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Conscription de la finance

le lundi, 15 juillet 1940. Dans Divers

Le décret de mobilisation adopté définitivement à Ottawa le jeudi soir, 20 juin, comporte la conscription des hommes, de leurs services et de leurs biens. C'est clair jusque-là. Mais on ne voit pas précisément comment il inclut la conscription du système bancaire. De fait, n'est-ce pas le système bancaire qui continue de conscrire les gouvernements ?

On se rappelle qu'au mois de septembre, on interpréta les déclarations de Blackmore en Chambre, faisant écho à celles de Herridge hors de la Chambre, comme l'adhésion des créditistes à la conscription. Les politiciens exploitèrent cette veine aux dernières élections générales. Depuis, ce sont les Libéraux qui ont imposé la conscription.

Nous avons fait plusieurs mises au point. Les extraits suivants, d'un discours prononcé au Parlement le 19 juin par M. Hansell, député créditiste, achèveront de renseigner nos lecteurs sur la véritable position des créditistes de l'Alberta vis-à-vis de la conscription :

"Pendant la campagne électorale qui précéda les dernières élections générales, certains orateurs représentèrent notre attitude sous un faux jour. Ils ont dit que nous étions des conscriptionnistes de premier ordre. Cette fausse représentation de notre attitude a peut-être fait perdre à notre groupe plusieurs représentants. D'autre part, je crois que l'une des raisons qui ont assuré au Gouvernement une aussi forte majorité est sa promesse qu'il ne proposerait jamais la conscription. Cet état de choses nous oblige à rectifier la fausse impression ainsi laissée.

"Si je rappelle ces choses ici, ce soir, c'est pour dire à la Chambre ce que j'ai dû dire à mes commettants. Je parle, je crois, pour tous les membres de notre groupe, quand je déclare que nous avons dit à nos électeurs que nous allions demander au Gouvernement qu'avant de songer à conscrire les hommes, il impose d'abord la conscription à la finance.

"Nous sommes d'avis que le texte n'est pas absolument clair et que, lors de la deuxième lecture du bill, le premier ministre, (M. Mackenzie King) devrait accepter certaines modifications dans le but de le rendre plus clair et de préciser ce qui doit être mobilisé pour assurer le succès de notre effort de guerre. L'article 2 est ainsi conçu :

"Sous réserve des dispositions de l'article trois ci-dessous, le gouverneur-en-conseil peut accomplir et autoriser des actes et choses et édicter de temps à autre des ordres et règlements ordonnant à des personnes de se mettre, avec leurs services et leurs biens, à la disposition de Sa Majesté."

"Il y a trois choses : des personnes, leurs services et leurs biens — tandis que c'est encore le système financier tel qu'il est organisé aujourd'hui qui mène. Voilà ce à quoi nous nous opposons. Nous disons que la finance doit être mobilisée. Il ne suffit pas de dire que l'épargne des Canadiens sera utilisée, mais le système bancaire, le système financier doivent l'être aussi, afin de rendre financièrement possible ce qui est matériellement possible.

"Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet. Le chef de notre groupe a parlé du témoignage rendu l'an dernier devant le Comité de la Banque et du Commerce, où le gouverneur de la Banque du Canada déclarait que tout ce qui est possible matériellement l'est aussi financièrement. Pourtant, je crains fort que si nous n'avons pas, dans l'empire britannique, accompli tout ce que nous aurions dû, c'est à cause des restrictions que nous impose notre régime financier actuel.

"Il y a quelque temps, les journaux nous apprenaient que, dans un discours, le gouverneur de la Banque du Canada avait dit à la population comment elle devrait agir ; quelques jours plus tard, je lisais le compte rendu d'un autre discours, dans lequel le gouverneur adjoint de la Banque du Canada entendait aussi enseigner aux gens ce qu'ils devraient faire. Si j'étais à la place de l'ouvrier, je me dirais, avec la foi que j'ai en la démocratie : "Mais quel est ce Graham Towers ? De quel droit se mêle-t-il de nous dicter notre conduite ?"

M. THORSON : "C'est un homme de grande valeur."

M. HANSELL : "Je l'admets ; je ne songe pas à mettre en doute sa valeur. Je dis, cependant, que c'est le Gouvernement, chargé de mener la nation jusqu'à son maximum d'efficacité dans la poursuite de la guerre, qui devrait dicter, et de façon bien explicite, au gouverneur de la Banque du Canada la ligne de conduite qu'il doit suivre. Si ce qui est possible matériellement l'est aussi financièrement, pourquoi n'a-t-on pas fait de ce possible une réalité ? C'est là la question.

"Il y a une semaine environ, j'ai demandé au ministre des Finances (M. Ralston) comment il entendait faire les fonds nécessaires à l'exécution du programme de guerre du Gouvernement. Il m'a répondu qu'on suivrait la même méthode qu'au cours de la dernière guerre. La situation a peut-être changé depuis une couple de semaines, mais si l'on veut continuer à financer la guerre à partir d'aujourd'hui de la même manière qu'on l'a fait de 1914 à 1918, je prétends que le bill manque son but. Ce n'est pas la conscription des finances.

"En terminant, monsieur l'Orateur, puis-je dire que notre désir, quand le projet de loi sera étudié au comité, est que le premier ministre rédige le texte de ses articles de façon à exprimer très nettement que les banques, les institutions financières, les industries et les sociétés commerciales du pays seront conscrites avant d'avoir recours à la conscription des hommes." (Débats, 1940 Edition fr., pp. 994-995.)

Lors de l'étude du projet de loi en comité, MM. Blackmore, Johnston et d'autres créditistes, appuyés par le groupe de la C. C. F., essayèrent en vain de faire inclure un amendement pour préciser la conscription du système financier. On ne voulut rien de tel. Il faut que la conscription des hommes soit clairement exprimée, mais qu'il y ait une porte de sortie pour la finance, surtout que la fabrication de l'argent en endettant la nation reste intacte.

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