L’ordre social temporel chrétien - 3ème partie

Père Thomas M. Landry, o.p. le vendredi, 01 décembre 1939. Dans L'ordre social temporel chrétien

III - Personne humaine et bien commun

Toute société temporelle se compose de personnes humaines déchues et sauvées. Ces personnes humaines sont "naturellement" sociables. Par besoin de donner et par besoin de recevoir, puisqu’une personne humaine est à la fois un monde de richesse et de pauvreté. De là cette requête de vie en société inscrite au plus profond de l’homme pour lui permettre de s’épanouir jusqu’à la perfection.

Il faut voir maintenant autour de quoi vont graviter toutes les énergies de la personne humaine en travail de vie sociale. C’est ce qu’on appelle le "bien commun", parce que c’est à partir du bien dit "commun" et pour lui que les personnes doivent se livrer à une action concertée et se mettre en état de société.

1. La personne humaine n’agit que par un bien.

a) Pour une fin d’abord, qui attire par sa perfection et sa plénitude.

b) Pour une fin connue et aimée, selon les exigences de la nature humaine.

c) Concrètement : pour Dieu, le bien universel incréé et surnaturel ; pour la possession personnelle de ce Dieu, pour le maintien du monde, de la vie ; pour la vérité, la vertu, la culture ; pour les richesses matérielles.

2. Or, il ne peut pas se faire que ces biens recherchés par la personne humaine ne soient pas et ne doivent pas être des biens "communs".

a) Communs, en ce sens d’abord qu’il y a une multitude d’hommes, les uns à côté des autres, qui les désirent, les recherchent, les obtiennent ou doivent le faire.

b) Communs, plus encore en ce sens que les personnes humaines doivent les rechercher et les "réaliser", non seulement les uns à côté des autres, mais les uns avec les autres, grâce à un concours mutuel, à une action "commune".

c) Bien communs, surtout et enfin en ce sens que, si on les considère eux-mêmes, il faut remarquer la valeur spéciale qui les rend tout à fait distincts des biens particuliers à chaque personne prise en ses parties composantes ou dans ce qu’on appelle son "individualité". Le bien commun n’est pas fait de la somme des biens particuliers du corps et de l’âme. Il est formé par l’ordre universel et humain du monde et de l’homme. C’est pour lui d’abord que la personne humaine est construite et c’est lui qu’elle doit rechercher en premier lieu.

3. Il y a différents biens communs nécessaires au plein épanouissement de la personne humaine.

a) Ils se différencient soit en leur nature même, soit par la volonté réfléchie des hommes : biens communs de l’univers, Dieu et l’ordre du monde ; biens communs international, national, familial ; biens communs de telles ou telles institutions à l’intérieur de la cité.

b) Ils se hiérarchisent, selon leur valeur propre et selon les perfections que la personne humaine y trouve.

c) Ils distinguent enfin et constituent les différentes sociétés nécessaires à l’épanouissement supérieur de la personne humaine parce qu’ils en sont la fin déterminante : la communion des saints et l’Église, la communauté des nations, la cité ou l’État, la famille et les institutions intermédiaires.

Le bien commun devient ainsi le bien premier de la personne humaine. Il fonde et forme toute activité sociale comme tout "ordre social".

Père Thomas-M. LANDRY, o.p.

Père Thomas M. Landry, o.p.

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