Notre Réjean Lefebvre, pèlerin à plein-temps pour l’œuvre de Vers Demain depuis 1964 et un de ses plus grands apôtres, s’est envolé paisiblement au Paradis, à 23 heures et 5 minutes, jeudi, le 19 octobre 2017, à l’âge de 69 ans, en présence de sa sœur bien-aimée, Jacqueline, infirmière, qui l’a aidé énormément tout au long de sa triste maladie.
Nous ne doutons pas qu’il se soit envolé tout droit au Ciel, car il était bien préparé, il s’est confessé, il a reçu le sacrement des malades (extrême-onction) trois fois, un sacrement qui efface toutes les peines dues aux péchés. Tout au long de sa vie de Pèlerin de saint Michel, il assistait à la sainte Messe et communiait tous les matins, il était présent à toutes les prières de la communauté : laudes, chapelet de saint Michel, deux chapelets du Rosaire, prières avant et après les repas, chapelet de la Miséricorde Divine, vêpres, etc. Il portait sur lui le chapelet, la médaille miraculeuse et le scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel, dont Notre-Dame a promis qu’elle délivrerait du purgatoire, le samedi après sa mort, l’âme de celui qui le portait.
Tous les Pèlerins de saint Michel à plein temps, y compris Réjean, sont consacrés « esclaves de Marie » c’est-à-dire totalement donnés à la Sainte Vierge (Totus tuus, comme saint Jean-Paul II). Nous entendions souvent Réjean fredonner : « Ô ma Reine, Ô Vierge Marie... » Oui, il était tout à Elle. Il avait hâte d’aller La voir.. Deux fois il m’a dit : « Cessez de me retenir par vos prières pour obtenir ma guérison, demandez plutôt à M. Even de venir me chercher. »
Le lendemain de sa mort, il m’est arrivé sur mon ordinateur une parole du Pape François, tirée de sa catéchèse du mercredi, sur l’espérance chrétienne : « La mort n’est pas pour l’espérance chrétienne une fin absurde, mais un commencement glorieux pour la vie éternelle. »
Réjean est né le 29 septembre 1948 dans une grande famille catholique et créditiste de 12 enfants, et demeurait à Ste-Thérèse de Blainville. Ses parents, Léonidas Lefebvre et Régina Guay, étaient déjà très actifs dans l’œuvre de Vers Demain. Ils venaient aux assemblées de Montréal, au « Buffet Paris » et ils y amenaient leurs enfants. C’est pourquoi trois Pèlerins de saint Michel sont sortis de cette famille. Le père de Régina Guay, François-Xavier Guay, comptait aussi parmi les premiers disciples de Louis Even.
Ayant vécu dans cette ambiance de charité et de don de soi, comprenant surtout la priorité de l’œuvre de Vers Demain pour donner justice aux pauvres qui crèvent de faim, Réjean, dès qu’il eut atteint ses 15 ans, décida de suivre l’exemple de ses deux frères aînés Marcel et Gérald, et se donna tout entier à plein temps comme eux, pour ce bel idéal. C’était pour la vie. Jamais nous l’avons vu regarder ailleurs et se poser des questions sur sa vocation, il était bien chez lui, mais il n’est pas resté à la maison. Il s’est lancé à l’action avec courage et détermination sans arrêt. On l’appelait le « bulldozer ».
Il fut l’un des plus grands apôtres au porte en porte. Toute personne qu’il rencontrait, quasi immanquablement, il l’abonnait à Vers Demain. Il avait la ferme conviction qu’il rendait un grand service à cette personne, il savait que Vers Demain est porteur d’une grande lumière.
Avec toute la force de sa jeunesse, jubilant d’enthousiasme, Réjean s’est lancé à l’apostolat sur la route en conquérant pour visiter les familles, de porte en porte, son chapelet d’une main et son Vers Demain de l’autre, parcourant toutes les régions du Canada, d’Halifax à Vancouver. Avec le même zèle, le même dynamisme il est allé plusieurs fois en France exercer son fructueux apostolat, mendiant humblement ses couchers et repas dans les familles. On l’accueillait avec plaisir, sa jovialité plaisait à ses hôtes, il récitait une dizaine de chapelet avec eux et il les abonnait à Vers Demain.
Comme tous les autres Pèlerins à plein temps, au bout de deux mois d’apostolat intense dans une région, notre Réjean revenait au bureau, avec une enveloppe chargée d’abonnements. Dans l’Ouest Canadien, avec son compagnon, il prenait des 100, 125 abonnements par jour. ll restait au bureau quelques jours, juste le temps de se faire un nouveau programme et repartir encore avec autant de feu pour deux autres mois à la conquête d’une autre région. Et cette manière admirable, mais épuisante, d’exercer son apostolat a duré plus de 48 années.
Épuisé, il s’est retiré à la Maison Saint-Michel pour continuer son apostolat dans les alentours, tout en occupant de multiples autres fonctions, il réparait les automobiles, aidé de M, Donat Bernier de l’Abitibi, et de M. Émile Boutin, de Lévis. Il quêtait de la nourriture pour les Pèlerins à plein temps qui sont tous bénévoles et pour les assistants à nos sessions d’étude qui sont tous reçus gratuitement. Il allait chercher et retourner ces derniers à l’aéroport. Il faisait les commissions pour tous, conduisait les autres Pèlerins sans permis de conduire, s’il y avait un problème la nuit Réjean se rendait sur les lieux pour le régler. En hiver quand une tempête de neige avait rendue les routes impraticables, Réjean se levait avant les autres et sautait sur le tracteur pour enlever la neige afin de permettre aux Pèlerins d’aller à la Messe à l’église. Enfin, il était toujours disposé à rendre service à quiconque était dans le besoin.
Réjean portait le béret blanc avec fierté et il le faisait porter aux autres créditistes. Le béret blanc est la réplique de notre drapeau. En 1949, pour le congrès d’Asbestos, nos directeurs M. Louis Even et madame Gilberte Côté-Mercier avaient demandé aux créditistes d’inventer un moyen de propagande pour afficher nos convictions créditistes en vue de les faire connaître aux autres. Pierre Bouchard, d’Arvida, et le groupe de cette région étaient arrivés au congrès tous coiffés d’un béret blanc portant l’emblème de notre drapeau blanc, rouge et or. Idée géniale. Le béret blanc a été adopté à l’unanimité.
Pour la propagande nous installions un grand drapeau sur le pare-choc de nos automobiles, et sur le toit de nos maisons. Réjean en a installé un grand nombre sur les toits et sur les automobiles, c’était excellent, tout le monde les voyait. Mais quand nous n’avions pas de voiture, que faut-il faire ? Le béret blanc est l’idéal pour les personnes à pied. Quel bon moyen de propagande et aussi pour nous identifier au porte en porte ! Notre beau béret porte les couleurs du Rosaire. Nous ne le savions pas quand il a été conçu, quel honneur de porter un tel béret !
Toujours brûlant du feu de son idéal, il a continué son apostolat à l’hôpital avec ses voisins de chambre, ses infirmières et ses docteurs. Il a même abonné un visiteur de son voisin de chambre. Ne pouvant mettre son béret blanc, il l’a épinglé sur le tableau en face de son lit. Il a témoigné jusqu’au dernier soupir. Il n’est pas mort, il est plus vivant que jamais, et nous savons qu’il nous aidera davantage avec des forces revenues à ses 15 ans...
Le corps de Réjean a été exposé à la Maison de l’Immaculée (maison des hommes à plein temps), devant la grande statue de la sainte Vierge, près de la chapelle, dans un beau décor, du jeudi soir 26 octobre à samedi le 28 jusqu’à 15 heures, heure de la Messe des funérailles, à l’église paroissiale St-Michel de Rougemont. Les funérailles ont été d’une beauté exceptionnelle, la chorale s’est surpassée. Le corps de Réjean a été inhumé au cimetière des Pèlerins de saint Michel.
Un grand nombre de Pèlerins de saint Michel et d’amis sont venus une dernière fois témoigner leur affection à Réjean. Nous invitons tous ces anciens Pèlerins que nous n’avions pas vus depuis plusieurs années, à revenir nous prêter main forte, L’Œuvre a besoin d’eux, venez aux sessions d’étude, amenez-y vos enfants.
Avec ce bon monde, la cérémonie a pris une allure de fête plutôt que de deuil. Certaines funérailles actuelles n’ont plus aucun aspect religieux ; Nos Canadiens, pourtant baptisés, devraient revenir au bon sens, et demander de vraies funérailles catholiques avec Messe. Croit-on encore en la vie éternelle ? C’est bien triste de se priver d’un tel bonheur éternel.