L'ordre social temporel chrétien - Personne humaine et loi

Père Thomas M. Landry, o.p. le lundi, 01 janvier 1940. Dans L'ordre social temporel chrétien

Personne humaine et loi

Les réflexions précédentes nous ont fait voir que la société se compose de personnes humaines naturellement sociables qui se groupent et agissent de concert pour réaliser ce qu’on appelle un bien commun. Encore faut-il pour y parvenir qu’elles y soient entraînées par un pouvoir supérieur ou par une autorité compétente. Autorité qui ne doit pas se contenter d’exister, mais encore, qui doit agir dans la pleine connaissance et l’entière acceptation de ses droits et de ses devoirs. Si l’on tient compte de la diversité des biens communs à réaliser et, en conséquence, de la différenciation des sociétés au sein desquelles la personne humaine doit épanouir sa vie propre, il faut conclure que des "autorités" distinctes sont nécessaires pour la famille, l’État, la communauté temporelle des nations et pour l’Église. Or, c’est par ce qu’on nomme la "loi" que toute autorité doit conduire les personnes humaines au bien, créer l’état de société et constituer l’ordre social.

1. La personne humaine ne peut réaliser le bien commun que si l’autorité l’y mène par la loi,

a) Pour arriver au bien commun, la personne humaine, si elle doit être soumise à l’autorité dont la mission est de le promouvoir, doit être dirigée et "atteinte" selon sa nature.

b) Douée d’une nature spirituelle, c’est donc par l’intelligence et par le cœur qu’elle devra recevoir les orientations et les impulsions requises pour l’entraîner au bien commun.

c) Comme on ne prend contact avec l’esprit que par la pensée et avec un cœur que par l’amour, l’autorité devra se servir de la pensée et de l’amour pour mettre les personnes humaines en relation directe avec le bien commun.

d) Cette pensée, cet amour seront dans le cas un plan d’action, puisqu’il est question d’agir ; de plus, un plan d’action concertée ou d’action sociale, puisqu’il s’agit d’entraîner vers un bien commun et de mettre de l’ordre au sein d’une activité collective.

e) Or, ce plan d’action imposé par l’autorité en vue d’un bien commun est précisément ce qu’on appelle une "loi".

"La loi est une technique rationnelle d’action commune établie en fonction du bien social par celui qui a la charge de la communauté et imposée par promulgation à la collaboration de tous." (Laversin, o.p.)

2. La personne humaine ne peut poursuivre différents biens communs que si les autorités distinctes qui en sont chargées portent des lois différentes et appropriées.

a) L’homme doit faire partie de plusieurs sociétés parce qu’il y a plusieurs différents biens communs à poursuivre simultanément sous la direction de différentes autorités qui en ont la garde.

b) Or, pour atteindre et faire atteindre ces biens communs, les autorités compétentes doivent élaborer des plans correspondants d’action concertée, différentes "techniques rationnelles".

c) Il y aura donc diversité de lois et de droits, des statuts distincts pour la famille, la cité, la communauté internationale et pour l’Église.

d) Ces lois devront être hiérarchisées selon l’importance des différents biens communs qu’elles assurent et la compétence des autorités distinctes qui les promulguent.

3. La personne humaine, enfin, ne pourra vivre parfaitement en société que si elle suit les lois de toutes les autorités chargées de la diriger vers sa destinée éternelle et la félicité temporelle.

a) C’est d’abord la loi naturelle qui, en l’homme, est une réfraction de la sagesse ou de la loi éternelle de Dieu.

b) Ensuite, c’est la loi divine, que l’homme reçoit aujourd’hui par l’autorité de l’Église pour le diriger vers son salut éternel.

c) Ce sont enfin les différentes lois humaines qui doivent lui faire poser les actions requises pour son bonheur terrestre.

Père Thomas-M. LANDRY, o.p.

Père Thomas M. Landry, o.p.

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