Monsieur Louis Dupire, du Devoir, dans son premier-Montréal du 31 janvier, nous révèle une découverte de M. Milo Perkins, chef de la Surplus Marketing Administration au pays de l'Oncle Sam. Ah ! ces Américains, ça découvre tout !
Je cite Monsieur Dupire :
"Ce qui frappe M. Perkins, on peut le déduire par inférence, c'est que la Surplus Marketing Administration ait à disposer, comme son nom l'indique, de produits qui souffrent de mévente pendant qu'aux États-Unis tant de gens souffrent de dénutrition."
Monsieur Perkins découvre aussi qu'un peu plus d'argent entre les mains des pauvres résoudrait le problème de la sous-alimentation et pousserait la roue de l'économie :
"Si, dit-il, toutes les familles qui font moins de $100 par mois mangeaient autant que celles qui font $100 par mois, près de deux milliards de dollars seraient ajoutés annuellement au compte de l'alimentation nationale. Nous serions de fait forcés de produire plus de produits de l'industrie laitière, plus de produits avicoles, plus de viande et plus de presque tous les fruits et légumes pour faire face à la demande."
Monsieur Dupire admet que ce dernier raisonnement "frappe par sa justesse, son bon sens." "Jusqu'ici, continue le découvreur, un regard sur la faim à l'étranger nous a fait déborder de compassion ; peut-être que si un bon nombre d'entre nous se mettent en train de découvrir la même chose ici, chez nous, à travers un microscope, cela nous remplira d'une indignation montante."
Quelle découverte ! Il y a longtemps que nombre de colons de l'Abitibi et d'autres pauvres Canadiens français ont poussé ce raisonnement "qui frappe par sa justesse, son bon sens," ont découvert "la même chose ici, chez nous", sans même de microscope ! Il y a longtemps qu'ils ont découvert :
"le problème effarant, le désarroi dans la distribution des produits de la terre qui cause des affres financières aux producteurs, pendant que les consommateurs souffrent, eux, de malnutrition et, parfois, des affres de la faim en plein pays de cocagne." — (L. Dupire).
M. Perkins n'a pas encore découvert, du moins Monsieur Dupire ne le dit pas, comment "les familles qui font moins de cent dollars par mois" pourraient se procurer de quoi manger "autant que celles qui font $100 par mois."
Le "désarroi dans la distribution des produits" inquiète Messieurs Dupire et Perkins. Qu'ils continuent donc à manier le microscope puisqu'ils en ont besoin, qu'ils cherchent la cause et le remède au mal. Peut-être découvriront-ils que
"ceux qui contrôlent l'argent et le crédit sont devenus les maîtres de nos vies, et (que) sans leur permission nul ne peut plus respirer." (Pie XI).
Peut-être — on ne sait jamais — se résoudront-ils à découvrir le Crédit Social. Quelle découverte ! N'est-ce pas, lecteurs de Vers Demain ?
P. L.