Pendant les guerres napoléoniennes, les fils de Mayer Anselme Rothschild, de Francfort, furent envoyés aux différentes capitales de l'Europe. Nathan se fixa à Londres (où il épousa une sœur de Moïse Montefiore, fondateur de la compagnie d'assurance Alliance). Jacques (le dictionnaire Larousse dit Jacob) s'installa à Paris. Salomon établit ses quartiers-généraux à Vienne (en Autriche), et Karl à Naples (Italie),
De Francfort-sur-le-Mein (Allemagne), leur père finançait les puissances liguées contre Napoléon et, en même temps, les représentants de Napoléon dans l'Europe centrale.
Lorsque, après sa retraite de Russie, Napoléon fut déposé et se retira à l'île d'Elbe, en 1814, les délégués de toutes les nations européennes se réunirent à Vienne pour discuter la fondation d'un Ordre Nouveau en Europe. Le conducteur des délibérations fut le Prince de Metternich, l'homme d'État "le plus brillant" de l'époque.
Metternich favorisait une sorte d'entente fédérale entre les divers États de langue allemande, idée sans doute inspirée, ou au moins cultivée, par celui dont ce prince prenait les conseils en matières "financières", Salomon Rothschild. Le secrétaire privé du prince de Metternich, Herr von Gentz, était même un agent salarié des Rothschilds qui savait fournir aux frères les informations politiques utiles, au lieu et au moment opportuns.
La conférence de Vienne traîna en longueur, mois après mois, et n'était pas finie lorsqu'on appris le retour de Napoléon de l'île d'Elbe, en 1815. Tout le monde prit conscience du danger ; on se hâta de sanctionner des demi-mesures, telle la constitution d'une confédération germanique, dont le siège serait justement la patrie des Rothschilds, Francfort-sur-le-Miein. Metternich insista pour que les Juifs allemands obtinssent le plein droit de citoyenneté et il nomma Mayer Anselme Rothschild Trésorier de la Diète Fédérale à Francfort.
Lorsque, une génération plus tard, Bismark prit son poste de délégué prussien à la Diète Fédérale, il reçut de fréquentes invitations à dîner chez le Trésorier Fédéral, encore un Rothschild, mais enrichi d'un titre de noblesse, Herr von Rothschild. C'est sur la recommandation de Bismark que, plus tard, les Rothschilds furent nommés banquiers de la Cour de Prusse, en reconnaissance des nombreux prêts qu'ils avaient faits au Trésor prussien.
Dès lors, Bismark poursuivit tenacement l'œuvre de fédération de tous les États allemands sous le sceptre de la maison prussienne des Hohenzollerns.
Simultanément, Cavour, ministre des Finances du royaume de Sardaigne, travaillait incessamment à la réalisation de son propre rêve — l'union de tous les États italiens (les États Pontificaux y compris) sous la couronne de la maison de Savoie. "L'homme d'État sarde, écrit Corti dans son histoire de la maison Rothschild, jugea que la guerre était le meilleur moyen d'arriver à l'accomplissement d'un désir qui lui tenait au cœur autant qu'au cœur du peuple de Sardaigne". Jacques Rothschild, de Paris, se chargea de fournir à Cavour le "nerf de la guerre".
Forts de la finance nécessaire, Cavour et Bismark suscitèrent les "casus belli" appropriés et entrèrent en guerre contre leurs voisins. Résultat : en 1870, les États individuels, tant ceux d'Italie que ceux d'Allemagne, furent contraints, "par la force des circonstances", de renoncer à leurs droits souverains, d'abdiquer la gestion de leurs propres affaires.
Des gouvernements fortement centralisés furent établis dans les deux pays. Victor-Emmanuel de Savoie se fit roi d'Italie. Guillaume de Hohenzollern fut couronné empereur d'Allemagne.
Bismark invita l'avocat juif Friedenthal à rédiger la constitution de l'Allemagne fédérée. L'indemnité de guerre, imposée par l'Allemagne à la France vaincue, fut négociée à Versailles entre Gustave de Rothschild au nom du gouvernement français, et le baron von Bleichrœder au nom du gouvernement allemand. Ce baron Bleichrœder était un financier juif, gérant du syndicat berlinois connu sous le nom de "Groupe Rothschild" ; de sorte que des Rothschilds agissaient au nom des deux nations. Lionel Rothschild, de Londres, prêta son appui. Le taux du change facilita pour les Français le paiement de leur indemnité de guerre, par le Rothschild parisien à la branche berlinoise de la maison.
C'est avec 1870 que se termine la fascinante documentation fournie par Corti sur la maison des Rothschilds. Ni les Rothschilds, ni les Sassoons, ni aucune des autres dynasties avec lesquelles ils se sont unis par le mariage et avec lesquelles ils ont coopéré en affaires, ni la grande presse, n'ont manifesté beaucoup d'empressement à transmettre au public, sur les événements courants, l'information d'arrière-scène du genre de celle que Corti a laborieusement extraits des archives d'État et des lettres privées de célébrités européennes.
Ce qui ne veut pas dire que ces maîtres financiers ont cessé de conduire le jeu.
Exactement un siècle après que Salomon Rothschild eut inoculé au Prince de Metternich la manière dont il désirait voir l'Europe réorganisée, le Kaiser Guillaume II (qui fut constamment entouré de liaisons "allemandes" des Rothschilds, tels que les Ballings, les Rathenaus, les Warburgs, etc.) plongeait l'Europe dans la première guerre mondiale.
Il existe chez les financiers internationaux une tendance à s'effacer en apparence, même plus que le commun de leurs contemporains, lorsque survient une guerre. C'est seulement longtemps après la disparition de la fumée et du bruit des batailles que certains renseignements sur leurs activités cachées en rapport avec ces événements tragiques percent et atteignent le public, généralement par les indiscrétions biographiques de militaires et d'hommes d'État retirés.
Ainsi, en 1915, Lord Haldane fut temporairement chargé du Foreign Office. En une occasion, il voulait arrêter un navire neutre, mais suspect, qui avait quitté l'Amérique du Sud pour l'Europe. Il écrit dans ses Mémoires : "Il n'y avait absolument aucune matière sur laquelle baser une action ; le seul moyen à prendre était de faire intervenir une influence privée. Je me rendis à la résidence de Lord Rothschild, à Piccadilly. Je lui dis que je ne venais pas pour avoir un chèque, mais pour faire arrêter un navire. Rothschild envoya un message et le navire arrêta immédiatement."
Dans le Journal de Lord Bertie, on lit : "L'expédition des Dardanelles ne fut connue que d'un tout petit nombre d'intimes du Cabinet. Louis Mallet l'apprit d'Alfred de Rothschild, lequel avait pu cueillir l'information au cours de ses visites quotidiennes à Lord Kitchener, au ministère de la guerre, et à 10 Downing Street."
M. Duff Cooper écrit, dans Haig, que la première nouvelle qu'eut le général Haig de sa promotion au poste de commandant-en-chef, lui vint assez curieusement de son vieil ami Léopold de Rothschild, avec lequel il correspondait régulièrement. Le 7 décembre, ce Rothschild lui écrivait : "Tout a été arrangé d'une manière satisfaisante".
Un neveu de Léopold de Rothschild, Sir Philip Sassoon, fut fait secrétaire-privé de Lord Haig. Sir Philip dut être utile au commandant-en-chef, ne fût-ce que pour établir de bonnes relations avec Georges Clemenceau, dont le secrétaire-privé était M. Mandel-Rothschild.
Le premier faire-part officiel du gouvernement anglais, à l'effet que le gouvernement sanctionnait la fondation d'un foyer juif national en Palestine, prit la forme d'une lettre de Lord Balfour à Lord Rothschild ("Mon cher Lord Rothschild"). Ce simple petit fait en dit long.
Les trois principaux résultats de la première guerre mondiale, on le sait, furent : la révolution bolchévique, la Ligue des Nations et la subjugation financière de la Grande-Bretagne à Wall Street. Dans ces trois directions, il semble y avoir eu coopération intime entre le groupe Rothschild et les magnats financiers des États-Unis.
Les contributions de Wall Street et de Pine Street à la débâcle russe de 1917 sont bien connues. Ce qui l'est moins, c'est que Trotsky put s'échapper et passer en France, en 1934, déguisé en employé d'une banque Rothschild de Paris, à la suite de quelques réunions secrètes tenues entre les bolchévistes Litvinoff et Trotsky et les financiers Baruch et Maurice de Rothschild.
Il est instructif de remarquer les liaisons entre les Rothschilds et la Ligue des Nations, organisme lancé officiellement pour assurer la perpétuation de la paix.
Feu Lionel de Rothschild fut président du Comité International du Credit-Anstalt autrichien. Ce comité fut surtout institué pour empêcher la dislocation de l'instrument qui avait servit à ramener l'Autriche au système "sain" de l'étalon-or, de la finance créatrice de dettes, alors que ce pays se permettait des expériences monétaires en contravention avec l'orthodoxie.
Dans une autre occasion, la maison parisienne des Rothschild fournit à Mussolini un crédit de 750 millions de francs pour aider à financer la conquête de l'Éthiopie. Étrange nique à la politique de "Sanctions" de la Ligue des Nations, que l'Angleterre avait fait sienne. Rappelons, en passant, que si Mussolini a pu financièrement accéder au pouvoir, il le doit à la grâce de deux super-capitalistes juifs, Volpi et Pirelli.
Lorsque, en 1939, Hitler plongea l'Europe dans le chaos, il venait justement de parachever l'œuvre de centralisation de pouvoir si minutieusement tracée par les cerveaux judéo-allemands d'au moins trois siècles, et il avait reçu jusqu'au bout les bénédictions financières des brasseurs d'argent internationaux de New-York et de Londres.
Aussitôt la guerre actuelle déclarée, on a vu surgir des groupements d'ardents fédéralistes bien financés pour la propagande et l'organisation. Ils soutiennent que la Ligue des Nations a échoué simplement parce qu'elle ne possédait pas à son service une force armée supérieure pour appuyer ses sanctions. Ils demandent qu'on y remédie le plus tôt possible, aujourd'hui de préférence à demain, en pleine guerre, par la création d'un gouvernement central universel, d'une Union Fédérale dont l'un des aspects majeurs serait le retour universel à l'étalon-or.
Il y a quelques mois, M. Jacques de Rothschild suggérait au Parlement qu'une Fédération africaine pourrait résoudre toutes les difficultés du continent noir, particulièrement si les exportations d'une Afrique fédérée pouvaient devenir la fonction spéciale d'un exportateur-en-chef anglais établi à Washington.
Quelque temps auparavant, un cousin de ce Rothschild, Sir Philip Sassoon, de Hong-Kong, etc., (héritier d'une fortune engraissée par le commerce de l'opium), disait à un reporter américain, au moment de s'embarquer pour l'Orient :
"Il est maintenant clair pour les hommes d'affaires de l'univers que l'Union Fédérale de l'Angleterre avec les États-Unis est une chose nécessaire, si nécessaire qu'elle souffre à peine discussion... Il est clair, aussi, qu'un tel arrangement entraînerait pour l'Angleterre la renonciation à ses traditions et à ses institutions de gouvernement."
B. J. (The Social Crediter, Liverpool, 25 avril.1942.)