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Franc-Maçonnerie — Sous-thèmes

Propagande et organisation

le mercredi, 01 mars 1939. Dans Mars

Le travail de propagande et d'organisation se poursuit par les comités locaux et par les conseils de comté dans les territoires déjà couverts. Nous signalons particulièrement les activités du district de Hull, et du district Chicoutimi et Lac Saint-Jean.

L'organisation nouvelle continue de s'étendre dans les comtés du district de Montréal : Laval-Deux Montagnes, Terrebonne et Vaudreuil-Soulanges, en autant que les routes de la saison le permettent. Entretemps le travail se fait aussi dans les villes : Montréal, Sherbrooke, Trois-Rivières, Shawinigan.

Donnons ici une idée de la manière adoptée pour le travail dans les villes. Les centres ouvriers et même les gros villages trouveront probablement grand profit à l'essayer chez eux.

Conditions différentes

Lorsqu'il s'agit de groupements absolument ruraux, l'existence d'un bon comité local peut suffire à propager l'idée créditiste dans toute la paroisse. Là, en effet, tout le monde se connaît ; les nouvelles, même d'ordre idéologique, se communiquent vite, malgré les distances. Les gens se rencontrent le dimanche, ils causent à la porte de l'église ; ils se voient au bureau de poste, au magasin, à la beurrerie, etc.

Le cas est différent dans les villes, où le locataire d'en bas peut même ignorer qui est le locataire d'en haut. Les citadins sont saturés d'offres de distractions de toutes sortes. On y dépensera des énergies considérables pour un succès médiocre en essayant de monter des assemblées publiques pour l'étude de questions économiques. Il faut procéder autrement.

Nous croyons que, dans les villes, le mieux est de trouver le plus possible de gens dynamiques, d'entraîneurs, et d'en faire des fondateurs de petits comités. Multiplier les comités plutôt que les grossir. À cause de la mentalité suiveuse de la masse, c'est presque la règle générale que, dans un groupe, quelques-uns s'agitent et les autres approuvent passivement. En multipliant le nombre de groupes, on multiplie le nombre de ceux qui agissent.

Une autre difficulté dans les villes consiste d'ailleurs à trouver des locaux pour les réunions. Si le comité se compose de dix personnes, le problème ne se pose plus. Un salon, une cuisine fait l'affaire. Si l'on : veut quelques assemblées régionales de temps en temps, l'existence d'un réseau de comités bien en vie simplifie la préparation.

Si, dans une ville, vous n'avez qu'un comité, qui a pu vous coûter bien des efforts et du temps, et que, par le découragement des quelques-uns qui mènent, par leur maladie et leur détournement casuel, le comité tombe, tout est à recommencer. Si, d'autre part, vous y avez trente petits comités, la disparition de l'un d'eux n'affecte pas l'ensemble et il est relativement facile pour l'organisateur local de remettre le groupe individuel sur pied. Remarquons encore que si, dans une ville, on commence par établir un comité unique et qu'on demande au public de grossir le noyau, on risque de n'avoir pas choisi d'abord les meilleurs éléments, et leur infériorité relative peut être un obstacle à l'adhésion de véritables valeurs. Si, au contraire, on multiplie les fondations, avec grande latitude d'action pour chacune, tous les milieux trouveront plus facilement groupement à leur convenance, les valeurs s'affirmeront, l'édifice se construira à partir de la base : c'est plus logique et plus durable. Pour toutes ces raisons, et d'autres encore, nous n'hésitons pas à presser la fondation des comités-cellules dans nos villes et dans nos agglomérations ouvrières.

Même objectif

Évidemment, l'objectif poursuivi dans l'organisation des villes est la même que dans celle des campagnes. Là comme ici, la Ligue reconnait comme organisme social sain celui qui "procure à TOUS et à CHACUN des membres de la société tous les biens que les ressources de la nature et de l'industrie ont le moyen de leur procurer." (Pie XI.).

Et comme la Ligue du Crédit Social place le mal surtout dans le système monétaire, elle cherche à obtenir une législation monétaire fédérale qui permette la distribution de l'abondance :

a) par un dividende national à chaque citoyen bona fide, sans augmentation de taxes ;

b) par un abaissement des prix au niveau du pouvoir d'achat, sans perte pour personne, au moyen de l'escompte compensé.

Pour atteindre ce but, la Ligue travaille à éclairer et enrôler l'opinion publique. Elle associe les citoyens pour donner des ordres aux politiciens.

Soulignons de nouveau en passant la magnitude de cette entreprise. C'est plus long, plus laborieux, plus pénible, plus obscur, de faire cette éducation et cette organisation de la multitude que déployer une bannière politique, battre le tambour d'un parti (ancien ou nouveau), faire appel aux effervescences passagères que suscitent chez les masses les campagnes électorales. Mais l'œuvre final sera autrement sérieux et durable. Une association puissante de citoyens pour étudier la chose publique, déterminer elle-même son programme-objectif, transmettre l'expression de sa volonté collective aux politiciens, surveiller ceux-ci et les mettre au rancart au besoin, ce sera la force la plus formidable au monde. Et cette organisation durera et transportera sa pression dans tous les domaines publics où il y aura désordre à redresser en vue du bien commun.

Le ligueur

La ligue est faite de ligueurs, et c'est le travail des ligueurs qui constitue le travail de la Ligue. L'association coordonne et oriente les activités individuelles ; mais sans ces activités individuelles l'association n'a pas grand chose à coordonner ou à orienter.

Le Ligueur doit soutenir sa Ligue. Une association ne peut compter que sur les contributions de ses membres pour les fonds qui lui permettent de vivre et de s'étendre La contribution de la Ligue du Crédit Social, placée au plus bas chiffre qui puisse être, à un dollar par an, peut encore sembler dure à payer par un ouvrier à salaire médiocre. De toutes parts, on nous écrit : La difficulté est de trouver la contribution, l'argent est si rare ! L'argent est rare, en effet, et c'est la raison d'être de notre association. Pour le rendre moins rare, il faut absolument que les pauvres que nous sommes fassent chacun leur petite part.

L'organisation par comités facilite la satisfaction de cette contribution en permettant la perception par mensualités de dix sous. Ici encore, le petit comité est un avantage, chaque secrétaire-trésorier pouvant facilement rencontrer chacun de dix membres une fois par mois, même en dehors des réunions.

Nous ne sommes cependant pas une simple agence de collection d'argent, mais une association pour l'étude et l'action. Ce travail d'étude et d'action ne peut être fait que par les ligueurs eux-mêmes.

Chaque membre de la Ligue doit donc s'efforcer de se renseigner lui-même autant qu'il est capable sur le Crédit Social, afin de pouvoir en causer à d'autres. La conversation, les conférences à l'occasion, sont d'excellents moyens de propagande, mais nous croyons que la meilleure arme du Ligueur est la littérature. La prédication imprimée instruit sans froisser, sans fatiguer, sans rebuter. Elle se prend par doses, vite ou lentement selon les capacités et les dispositions du lecteur. Elle persiste, elle reste là, et l'intéressé peut y revenir quand bon lui semble.

Le Cahier

Le Cahier du Crédit Social n'exclut pas d'autre littérature. Plus un créditiste lit, plus il obtient de connaissances, même de différentes sources. Et nous nous plaisons à recommander à nos lecteurs les autres publications et livres, français ou anglais, exposant la doctrine créditiste. "La Voix du Peuple", mensuel publié sous la forme journal par notre ami de Hull, M. Armand Turpin, déborde de sève et d'intérêt. Ce journal reproduit aussi à l'occasion des articles d'anciens numéros des Cahiers, avantage pour ceux qui n'ont pas eu notre série de première année.

Il reste que le Cahier du Crédit Social est l'organe officiel de la Ligue, offrant au lecteur doctrine, information et conseils. C'est par excellence l'arme que doit porter et dont doit se servir le Ligueur pour le travail d'expansion et de recrutement.

C'est pourquoi nous demandons aux membres de nos comités de s'engager à prendre chacun trois cahiers par mois : l'un qu'il garde pour lui-même et les deux autres dont il dispose pour "évangéliser" deux concitoyens. Deux contacts par mois : c'est bien le minimum qu'on puisse attendre d'un véritable ligueur. Il obtient ces trois cahiers pour dix sous ; il peut en vendre deux à leur prix régulier, cinq sous chacun, de sorte que sa collaboration de ce côté se résume à du travail, sans dépense supplémentaire. Et il a un mois pour disposer de ses deux cahiers ! Trouvera-t-on que c'est trop exiger ? Ceux qui le pensent n'ont qu'à établir une association de bras-croisés.

Chefs de file

De nos comités doivent sortir de plus en plus des chefs de file, des animateurs qui ne se contenteront pas de leur minimum de collaboration. Ils voudront, à leur tour, fonder de nouveaux comités, grouper huit ou dix personnes qui, dès qu'elles auront décidé de faire partie de la Ligue, s'éliront leur président et secrétaire de comité, et seront une nouvelle cellule dans le grand organisme.

Le fondateur d'un nouveau comité pourra trouver plus facile de procéder par étapes. Qu'il commence, si l'on veut, par trouver dix individus qui, sans vouloir s'enrôler, assister à des assemblées de comités, ni payer une contribution de dix sous par mois, consentiront tout de même à aider la propagande en prenant trois cahiers par mois, en revendant deux à des amis ou voisins. Sans être encore un comité de membres réguliers, cette dizaine d'individus forme déjà une précieuse équipe d'auxiliaires pour diffusion de la doctrine créditiste. Il ne reste qu'un pas à faire aux auxiliaires pour devenir des membres en règle ; la plupart en viendront là. Qui sait ? Parmi eux se distingueront peut-être avant longtemps des entraîneurs qui ne le céderont en rien à ceux qui les ont trouvés.

Appel à l'enrôlement féminin

Qu'on nous permettre de rappeler ici que la moitié au moins de la population canadienne se compose de femmes, que le Canada compte au moins autant de citoyennes que de citoyens, autant de consommatrices que de consommateurs. Au moins autant de femmes que d'hommes souffrent de la rareté artificielle de l'argent.

Quelle femme ne sent pas aussi bien que l'homme quelque chose de détraqué dans notre système ? Laquelle ne peut saisir aussi bien que lui la logique et le bon sens du crédit social ? Parions même qu'elle s'attardera moins à discuter des mots, des formules, des objections et qu'elle réclamera des résultats ─ et des résultats rapides.

Les activités créditistes ne sortent pas les femmes de leur domaine. Ce n'est pas à la vie publique proprement dite, encore moins à la politique de coulisse que la Ligue les convie, mais à l'union pour obtenir collectivement ce que chacune d'elle désire de toutes ses forces et ne peut seule obtenir ─ une meilleure atmosphère pour la vie familiale, moins de misère, moins de privations, la possibilité de vivre dans tout le sens du mot.

Citons, en les adaptant légèrement, quelques lignes d'un périodique parisien qui, lui aussi, sollicite la distribution de l'abondance :

La Ligue du Crédit Social "se développera et prendra toute sa signification avec la collaboration militante des femmes. Elle offre à leur activité un champ d'action illimité, où leurs qualités d'ordre, leur sens pratique, leur instinct de justice trouveront naturellement et magnifiquement à s'employer.

"Il y a dans tous les foyers des mères, des épouses accablées de préoccupations, à qui la vie de la maisonnée pose quotidiennement des problèmes ardus, qu'elles n'arrivent à résoudre qu'avec une ingéniosité parcimonieuse, des privations constantes. Ce sont les mêmes femmes que l'on rencontre venant du marché le front soucieux, serrant leur portemonnaie dégarni et portant un filet à provisions peu gonflé.

"Ce sont ces femmes que la Ligue doit enrôler. Celles aussi des ménages de fonctionnaires et de ces professions dites libérales, dont le maigre budget est par surcroit grevé des frais obligatoires d'une vie en apparence plus décente et d'autant plus étriquée. Les femmes encore, quelle que soit leur condition, qui sont sœurs de toutes les femmes par l'intelligence et le cœur.

“Nombre d'entre elles ne participent pas à la vie publique parce qu'elles sont trop absorbées par la vie familiale. La Ligue ne les transporte pas sur un plan différent ; elle se présente à elles comme la continuation de l'effort qu'elles soutiennent jour après jour, et comme l'aboutissant logique de cet effort dans une tâche plus positive, qu'elles ne seront plus seules à accomplir, quelles auront l'allégresse de réaliser dans la solidarité vivante et généreuse de l'action collective." (Libération, 23 février 1939.)

Instructions résumées

Terminons en reproduisant une partie de la feuille d'instructions que nous donnons aux membres qui s'enrôlent dans nos comités à Montréal, Sherbrooke, Trois-Rivières, Shawinigan, et que nous allons de plus en plus faire le vade-mecum du ligueur :

COMITÉ. ─ Le comité est la cellule constituante de la Ligue.

BUT. ─ Étude et action.

MOYENS. ─ a) L'étude (instruction des membres) par :

                                Cahier du Crédit Social, lecture à domicile ;

                                Réunions d'étude, conférences.

                   b) L'action (extension du mouvement, enrôlement) par :

                                 Diffusion des Cahiers du Crédit Social ;

                                 Conversations privées, assemblées publiques.

CAHIERS. ─ Arme nécessaire au Ligueur. Chaque membre s'engage à verser dix sous

par mois pour les Cahiers au secrétaire-trésorier et reçoit en retour trois

cahiers, pour lui-même et pour la propagande.

CONTRIBUTION. ─ Un dollar par an : payable en un seul versement, ou par dix versements mensuels de 10 sous au secrétaire-trésorier.

ASSEMBLÉES RÉGULIÈRES. ─ Bi-mensuelles. Lecture des circulaires. Étude des moyens d'action.

RAPPORTS DES SECRÉTAIRES DE COMITÉS :

Activités du comité ; enrôlement, etc. Recettes (avec versements),

a) Pour contributions ;

b) Pour littérature. Les rapports du mois écoulé sont dus pour le quatrième jour du mois suivant, et sont faits à l'organisation régionale (ou au secrétaire-général de la Ligue, pour les comités isolés.)

1657 Boulevard St-Joseph Est Montréal, P.Q.

Tél. AM. 9434

LOUIS EVEN Secrétaire-Général

Organisateur-en-chef

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