Progrès contrarié

Louis Even le mercredi, 01 juillet 1942. Dans Politique

"Le progrès contrarié de l'humanité va dans le sens de l'émancipation humaine, non seulement dans l'ordre politique, mais aussi dans l'ordre éco­nomique et social ; en telle sorte que les diverses formes de servitude, par lesquelles un homme est au service d'un autre homme pour le bien particulier de celui-ci, soient peu à peu abolies a mesure que l'histoire humaine approche de son terme. Ce qui suppose, non seulement le passage à des états d'organisation meilleurs, mais aussi le passage à une conscience meilleure de la dignité de la per­sonne humaine en chacun de nous et de la primau­té de l'amour fraternel parmi toutes les valeurs de notre vie. Ainsi avançons-nous vers la conquête de la liberté." (Jacques Maritain, Les droits de l'homme et la liberté naturelle).

Le progrès contrarié de l'humanité : qu'est-ce qui contrarie surtout ce progrès dans l'ordre éco­nomique ? Et quelle n'est pas la répercussion, sur l'ordre politique et social, de l'entrave au progrès ainsi placée dans l'ordre économique ?

Le progrès mécanique, qui place des esclaves d'acier et des formules chimiques au service de la production, devrait contribuer pour sa part à l'a­bolition graduelle de la servitude qui place un homme au service d'un autre homme. Le dividen­de national, fruit légitime de ce progrès, rempla­cerait graduellement les salaires, à mesure que la machine remplace le labeur humain. Quel règle­ment empêche cette émancipation, cette conquête de la liberté, en tant au moins que l'ordre écono­mique est concerné ? Qui a intérêt à maintenir l'obligation de la servitude, et pourquoi tant d'in­fluences alignées pour protéger ces intérêts égoïs­tes ?

Louis Even

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