« Allez à Joseph » (en latin, Ite ad Joseph). Ce sont les mots écrits à la base de la statue de saint Joseph devant l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. Ils sont tirés de l’Ancien Testament, plus précisément du livre de la Genèse, où est raconté comment Joseph, fils de Jacob et vendu par ses frères, est devenu providentiellement second de Pharaon en Égypte, et a pu sauver non seulement l’Égypte, mais aussi Jacob et ses propres frères, de la famine : « Puis tout le pays d’Égypte souffrit de la faim et le peuple demanda à grands cris du pain à Pharaon, mais Pharaon dit à tous les Égyptiens : Allez à Joseph et faites ce qu’il vous dira. » (Gn 41, 55.)
La tradition a bien remarqué la similitude entre le Joseph de l’Ancien Testament et celui du Nouveau Testament — Joseph, père nourricier de Jésus. Sa sainteté est grande, car c’est à lui que Dieu a confié la garde de ses trésors les plus précieux, Jésus et Marie », la mission d’être le protecteur non seulement de la Sainte Famille, mais aussi de l’Église universelle.
Qui prend saint Joseph comme modèle peut atteindre des sommets de vertu et de sainteté : c’est le cas du saint Frère André, fondateur de l’Oratoire Saint-Joseph. Lorsqu’il joignit la Congrégation des Frères de Sainte-Croix à Montréal, ses supérieurs le nommèrent portier du Collège Notre-Dame, poste qu’il conserva pendant quarante années, ce qui lui faisait dire, avec humour : « Quand j’ai joint les Frères de Sainte-Croix, mes supérieurs m’ont mis à la porte, et j’y suis resté 40 ans ! »
Notre unique but dans la vie devrait être de devenir saint et d’aller au Ciel, car on ne vit qu’un court passage sur la terre comparé à l’éternité qui nous attend après la mort physique. Et après la mort physique, puisque notre âme est immortelle, il n’y a que trois endroits où nous pouvons aller : le ciel, le purgatoire, ou l’enfer.
Plusieurs ne croient plus à l’existence de l’enfer, mais c’est une vérité de foi, il existe vraiment. Un prêtre polonais a même eu récemment la vision de ces trois endroits, et en rend témoignage. Nous sommes tous pécheurs, et avons besoin de la grâce de Dieu, des sacrements, pour nous sauver. C’est pourquoi il est important de faire baptiser les enfants dès leur plus jeune âge, puisque cela les fait devenir enfants de Dieu.
Pour devenir saint, il faut pratiquer la vertu, et pour pratiquer la vertu, il nous faut un minimum de biens matériels, comme le dit saint Thomas d’Aquin. Nous ne sommes pas de purs esprits, nous devons aussi nous nourrir, nous vêtir, nous loger. C’est pourquoi il est important que tous les êtres humains aient accès aux biens matériels – au moins pour garantir le minimum vital. On peut lire dans le livre des Proverbes de l’Ancien Testament (30, 8-9) : « Ne me donne ni pauvreté ni richesse, laisse-moi goûter ma part de pain, de crainte que, comblé, je ne me détourne et ne dise : “Qui est Yahvé ?” ou encore, qu’indigent, je ne vole et ne profane le nom de mon Dieu. »
C’est garantir ce minimum vital que vise la réforme financière du Crédit Social, ou Démocratie Économique, préconisée depuis les débuts de Vers Demain par son fondateur, Louis Even. D’autres personnalités ont aussi appuyé cette réforme, dont l’abbé Peter Coffey d’Irlande. Comme le déclare Mgr Mathieu Madega, évêque du Gabon participant à nos sessions d’étude sur le Crédit Social : « L’Église est constituée de personnes qui sont aussi bien producteurs que consommateurs et qui utilisent eux aussi de l’argent. Alors, réfléchir aux liens qui existent entre la production et la consommation, aidés par le système de distribution grâce à l’argent avec les biens et services, n’est qu’un devoir, car nous ne nous occupons pas uniquement de l’âme, mais aussi du corps ». Bonne lecture !
Alain Pilote, rédacteur