?
— Je dis, mademoiselle, que les programmes de radio qu'on nous sert ne valent pas la peine d'être entendus.
— Alors, madame, à quoi vous sert d'avoir un radio ?
— À rien du tout, mademoiselle.
— Pourquoi donc l'avez-vous acheté ?
— Je me suis trompée.
Je voulais entendre de la musique qui repose et fait reprendre leur équilibre à nos nerfs surexcités. Et on nous détraque le système nerveux de jazz ahurissant.
J'aurais aimé de jolies chansons rafraîchissantes. On nous écœure de sottises et d'obscénités.
J'apprécie le théâtre moralisateur et bien fait. On nous assomme d'invraisemblance et de terreur à coups de cris et de pistolets.
Puis, les heures de sports, abêtissantes.
Les "courses au trésor", leçons de culture données sans ordre ni science par des ignorants flirts et fats.
Sans parler des discours suggérés par les influences et des nouvelles défigurées par le mensonge.
Et dans la province de Québec, où tout le monde parle le français, les programmes sont de plus en plus en anglais.
Tous ces plats macérés dans le jus des annonces de boissons, de drogues, de produits de beauté, de laxatifs, etc...
Ne reconnaissez-vous pas là-dedans, mademoiselle, le jeu de la dictature financière qui cherche à distraire et à corrompre le peuple, afin de l'affaiblir et de le dominer ?
— Vous me faites réfléchir, madame.
MARIE
