Dans les années 1934-35, Louis Even était à l'emploi de Garden City Press, à Sainte-Anne de Bellevue. C’était un homme de grand talent et surtout un apôtre. Il travaillait d'une manière efficace à la promotion des ouvriers en leur donnant des cours le soir, après ses longues journées de travail à la typographie et comme contremaître. C’est pendant cette période qu’il découvrit le Crédit Social en lisant la brochure « From Debt to Prosperity ». « Une grande lumière sur mon chemin, dit Louis Even, il faut que tout le monde connaisse cela. » Il venait de comprendre comment solutionner la crise économique, cause de tant de malheurs. Il commença par aller donner des conférences un peu partout dans la province de Québec par ses soirs et ses fins de semaine. II traduisait des articles sur le Crédit Social qu'il faisait paraître dans le journal de Garden City Press, « Le Moniteur ». En 1936, il fonda lui-même « Les Cahiers du Crédit Social » qu'il vendait 5 sous l'unité, et qu'il donnait plus souvent qu'il ne les vendait. En mars 1937, Gilberte Côté joignait les rangs de Louis Even pour propager elle aussi cette lumineuse doctrine du Crédit Social. En 1938, Louis Even quitta définitivement son emploi, et par conséquent, son salaire, en plein temps de crise, pour se lancer à l’apostolat bénévolement, quêtant ses couchers et repas.
C'est en septembre 1939 que paraissait le premier numéro de « Vers Demain », fondé par Louis Even et Gilberte Côté. Il y a donc 65 ans que les « Bérets Blancs » parcourent les routes du Canada et du monde entier pour aller porter à la population le message de « Vers Demain ».
Mais justement, quel est le message de « Vers Demain » ? Dans quel but ce journal a-t-il été fondé, quels étaient les intentions, les objectifs de ses fondateurs ? Ce message, cet objectif, c'est encore le même en 2004 qu’au tout début, en 1939 : promouvoir le développement d'un monde meilleur, une société chrétienne, par la diffusion et l'application de l'enseignement de l'Eglise catholique romaine — et cela dans tous les domaines de la vie en société. La poursuite d'un monde meilleur : c'est précisément pour cette raison que les fondateurs du journal l'appelèrent « Vers Demain » ; ils voulaient travailler à bâtir un demain meilleur qu'aujourd'hui.
Louis Even était lui-même un grand catholique, et il était convaincu qu'un monde meilleur ne pourrait être bâti autrement que sur les principes éternels de l'Evangile du Christ et sur les enseignements de Son Eglise — l'Eglise catholique romaine — avec en tête son chef visible sur la terre, le Souverain Pontife, qui est aujourd'hui Jean-Paul II.
Les objectifs de « Vers Demain » sont d’ailleurs clairement affichés en première page à chaque numéro, tout juste en bas du titre. On y lit, à gauche : « Journal de patriotes catholiques, pour le règne des Cœurs de Jésus et de Marie, dans les âmes, les familles et les pays. » Et à droite : « Pour la réforme économique du Crédit Social, en accord avec la doctrine sociale de l'Eglise, par l'action vigilante des pères de famille, et non par les partis politiques » (ce qui signifie, entre autres, que le « Crédit Social » dont il est question ici n’est pas un parti politique, mais une réforme économique qui pourrait être appliquée par n’importe quel parti au pouvoir).
« Vers Demain » est donc un journal de patriotes catholiques, où il est aussi question de réforme économique, de « Crédit Social ». Pourquoi ? « Qu'est-ce que cela a affaire avec la religion ? », diront certains. Le système dit du « Crédit social » n'est rien d'autre qu'une méthode, un moyen de mettre en application la doctrine sociale de l'Eglise, qui fait partie intégrante de l'enseignement de l'Eglise. En cela, « Vers Demain » ne s'éloigne donc pas de son but premier, qui est de « promouvoir le développement d'une société plus chrétienne par la diffusion de l'enseignement de l’Egilse catholique romaine. »
Si l'Eglise intervient dans les questions sociales, et a développé un ensemble de principes connus sous le nom de « doctrine sociale de l'Eglise », c'est essentiellement parce que, comme le disait le Pape Benoît XV, « c'est sur le terrain économique que le salut des âmes est en danger ». Son successeur immédiat, le Pape Pie XI, écrivait aussi :
« Il est exact de dire que telles sont, actuellement, les conditions de la vie économique et sociale qu'un nombre très considérable d'hommes y trouvent les plus grandes difficultés pour opérer l'œuvre, seule nécessaire, de leur salut. » (Encyclique Quadragesimo Anno, 15 mai 1931).
Pie XII s'exprimait aussi de manière semblable : « Comment pourrait-il être permis à l'Eglise, Mère si aimante et soucieuse du bien de ses fils, de rester indifférente à la vue de leurs dangers, de se taire ou de feindre de ne pas voir et de ne pas comprendre des conditions sociales qui, volontairement ou non, rendent ardue et pratiquement impossible une conduite chrétienne conforme aux commandements du souverain législateur ? » (Radio-message du 1er juin 1941). Et ainsi parlent tous les Papes, y compris Jean-Paul II aujourd'hui.
Que les âmes se perdent à cause des conditions économiques, cela est très facile à comprendre : un minimum de biens matériels est nécessaire à l'homme pour accomplir son court pèlerinage sur la terre, car si Dieu a créé l'homme avec une âme immortelle, II l'a aussi créé avec des besoins matériels : se nourrir, se vêtir, se loger. Mais pour pouvoir se procurer nourriture, vêtements et logement, l'homme doit avoir de l'argent pour les payer. Sinon, les produits pourriront sur les tablettes, et la personne sans le sou crèvera de faim.
En d'autres mots, l'argent est le droit de vivre pour l'individu : sans argent, c'est la mort à brève échéance. Ceux qui ont le pouvoir de créer l'argent — les banquiers — contrôlent donc littéralement nos vies, comme le mentionnait avec raison le Pape Pie XI dans son encyclique Quadragesimo Anno en 1931 :
« Ce pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres absolus de l'argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent le sang à l'organisme économique, dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que sans leur consentement, nul ne peut plus respirer. » Quelques lignes plus loin, le Pape ajoutait que les « gouvernements sont tombés au rang d'esclaves » et sont « devenus les dociles instruments » des puissances de l'argent.
Ce contrôle de l’argent par des intérêts privés est la plus grande escroquerie de tous les temps, et a entraîné des conséquences funestes incalculables : crises économiques, guerres, etc. On ne pourra jamais imaginer tout le mal que le mauvais système financier actuel et le manque chronique d'argent a fait et fait encore aux âmes. Ne voici que quelques exemples, qu'on pourrait multiplier à l'infini :
Les journaux ont rapporté récemment que dans une grande ville comme Montréal, un enfant sur trois se présente à l'école sans avoir déjeuné. A l'échelle du globe, ce sont plus d'un milliard sept cent millions d'êtres humains qui fouillent dans les poubelles pour trouver quelque chose à manger et se maintenir en vie. Plus de 100 millions d'enfants dans le monde vivent dans les rues, sans foyer, abandonnés par leurs parents qui ne peuvent plus les faire vivre (au Brésil seulement, ils sont plus de 7 millions d'enfants dans cette situation. En 3 ans, 4 600 de ces enfants vivant dans les rues au Brésil ont été tués par des policiers engagés par les marchands, qui disent que ces enfants importunent les passants sur les trottoirs, ce qui nuit à leur commerce). Chaque jour sur la planète, plus de 40 000 enfants meurent de faim ou de différentes maladies qui ne furent pas soignées, faute d'argent.
Et ce ne sont pas seulement les individus qui ont des problèmes d'argent, mais aussi les gouvernements : des routes devraient être réparées, des hôpitaux agrandis ; les matériaux et travailleurs pour le faire sont là, mais rien ne se fait, puisque que le gouvernement se lamente : « On n'a pas d'argent ! » Une grande ville comme New-York est pratiquement en banqueroute, et doit couper dans les services offerts aux plus démunis. De plus, tous les pays du monde, tant les pays industrialisés que les pays du Tiers-Monde, sont aux prises avec des dettes impayables, une grande partie d'entre eux ne pouvant même plus payer les intérêts sur leur dette.
L'Eglise ne peut rester indifférente à des situations telles que la faim dans le monde et l'endettement, qui mettent en péril le salut des âmes, et c'est pourquoi elle demande une réforme des systèmes financiers et économiques, l'établissement d'un système économique au service de l'homme. Les demandes en ce sens du Pape Jean-Paul II abondent. Déjà, dans sa première Encyclique (Redemptor Hominis, 4 mars 1979), le Pape parlait « d’indispensables transformations des structures économiques... de la misère en face de l’abondance qui met en cause les structures et mécanismes financiers... l'homme ne peut devenir esclave des systèmes économiques... ». Et nous n'ajouterons ici que cette autre citation :
« Je tiens encore à aborder une question délicate et douloureuse. Je veux parler du tourment des responsables de plusieurs pays, qui ne savent plus comment faire face à l'angoissant problème de l'endettement... Une réforme structurelle du système financier mondial est sans nul doute une des initiatives les plus urgentes et nécessaires. » (Message du Pape à la 6e Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement, Genève, 26 septembre 1985.)
L'Eglise présente donc les principes moraux sur lesquels doit être jugé tout système économique et financier. Et afin que ces principes soient appliqués de manière concrète, l'Eglise fait appel aux fidèles laïcs — dont le rôle propre, selon le Concile Vatican Il, est justement de renouveler l'ordre temporel et de l'ordonner selon le plan de Dieu — pour travailler à la recherche de solutions concrètes et l'établissement d'un système économique conforme à l'enseignement de l'Evangile et aux principes de la doctrine sociale de l'Eglise..
C'est pour cette raison que Louis Even décida de propager la doctrine du Crédit Social — un ensemble de principes et de propositions financières énoncés pour la première fois par l'ingénieur écossais Clifford Hugh Douglas, en 1918 (les mots « Crédit Social » signifient « argent social » — un argent émis par la société, en opposition à l'argent actuel qui est un « crédit bancaire » — un argent émis par les banques).
Lorsque Louis Even découvrit la grande lumière du Crédit Social en 1935, il comprit immédiatement jusqu'à quel point cette solution appliquerait à merveille l'enseignement de l'Eglise sur la justice sociale — surtout en ce qui concerne le droit de tous aux biens matériels, la distribution du pain quotidien à tous, par l'attribution d'un dividende social à chaque être humain. C'est pourquoi, dès qu'il connut cette lumière, Louis Even se fit un devoir de la faire connaître à tous.
Jean-Paul II disait aux ouvriers de Sao Paulo, Brésil, le 3 juillet 1980 :
« Une condition essentielle est de donner à l'économie une signification et une logique humaines. Il est nécessaire de libérer les différents champs de l'existence de la dictature d'un économisme asservissant. Il est nécessaire de remettre à leur place les exigences de l'économie et de créer un tissu social multiforme qui empêche la réduction des hommes à une masse. II n'est personne qui soit dispensé de collaborer à cette tâche... Chrétiens, assumez, où que vous soyez, votre part de responsabilité dans cet immense effort de réorganisation humaine de la cité. La foi vous en fait un devoir. »
C'est un devoir et une obligation pour tout chrétien de travailler à l'établissement de la justice et d'un meilleur système économique, et le Pape dit bien que « personne n'est dispensé de collaborer à cette tâche ». Et cela, même si cette tâche s'avère difficile, écrit Jean-Paul II (il ne peut en être autrement, car en attaquant le monopole des contrôleurs de l'argent et du crédit, on attaque la plus grande puissance de ce monde). Malgré les incompréhensions, les contradictions et et les oppositions de toutes sortes, il ne saurait y avoir de place pour le découragement, puisque cette tâche est « urgente et nécessaire », comme il a été dit précédemment :
« Celui qui voudrait renoncer à la tâche, difficile, mais exaltante, d'améliorer le sort de tout l'homme et de tous les hommes, sous prétexte du poids trop lourd de la lutte et de l'effort incessant pour se dépasser, ou même parce qu'on a expérimenté l'échec et le retour au point de départ, celui-là ne répondrait pas à la volonté de Dieu créateur. » (Jean-Paul II, Encyclique Sollicitudo Rei Socialis, n. 30.)
La raison la plus fondamentale pour laquelle chaque chrétien se doit de travailler pour l'établissement d'un meilleur système économique, c'est qu'on sera jugé justement sur ce qu'on aura fait pour nos frères et sœurs dans le besoin, Jésus Lui-même s'étant identifié à ceux qui souffrent : « Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25, 40). La foi chrétienne nous enseigne à voir le Christ dans chacun de nos frères, et d'aimer notre prochain comme on aime le Christ.
Bien sûr, il y a bien des manières de venir en aide à nos frères dans le besoin : donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont soif, loger les sans-abri, visiter les malades et les prisonniers, etc. Certains enverront des dons à des organismes de charité, que ce soit pour aider des pauvres d'ici ou du Tiers-Monde. Mais si ces dons peuvent soulager quelques pauvres pendant quelques jours ou quelques semaines, cela ne supprime pas pour autant les causes de la pauvreté.
Ce qui est infiniment mieux, c'est de corriger le problème à sa source, de s'attaquer aux causes mêmes de la pauvreté, et de rétablir chaque être humain dans ses droits et sa dignité de personne créée à l'image de Dieu, ayant droit à un minimum de biens terrestres. Et rendre à chacun ce qui lui est dû, c'est justement ce en quoi consiste la justice :
« Plus que quiconque, celui qui est animé d'une vraie charité est ingénieux à découvrir les causes de la misère, à trouver les moyens de la combattre, à la vaincre résolument. Faiseur de paix, il poursuivra son chemin, allumant la joie et versant la lumière et la grâce au cœur des hommes sur toute la surface de la terre, leur faisant découvrir, par-delà toutes les frontières, des visages de frères, des visages d'amis. » (Paul VI, Encyclique Populorum Progressio sur le développement des peuples, n. 79)
Louis Even avait découvert la cause de la misère du peuple — la création et le contrôle de l'argent par les banques privées et aussi le moyen de combattre cette escroquerie : l'éducation du peuple.
Les financiers, craignant justement que l'application des idées de Douglas ne mette fin à leur monopole du contrôle de l'argent et du crédit, ont tout fait pour réduire la voix de Douglas et de Louis Even au silence, soit en s'assurant qu'aucun média ne parle du Crédit Social, ou que si les médias en parlent, que ce soit en le déformant pour le tourner en ridicule. Les financiers réussirent à en tromper plusieurs en allant même jusqu'à créer un « parti du Crédit Social », pour faire faussement croire à la population que le seul moyen d'obtenir l'application des principes du Crédit Social était de voter pour un parti portant ce nom, alors qu'en réalité cela ne servait qu'à fermer l'esprit des gens à cette idée.
Pour s'assurer que le message authentique du Crédit Social puisse atteindre la population, et surtout parce que son cœur était rempli d'une grande charité envers son prochain, Louis Even alla jusqu'à quitter son emploi en plein milieu de la crise économique, en 1935, pour fonder son propre journal, « Vers Demain », et donner tout son temps et tout son être à la cause de la justice, se faisant littéralement « pèlerin » sur les routes du pays pour faire connaître à ses frères et sœurs la grande lumière du « crédit social », son exemple et son dévouement entraînant d'autres apôtres à sa suite.
Louis Even n'était pas seulement un génie, mais aussi un apôtre incomparable, et c'est pour cela que le mouvement qu'il a fondé a su passer à travers toutes les persécutions imaginables, le don de soi étant plus fort que tous les millions des banquiers. « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime », est-il écrit dans l’Evangile, et c'est réellement ce que Louis Even a mis en pratique : il n'a pas seulement prêché la charité et la justice, mais il a aussi vécu ce qu'il a prêché.
Les Papes ont dit que le changement des structures économiques ne s'obtiendra que par l'éducation et l'apostolat, par le don de soi et les sacrifices consentis par amour pour le prochain, et c'est exactement la formule que Louis Even a mise de l'avant avec son Œuvre des « Pèlerins de saint Michel » :
« Ces attitudes et ces ‘structures de péché’ ne peuvent être vaincues — bien entendu avec l'aide de la grâce divine — que par une attitude diamétralement opposée : se dépenser pour le bien du prochain. » (Jean-Paul II, Encyclique Sollicitudo Rei Socialis, n. 38.)
Jean-Paul II parle aussi de la nécessité de la grâce divine dans ce combat pour la justice, et c'est ce que Louis Even a compris depuis le tout début : pas de justice possible sans Dieu. D'ailleurs, le crédit social est plus qu'une simple réforme monétaire : c'est un système basé sur l'ordre voulu par Dieu pour la société. Douglas a déjà dit que le « crédit social », c'est la confiance qu'on puisse vivre en société, que la société puisse nous fournir les biens et les services. Autrement dit, c'est la confiance qu'on ne se fera pas tirer sur la rue, qu'on ne se fera pas voler par son voisin, etc. : si les Dix Commandements de Dieu ne sont pas respectés, pas d'ordre ni de vie possibles dans la société.
Mais l'aide divine est surtout nécessaire quand on sait que le but réel des financiers, c'est l'établissement d'un gouvernement mondial qui comprend la destruction du christianisme et de la famille, et que les promoteurs de ce « nouvel ordre mondial » sont en fait menés par Satan lui-même, dont le seul objectif est la perte des âmes. Déjà C.H. Douglas écrivait ce qui suit en 1946, dans la revue The Social Crediter de Liverpool :
« Nous sommes engagés dans une bataille pour le christianisme. Et il est surprenant de voir de combien de façons cela est vrai en pratique. Une de ces façons passe presque inaperçue, sauf dans ses dérivations — l'emphase placée par l'Eglise catholique romaine sur la famille, et l'effort implacable et constant des communistes et des socialistes — qui, avec les Financiers internationaux, forment le véritable corps de l'Antichrist — pour détruire l'idée même de la famille et lui substituer l'Etat. »
Et Louis Even écrivait sur le même sujet, en 1973 :
« Patriotes, les Pèlerins de saint Michel, oui, et ils désirent aussi ardemment que quiconque un régime d'ordre et de justice, de paix, de pain et de joie pour toutes les familles de leur pays. Mais, catholiques aussi, ils savent très bien que l'ordre, le paix et la joie sont incompatibles avec le rejet de Dieu, la violation de ses commandements, le reniement de la foi, la paganisation de la vie, le scandale d'enfants dans des écoles où les parents sont par loi contraints de les envoyer.
« Les Pèlerins de saint Michel, comptant sur l'aide des puissances célestes, ont juré de mettre en œuvre toutes les forces physiques et morales, tous les instruments de propagande et d'éducation dont ils disposent, pour remplacer le royaume de Satan par le royaume de l'immaculée et de Jésus-Christ.
« Dans un engagement contre la dictature financière, on n'a pas seulement affaire à des puissances terrestres. Tout comme la dictature communiste, tout comme la puissante organisation de la franc-maçonnerie, la dictature financière est sous les ordres de Satan. Les simples armes humaines n'en viendront pas à bout. Il y faut les armes choisies et recommandées par Celle qui vainc toutes les hérésies, par Celle qui doit écraser définitivement la tête de Satan, par Celle qui a déclaré Elle-même à Fatima que son Cœur Immaculé triomphera finalement. Et ces armes, ce sont la consécration à son Cœur Immaculé marquée par le port de son Scapulaire, le Rosaire et la pénitence.
« Les Pèlerins de saint Michel sont persuadés qu'en embrassant le programme de Marie, chaque acte qu'ils posent, chaque Ave qu'ils adressent à la Reine du monde, chaque sacrifice qu'ils offrent, contribuent non seulement à leur sanctification personnelle, mais aussi à l'avènement d'un ordre social plus sain, plus humain, plus chrétien, comme le Crédit Social. Dans un tel programme reçu de Marie, tout compte et rien n'est perdu. »
Photos de la procession de la Fête-Dieu sur nos terrains à Rougemont le 22 juin 2003
C'est là qu'on voit toute l'importance et la grandeur de la « Croisade du Rosaire » instituée par Louis Even, qui consiste à visiter les familles pour dire une dizaine de chapelet avec elles, et ensuite leur présenter le journal « Vers Demain ». Louis Even, étant lui-même consacré à Marie depuis l'âge de 17 ans, a compris toute l'importance de la dévotion à la Très Sainte Vierge pour les temps actuels.
La Croisade du Rosaire de porte en porte est une école incomparable qui forme des apôtres qui apprennent à se donner par amour pour leur prochain. C'est par notre exemple que les gens voient que notre message est quelque chose de vrai. En plus de porter aux gens la belle lumière du Crédit Social, nous solidifions les gens dans leur foi catholique, ce qui est plus qu'urgent en face de toutes les sectes qui circulent et font des ravages. De plus, la Très Sainte Vierge avait dit aussi à Fatima que « plusieurs âmes se perdent parce qu'il n'y a personne pour se sacrifier pour elles » : la Croisade du Rosaire est un excellent moyen de faire pénitence et de se sacrifier pour le salut des âmes.
On voit maintenant combien ont tort les personnes qui disent : « Ah ! Moi, je ne m'occupe pas d'économique, de travailler pour la justice sociale et de changer le système financier, ce sont des choses matérielles ; je m'occupe seulement du spirituel, de la réforme des mœurs, je prie le petit Jésus, et cela est bien suffisant. »
Prier est certainement nécessaire, mais s'il y a le grand commandement de l'amour de Dieu, il y a aussi celui de l'amour du prochain ; l'un ne va pas sans l'autre, on ne doit pas opposer l'un à l'autre — d'autant plus que dans notre frère qui souffre, c'est Jésus Lui-même qui souffre. A quoi servirait-il d'honorer Dieu dans l'église, si on le laisse crever de faim à l'extérieur dans la personne de notre frère qui est dans le besoin ?
De plus, ceux qui prétendent ne pas s'occuper des choses matérielles doivent quand même se nourrir, se vêtir et se loger, car en vérité, l'homme a un corps et une âme, il a des besoins matériels et spirituels. Il faut donc s'occuper des deux domaines : la réforme des cœurs et celle des institutions. Pourquoi opposer l'un à l'autre, qu'est-ce qui empêche de s'occuper des deux en même temps ? « Vers Demain » ne néglige ni l'un ni l'autre, puisqu'il prêche un développement intégral de la personne humaine, tant dans ses besoins spirituels que matériels.
Pour un trop grand nombre de chrétiens, la religion se limite à ce qui se passe entre les quatre murs de l'église, et n'a rien à voir avec ce qui se passe à l'extérieur, ne devant aucunement influencer la vie en société. Un tel raisonnement peut bien faire l'affaire des exploiteurs, des tyrans, des ennemis de Dieu et de la justice, mais raisonner ainsi, c'est aussi faire injure à Dieu et à la vérité, le Concile Vatican II qualifiant d'ailleurs cette « séparation de la foi et de la culture » d'une des « plus graves erreurs de notre temps ».
Jean-Paul II dit « qu'il n'y a pas de religion authentique sans recherche de justice » (homélie à Genève, 15 juin 1982). Une religion qui, sous prétexte que le vrai bonheur n'est vraiment qu'au Ciel, dit de ne pas s'occuper de justice, et qui laisse faire les bandits, les escrocs, qui laisse crever le monde de faim en face de l'abondance, c'est une religion qui ne veut rien dire, c'est une religion qui n'est pas catholique. « Vers Demain » veut former des catholiques vrais, des personnes qui pensent et agissent en catholiques partout, dans tous les domaines de la société, et pas seulement à l'église.
Car en réalité, aucun secteur de la vie en société ne doit être fermé à l'enseignement du Christ : tous les systèmes existants doivent être soumis aux règles morales, et mis au service de la personne humaine, y compris les systèmes économiques et financiers. Jean-Paul II déclarait par exemple à Fluëli, Suisse, le 14 juin 1984 :
« En tant que société démocratique, veillez attentivement à tout ce qui se passe dans ce puissant monde de l'argent ! Le monde de la finance est aussi un monde humain, notre monde, soumis à la conscience de nous tous ; pour lui aussi il y a des principes éthiques. Veillez donc surtout à ce que vous apportiez une contribution au service de la paix du monde avec votre économie et vos banques et non une contribution — peut-être indirecte — à la guerre et à l'injustice ! »
En résumé, le combat de Vers Demain est le combat pour le salut des âmes, il ne fait que répéter ce que le Pape et l'Eglise demandent : une nouvelle évangélisation — rappeler les principes chrétiens de base à des chrétiens qui les ont malheureusement oubliés ou qui ont cessé de les mettre en pratique — et une restructuration des systèmes économiques. Etre un Pèlerin de saint Michel dans l'Œuvre de « Vers Demain » est donc la vocation la plus urgente et la plus nécessaire de l'heure. Qui, parmi nos lecteurs, auront la grâce de répondre à cet appel, à cette vocation ? Qu'elle est donc grande et importante, l'Œuvre de Louis Even !