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En marge de l’assistance-chômage

le lundi, 01 juillet 1940.

Il s'agit des discours qui se font à Ottawa sur le chômage. Il y a longtemps que la question du chômage est réglée dans les pays auxquels nous faisons la lutte pour défendre nos libertés démocratiques, même celles de crever de faim au milieu de l'abondance.

À défaut de solution, on trouve au moins de l'éloquence. Nous soulignons les passages suivants, que nous pourrions signer, malgré qu'ils soient extraits du discours d'un député dont nous sommes loin de partager l'ultra-impérialisme. Il s'agit de M. Church :

Nous assistons aujourd'hui à une guerre dans notre pays même, une guerre entre des millions de nos compatriotes et la pauvreté et la faim, une guerre entre la jeunesse et la pauvreté. L'ennemi est aussi dangereux qu'un pays ennemi en temps de guerre. Or, contre un ennemi étranger, nous nous unissons ; contre notre ennemi intérieur, nous sommes désunis et nous ne faisons rien pour nous défendre. Quand l'envahisseur est à nos portes, le pays mobilise toutes ses ressources, ses hommes, ses moyens de transport, ses capitaux ; toutefois, en temps de crise et de chômage, où les gens sont désemparés, nous laissons les travailleurs industriels sans protection d'aucune sorte ; ce sont eux qui supportent le fardeau de la crise, et nous ne faisons rien, nous contentant de nommer des commissions.

C'est sans doute que le véritable ennemi qu'il faudrait combattre pour régler le chômage, est le même ennemi puissant que Lincoln appelait l'ennemi d'arrière, beaucoup plus redoutable que les armées en face de lui. Et cet ennemi-là compte une cinquième colonne fidèle dans notre démocratie canadienne : le système de partis.

Plus loin :

L'institution de commissions royales est la méthode préférée à laquelle le gouvernement fédéral a recours lorsqu'il veut retarder les mesures qui sont urgentes. Elles n'ont donné aucun résultat ; c'est pour cette raison qu'on les nomme. Elles ne sont que consultatives, et aussitôt qu'elles ont donné l'avis demandé, on l'oublie. Le pays en a eu assez de ces commissions à la Pickwick qui semblent ne rien faire et auxquelles personne ne fait attention.

M. Church fait aussi les remarques suivantes, qui montrent bien comment, par des moyens financiers, on empiète sur les autonomies d'en bas, sous prétexte de cas d'urgence, et on maintient à perpétuité les empiètements une fois exercés. Ce fut le cas pour l'impôt sur le revenu ; ce sera le cas pour les charges financières qu'on impose à Montréal. La guerre, les impasses financières servent de prétexte, et l'on marche ainsi vers la centralisation :

Jusqu'en 1918, tout le domaine de l'impôt sur le revenu appartenait exclusivement aux municipalités. Cette année-là, le Dominion envahissait ce domaine, apparemment pour un an ou deux, mais il l'a occupé depuis. Ce n'est pas tout. Les provinces ont elles-mêmes imposé une taxe sur le revenu et, comme résultat, les revenus des municipalités ont été épuisés, de sorte qu'elles ne reçoivent plus qu'une pitance.

Une autre réflexion de M. Church est très juste et devrait faire rougir de honte les administrateurs qui se sont succédé au pouvoir depuis dix ans :

La guerre est un grand désastre pour toute nation sur laquelle elle s'abat. La guerre de 1914-18 ne fut rien moins qu'un désastre sinistre et épouvantable. Je suis d'opinion, et c'est une opinion réfléchie, que la dégénérescence morale et physique due au chômage généralisé qui suivit la guerre s'est avérée pour notre population, hommes et femmes, un désastre pire encore que la guerre elle-même.

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