Le député fédéral de Prescott, en tournée dans son comté, traite surtout de la question de la participation à la guerre et relate ce qui s'est passé à la session d'urgence. Jeudi soir, parlant dans la salle publique de Curran, il invita, selon son habitude, l'auditoire à lui poser des questions. M. Louis Even, présent, lui posa les questions suivantes, la première suscitée par l'insistance de M. Bertrand à magnifier à dessein l'attitude conscriptionniste de M. Blackmore ; les autres dans le but d'obtenir des éclaircissements sur la docilité des députés de parti et sur l'essor soudain donné à la production par la guerre.
1. Considérez-vous la Nouvelle-Démocratie comme un parti politique ; ou n'est-ce pas plutôt un mouvement pour une démocratie sans parti, ne donnant aucun droit à Herridge ou à Blackmore de parler au nom des néo-démocrates ou des créditistes ?
2. Puisque la province de Québec était visiblement opposée à la participation, pourquoi ses députés ont-ils voté pour la participation ?
3. Pourquoi ne vouliez-vous pas voir vos électeurs - avant de connaître l'attitude du gouvernement ? Un député est-il le délégué du gouvernement aux électeurs seulement, et non pas le délégué des électeurs au gouvernement ?
4. Si le parlement a trouvé le moyen de faire l'union et d'agir si vite pour les problèmes de la guerre européenne, pourquoi ne pouvait-il faire de même pour attaquer la dictature économique qui, depuis dix ans, surtout, nous a fait beaucoup plus de mal que la dictature de Hitler ?
5. Si l'on a des produits à exporter aux alliés pour la conduite de la guerre, pourquoi ne pouvait-on, pas trouver, en dix ans, le moyen de nourrir et habiller convenablement nos gens dans nos propres maisons ?
Monsieur Bertrand déclara ces questions hors du sujet et inopportunes pour le moment, et assura qu'il ne laisserait pas la discussion dévier vers le terrain économique. C'est pourtant un terrain qui nous intéresse tous de très près et en tout temps.
Plantagenet, Ont.
Moïse GROULX