Avez-vous remarqué que les cambriolages des banques portent sur des sommes relativement restreintes ? Tel bandit va attaquer une succursale, immobiliser les employés à la pointe du revolver, risquer le pénitencier sinon plus, et s'en aller avec une couple de mille dollars seulement.
C'est tout ce qu'il trouve à râfler, direz-vous. C'est sans doute la vraie raison. Il prend tout ce qui est prenable.
Si une organisation de cambrioleurs réussissait une incursion simultanée sur toutes les banques du Canada, sur tous les coffres-forts des particuliers, sur toutes les poches de tous les citoyens, que prendraient-ils en tout ? En mettant tout le pays à sec, ils voleraient 287 millions de dollars.
Le pays serait-il du fait dépouillé de tout son argent ? Pas du tout, les voleurs qui voleraient tout ce qui est volable ne voleraient que le dixième de l'argent actuellement en circulation.
Assez étrange ! En prenant tout l'argent, ils ne prendraient que le dixième de l'argent !
C'est cela. Ils prendraient tout l'argent qui est prenable, et ce n'est que le dixième de l'argent du pays. Ils emporteraient 287 millions, mais il y a 2,800 millions d'argent en circulation.
Pourquoi ne prendraient-ils pas les 2,800 millions ? Parce que ce n'est pas de l'argent qui se prend dans la main. Ce sont des comptes, des chiffres dont ils ne pourraient tirer aucun usage.
Il y a donc de l'argent qui n'est ni en métal ni en papier ? Oui, c'est le plus important, le plus abondant et le plus sûr.
Le Crédit Social supprimera-t-il cet argent-là ? Non. C'est de l'argent moderne et le Crédit Social est trop ultra-moderne pour retourner aux siècles de l'argent de métal. Mais le Crédit Social verra à ce qu'il y en ait assez, et sans faire de dette.
Aujourd'hui, quand les voleurs emportent de l'argent de papier ou de métal, ça fait une sensation et la police est sur les dents. Mais les banquiers eux-mêmes détruisent à contretemps l'autre argent, celui qui est le plus important, et ça ne met aucune police sur les dents. Ça met seulement le monde dans le chemin. Heureusement que les créditistes voient clair et qu'ils deviennent nombreux : ça va mettre de l'ordre là où il y a maintenant du cambriolage social impuni et récompensé.
Rosaire CÔTÉ
