Responsable, à qui ?

Louis Even le jeudi, 01 mai 1941. Dans Politique

"Je sais ce que je dois faire, et par devant Dieu je le ferai." (Maréchal Pétain)

C'était lors de l'effondrement de la résistance française devant des forces supérieures. Alors que les politiciens francs-maçons et juifs se cachaient, fuyaient ou acceptaient de sacrifier l'identité de la France à la fusion avec l'empire britannique. Le maréchal, prenant avec lui le général-en-chef Weygand, alla se prosterner devant l'autel, dès l'aube de ce quatorzième jour de juin 1940.

Heure historique où Dieu se pencha vers la France qu'il avait tant aimée, vers la France dont l'histoire enregistre de beaux gestes pour le règne de Dieu dans le monde. Et Dieu vit ce grand Français prosterné devant lui, avec le général qui tenait l'épée humiliée de la France. Et Dieu parla à Pétain.

Dieu lui parla. C'est en se relevant de son acte de chrétien que le vieux maréchal dit au général : "Je sais maintenant ce que je dois faire, et par devant Dieu je le ferai."

Et Pétain le fait.

Certains niais n'y comprennent rien. Ils voient une catastrophe dans un balayage. La victoire de 1918 laissa des irresponsables à la tête de la France. La défaite de 1940, par la miséricorde divine, a donné à la France un chef responsable.

Le sens de la responsabilité a tellement disparu du domaine politique que c'est presque un scandale de le voir renaître. Ce sens de la responsabilité né de l'intention pure et de la vision droite.

Responsable de quoi ? Dans le cas de Pétain, responsable de la France et des Français. Responsable à qui ? À Dieu. Cette responsabilité-là méprise les obstacles, engendre l'héroïsme et va jusqu'au martyre.

Comparez avec le vocabulaire démocratique : responsable au parlement, responsable au peuple, responsable à l'électorat.

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La responsabilité. Pour le dictateur, c'est une question de vie ou de mort. S'il donne des résultats, le peuple le suit. S'il trompe, s'il erre, s'il flanche, s'il échoue, le peuple le tue ou le force à s'exiler.

Pour le chrétien, c'est une question de vie ou de mort éternelle. S'il accomplit son devoir "par devant Dieu", il louera Dieu dans la gloire toute l'éternité, quelles que soient les difficultés dressées sur sa route ici-bas, quoi qu'on dise de lui et quoi qu'on fasse de sa vie temporelle. S'il recule devant son devoir, s'il poursuit des fins de lucre ou d'égoïsme, s'il sacrifie des êtres humains à des intérêts d'argent ou de parti, il s'engage sur la voie qui conduit au royaume de Satan.

Et le politicien qu'on connaît, le produit des clubs politiques, l'esclave des caisses électorales ? Qu'est pour lui la responsabilité ? Quel objectif le hante depuis son entrée dans l'arène électorale jusqu'au jour du scrutin d'abord ; depuis son élection, s'il réussit, jusqu'à l'expiration de son terme, de ce qu'il appelle son mandat ?

Que consulte-t-il ? Qu'envisage-t-il comme récompense, et qu'envisage-t-il comme châtiment ? Sous notre régime tant vanté, une administration peut donner le pire fiasco : ceux qui la composent gardent leur plein salaire et n'ont à craindre d'autre punition qu'un terme de repos. Et encore, la cabale bien financée peut leur faire éviter cette pénitence.

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Responsables

Combien de nos députés, de nos ministres se tiennent responsables devant Dieu du jeune homme sans avenir qui, d'un jour à l'autre, s'enfonce davantage dans le découragement et dans l'engourdissement des forces les plus précieuses ? Combien se tiennent responsables devant Dieu du chômeur, du pauvre qui ne mange pas à sa faim, qui porte des vêtements usés et des chaussures trouées, qui couche dans un taudis, parfois sans lit et sans feu en plein hiver canadien ?

Combien de nos députés, de nos ministres catholiques de la province de Québec font leur examen de conscience chaque jour, pour se demander où ils ont mis de l'ordre dans la société, qui ils ont écouté et protégé, de la victime ou du bourreau ? Combien, la main sur la conscience, peuvent regarder en toute confiance le Père céleste et rendre compte, à Lui, de leur mandat : "Par devant vous, mon Dieu, j'accomplis mon devoir, je vois à ce que tous vos enfants obtiennent leur pain quotidien, je chasse les vendeurs du temple, je renverse les tables où les fils de Mammon décrétaient la privation pour les familles de ma province." Combien peuvent signer ça, depuis le premier-ministre jusqu'au dernier membre de l'opposition ?

Combien des catholiques qui président à un ministère ou occupent un siège au parlement assument le soin de mettre réellement les encycliques en application ? Lesquels peuvent dire qu'ils ont fait leur part, toute leur part de ministre ou de législateur, pour redresser un système économique et social dans lequel un nombre considérable d'hommes éprouvent les plus grandes difficultés à opérer leur salut éternel ?

L'œil sur l'indemnité de $2,500, de $4,000, sur les honoraires de $6,000 ou de $10,000, sur les conditions d'accès à la caisse électorale, ne remplacera jamais l'œil chrétien fixé sur Dieu. Les directives puisées dans les caucus de partis ne vaudront jamais celles que, comme Pétain, un homme droit va chercher devant le Tabernacle.

Quand donc la responsabilité à Dieu deviendra-t-elle la formule de nos hommes d'État ?

La responsabilité à l'électorat ! Demandez aux femmes et aux hommes aux prises avec la misère quand l'abondance les entoure, demandez-leur ce qu'a donné au peuple cette responsabilité-là.

Le peuple maître en démocratie ! Belle enseigne à graver sur les maisons où grouille un capital humain beaucoup plus maigrement rationné que les animaux de nos fermes de démonstration provinciales.

Gouvernement responsable au peuple ! Devise flamboyante à inscrire en tête de toutes les obligations et débentures qui hypothèquent le peuple aux faiseurs d'argent.

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La responsabilité à Dieu fait des hommes, de vrais hommes, du haut au bas de l'échelle ; des hommes d'autant mieux serviteurs du bien commun qu'ils sont plus élevés dans la hiérarchie : Que celui d'entre vous qui veut être le premier se fasse le serviteur de ses frères.

La responsabilité dite à l'électorat a surtout fait des gouvernements valets, "déchus de leurs nobles fonctions et devenus les fidèles serviteurs des puissances d'argent, des intérêts privés."

Mais ces réflexions dénigrent la démocratie, la démocratie pour laquelle on se bat !

La démocratie, si elle signifie le bien de la société, de tous les membres de la société, des petits et des faibles comme des grands et des puissants, cette démocratie-là fut apportée au monde bien avant Jean-Jacques Rousseau et bien avant le suffrage universel. Si l'on en doute, qu'on re-consulte l'Évangile ou, si l'on veut, le petit catéchisme.

L'initiateur du Crédit Social, le major Douglas, écrit qu'on n'a fait que des essais de démocratie et que, pour l'instaurer à plein, il faudra d'abord développer chez l'individu le sens de la responsabilité.

Nos lecteurs le comprennent, parce qu'ils comprennent le Crédit Social. Et parce qu'ils sont catholiques, ils savent à quelles sources puiser pour alimenter infailliblement le sens de la responsabilité.

Belle parole à méditer en célébrant l'anniversaire des encycliques : "Je sais ce que je dois faire, et par devant Dieu je le ferai."

Louis Even

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