Voici de larges extraits de la conférence donnée, le 20 septembre 2010, par le Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, et chef de la délégation du Saint-Siège, à New York, au sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement sur les objectifs de développement du Millénaire (OSM).
Le Cardinal a rappelé qu’en l’an 2000 tous les chefs d’Etat des Nations Unies ont reconnu que «la lutte internationale contre la pauvreté devrait s’étendre aux aspects «plus spécifiquement ‘humains’ du développement, comme l’élimination de la pauvreté, la promotion de l’instruction, la garantie d’une assistance sanitaire, les services sociaux et les mêmes opportunités d’emploi, le soutien à une gestion responsable de l’environnement».
Malgré des «signes encourageants» concernant l’atteinte de ces objectifs, a-t-il reconnu, «moins de la moitié des pays frappés de malnutrition chez les enfants pourra se défaire de cette plaie avant 2015», l’année fixée au départ pour l’atteinte de ces objectifs.
Il reste encore beaucoup à faire pour entretenir et renforcer la mobilisation politique, par le biais d’une solidarité économique et financière continue, pour garantir l’accès aux ressources.
Il faut travailler sérieusement pour libérer les pays pauvres de leurs dettes et éviter que ne se vérifient certaines situations d’usure internationale qui ont caractérisé les dernières décennies du XXème siècle.
Le cardinal Turkson a donc proposé quelques lignes d’action pouvant aider la communauté internationale à mettre fin à cette plaie de la pauvreté et à garantir un monde plus juste pour tous.
«Les pays développés et les économies émergentes devraient faire preuve de ‘générosité’ en gardant leurs marchés ouverts, sans demandes excessives de réciprocité commerciale, de manière à permettre aux pays pauvres de progresser vers une indépendance économique et de favoriser leur développement économique et social», a-t-il souligné.
«Un partage constant des connaissances dans des domaines comme la science et la technologie doit également être garanti aux pays pauvres afin qu’ils puissent, à eux seuls, résoudre efficacement leurs problèmes d’assistance sanitaire au niveau local et diversifier leur production agricole et industrielle».
«Tous les gouvernements, que ce soit des pays développés ou des pays en voie de développement, doivent accepter leur responsabilité en matière de corruption et faire face au comportement déconsidéré, et parfois immoral, du monde des affaires et de la finance, face également à l’irresponsabilité et l’évasion fiscale, de manière à garantir le domaine de la loi et promouvoir les aspects humains du développement ».
«Par ailleurs, sur leurs propres territoires, les gouvernements, qu’il s’agisse des pays donateurs ou des pays bénéficiaires, ne devraient pas interférer ou entraver le caractère particulier et l’autonomie des organisations religieuses et civiles, mais encourager respectueusement ces réalités, les soutenir financièrement le plus possible».
Pour toutes ces raisons le cardinal a souligné que toute tentative de se servir des Objectifs de Développement du Millénaire pour répandre et imposer des modes de vie égoïstes ou pire encore, des politiques démographiques comme moyen bon marché pour réduire le nombre des pauvres, serait malveillant et guère clairvoyant.
L’ouverture moralement responsable à la vie représente un riche bien économique et social, a-t-il déclaré.
Les OSM devraient être utilisés pour combattre la pauvreté et non pour éliminer les pauvres !
«Le Saint-Siège, a rappelé le cardinal Turkson, réaffirme sa conviction selon laquelle les hommes et les femmes vivant aujourd’hui dans la pauvreté ne pourront s’en sortir que si les OSM sont compris et poursuivis en harmonie avec des standards moraux, objectifs et la nature humaine».
Donnez aux pays pauvres un cadre amical au niveau financier et commercial et aidez-les à promouvoir la bonne gouvernance et la participation de la société civile, et l’Afrique ainsi que les autres régions pauvres du monde contribueront au bien-être de tous.