Le lundi 15 avril 2019, début de la semaine sainte dans la liturgie catholique, l’impensable s’est produit : la cathédrale Notre-Dame de Paris — qui avait résisté à 850 ans d’histoire, dont la Révolution Française et deux guerres mondiales – était en feu, ce qui a ému non seulement les catholiques de Paris et de France, mais ceux du monde entier, et même les non-croyants, qui reconnaissent en Notre-Dame un chef-d’œuvre du génie humain. Pendant quelques minutes, on a même craint que tout l’édifice s’écroule. Mais comme l’a écrit Gérard Leclerc dans France Catholique, « Notre-Dame de Paris n’est pas n’importe quelle œuvre d’art. Elle est l’expression magnifique de la foi chrétienne qu’une multitude d’artistes a portée à un rare degré de perfection. La beauté y est toute au service de la vérité, celle qui apporte le Salut. » Comme l’a ajouté Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris : la cathédrale Notre-Dame est un écrin, et le plus grand trésor qu’elle renferme, c’est Jésus présent dans la Sainte Eucharistie.
Que penser de cet événement, s’agit-il d’un acte accidentel ou criminel ? Et si oui, on peut se poser la question avec laquelle tout enquête débute : à qui profite le crime ? Mais que l’incendie soit d’origine criminelle ou non, on peut se poser aussi une autre question : que peut signifier cet incendie, d’un point de vue spirituel ; Dieu essaie-t-il de nous envoyer un signe, un message ?
Commençons par la première question. Les jours passent, et les interrogations au sujet des causes de l’incendie s’accumulent et restent sans réponse.
Dès 20 heures, le soir même de l’incendie, alors que les flammes atteignaient 30 mètres de hauteur et que personne n’avait la moindre idée des causes du sinistre, le nouveau procureur de la République de Paris, Rémy Heitz (nommé sur intervention personnelle du président français Emmanuel Macron), assure que la piste criminelle n’est pas privilégiée et que l’incendie est lié à un accident de chantier.
Cette assurance provoque une levée de bouclier chez les experts du site, pompiers, artisans et architectes, pour qui aucun élément de chantier n’était capable de provoquer un tel incendie, à cet endroit et à cette vitesse. Par exemple, de multiples professionnels du bâtiment et des pompiers affirment que des poutres en chêne vieilles de 800 ans ne peuvent pas brûler, car elles sont pratiquement pétrifiées. Bernard Mouton, architecte en chef de Notre-Dame de Paris jusqu’en 2013, doute lui aussi de la thèse de l’accident : « Il faut une vraie charge calorifique au départ pour lancer un tel sinistre. Le chêne est un bois particulièrement résistant. »
Le lendemain, 16 avril, au cours d’une intervention télévisée, le président Macron déclarait : « Oui, nous rebâtirons la cathédrale Notre-Dame plus belle encore, et je veux que cela soit achevé d’ici 5 années ». Pourquoi 5 ans, c’est le temps nécessaire pour que les travaux soient terminés à temps pour les touristes qui viendront à Paris pour les Jeux Olympiques de 2024 et l’Exposition Universelle planifiée pour 2025.
Ce qu’il faut savoir, et c’est peut-être ici la réponse à la question « à qui profite le crime », c’est qu’un projet touristique avait été projeté pour Notre-Dame (et l’Île de la Cité, où se trouve la cathédrale) deux ans auparavant. Thierry Meyssan, du site voltairenet.org, écrit, dans un article intitulé « L’enjeu caché de la restauration de Notre-Dame » :
« L’Élysée (la résidence officielle du président français) a utilisé l’incendie de Notre-Dame de Paris pour mener à bien un projet qui dormait dans les cartons depuis décembre 2015. Il a fixé des règles inédites, hors des procédures d’appel d’offres et de respect du patrimoine non pas pour restaurer la cathédrale, mais pour transformer l’île de la Cité en premier lieu touristique d’Europe à la veille des Jeux Olympiques de 2024. Pour éviter les contraintes judiciaires, il a arbitrairement imposé l’hypothèse d’un sinistre de chantier. »
On parlait déjà en 2015 de construire des restaurants et magasins sous le parvis faisant face à la cathédrale… ce qui nécessitait la fermeture de la cathédrale pour le temps des travaux…. Et déjà plusieurs architectes du monde entier ont soumis leur projet de reconstruction du toit et de la flèche de la cathédrale, plusieurs y incluant le projet de faire un toit vitré pour permettre aux touristes l’accès au toit et une vue imprenable sur Paris. Plusieurs craignent que le toit et la flèche (au milieu de la cathédrale) ne soient pas reconstruits comme avant l’incendie, mais selon des styles architecturaux plus modernes (pour ne pas dire maçonniques). Depuis Napoléon, l’entretien des églises en France appartient à l’État, c’est donc l’État qui aura le dernier mot. La cathédrale Notre-Dame est la propriété de l’État français.
Nous ne saurons peut-être jamais quelles ont été les vraies causes de l’incendie. Mais passons tout de même à la deuxième question, qui est tout aussi, sinon plus, importante : quel sens donner à cet événement, d’un point de vue spirituel ? S’agit-il d’un avertissement du Ciel, un appel à la conversion, un symbole de l’état de l’Église actuelle ?
Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, écrivait, quelques jours après l’incendie :
« Le dramatique incendie qui a consumé des éléments essentiels de Notre-Dame de Paris est certainement un signe pour notre temps, mais un signe pour qui et pourquoi ? Depuis la nuit de lundi, le monument le plus visité d’Europe (14 millions de visiteurs par année, soit 35 000 par jour), la cathédrale de la capitale de la fille aînée de l’Église, est devenue la proie des cendres.
« Le monde entier a entendu et pleuré en voyant cette blessure au cœur de Paris. Mais derrière cet édifice de pierre et le joyau architectural qu’il représente, au-delà des trésors mémoriels, artistiques et spirituels qu’il recèle, c’est un appel plus pressant qui retentit jusque dans nos cœurs.
« Un avertissement. Celui d’une identité culturelle mise en péril qui exprime le lien entre la foi chrétienne, l’histoire de la France et la beauté artistique en lequel se joue et se noue notre identité jusqu’en nos racines. Un appel strident jailli d’un monde qui a perdu son socle d’humanité et son âme, et qui trouvait dans cette flèche élancée vers le Ciel le signe d’une transcendance. Cet espace sacré dont la voûte enveloppait notre intériorité et protégeait notre histoire, à partir du témoignage des saints et des martyrs dont les reliques entouraient la couronne d’épines, portait un passé qui éclairait notre avenir.
« Cet incendie n’est pas un simple accident mais un signe des temps. Entendrons-nous l’avertissement de reconstruire un Temple spirituel, fracturé par les maux de notre temps ? Un Temple dont la pierre d’angle est le Christ, et dont les clés de voûte sont la foi, l’espérance et la charité, ces vertus qui nous rapportent à Dieu. »
Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, déclarait, dans un entretien accordé au « Figaro » le 16 avril :
« Au-delà de la reconstruction des pierres, il s’agit de reconstruire l’Église tout entière par la conversion de notre cœur. Va, dit le Seigneur à saint François d’Assise, et rebâtis mon Église qui tombe en ruines… Nous avons perdu la beauté de l’écrin, mais nous n’avons pas perdu le bijou qu’elle contenait : le Christ présent dans sa Parole et dans son Corps livré pour nous.
« Le signe spirituel de l’incendie de notre église mère, en ce jour du lundi saint où tous les chrétiens entrent dans la grande semaine de la Passion et de la Résurrection du Christ, est une immense douleur. Qu’est-ce que le Seigneur veut nous dire à travers cette épreuve ? Nous voici dans un scandale de mort, vers le mystère d’une résurrection. Notre espérance ne nous décevra jamais car elle est fondée non sur des édifices de pierre, toujours à reconstruire, mais sur le Ressuscité qui demeure à jamais ».
Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Sainte Marie d'Astana au Kazakhstan, a écrit ce qui suit au sujet de l’incendie de Notre-Dame (tiré du site lifesitenews.com) :
« La véhémence fulgurante avec laquelle l’incendie a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris a laissé l’impression qu’un événement inattendu s’était produit comme un éclair. Et pourtant, considérée comme un phénomène, cette tragédie est survenue après une série de centaines d'attaques d'incendies systématiques visant divers objets sacrés appartenant à l'Église catholique en France au cours de l'année écoulée.
« Il est également intéressant de noter que l'incendie à Notre-Dame s'est produit au début de la semaine sainte, qui est le cœur de l'année liturgique pour tous les catholiques. Comme les faits en l'espèce sont encore inconnus, nous ne disposons d'aucune preuve permettant de fonder des allégations de complot visant à détruire la cathédrale. Pourtant, il reste un sentiment intime de nausée, en particulier lorsque l’on considère la chaîne d’événements anticatholiques systématiques, de marginalisation, de discrimination et de ridicule subie par la foi catholique aux mains de l’establishment politique français et du paysage médiatique français, qui sont fermement entre les mains des puissances antichrétiennes et maçonniques en France.
« Notre-Dame n'est pas seulement le signe culturel et religieux le plus symbolique de l'Église catholique de France. Étant donné que la France porte le titre de “fille aînée de l'Église”, sa cathédrale principale revêt également une profonde signification culturelle et religieuse pour l'ensemble du monde catholique.
« La destruction d'un signe visible d'une aussi grande étendue que la cathédrale Notre-Dame de Paris contient également un message spirituel indéniable. Le feu de Notre-Dame est sans aucun doute un signe puissant et émouvant que Dieu donne à son Église de nos jours. C’est un cri de cœur pour une conversion authentique, en premier lieu parmi les bergers de l’Église.
« L’incendie a en grande partie détruit Notre Dame, chef-d’œuvre séculaire de la foi catholique. C’est une représentation symbolique et hautement évocatrice de ce qui s’est passé dans la vie de l’Église au cours des cinquante dernières années, alors que les gens ont assisté à une conflagration des plus précieux chefs-d’œuvre spirituels de l’Église, c’est-à-dire l’intégrité et la beauté de la foi catholique, liturgie catholique et vie morale catholique, en particulier chez les prêtres. (...)
« La tragédie de Notre-Dame m’a spontanément fait penser aux paroles suivantes de Notre Seigneur : “Ces dix-huit personnes sur qui la tour de Siloé est tombée et les a tués, croyez-vous qu’ils ont été plus pervers que tous les autres habitants de Jérusalem ? Je vous le dis, non ; mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de la même manière.” (Lc 13 : 4-5)
« Puisse le feu de la cathédrale Notre-Dame de Paris, si triste et si déplorable qu'il soit, raviver, surtout chez les bergers de l'Église, un amour et un zèle pour la vraie Foi catholique et pour la fervente évangélisation de tous ceux qui ne l'ont pas encore... Puisse le feu de Notre-Dame servir également à enflammer les Bergers de l'Église d'un esprit de véritable repentir, afin que Dieu puisse accorder à tous la grâce d'un renouveau dans la vraie Foi et dans le véritable amour du Christ, Notre Seigneur, Notre Dieu et notre sauveur.
« Lorsque la cathédrale Notre-Dame de Paris a commencé à brûler, un groupe de fidèles, composé d'enfants et de jeunes, s'est agenouillé à terre et a chanté le Je vous salue, Marie. Ce fut l'un des signes les plus touchants et les plus puissants sur le plan spirituel au milieu d'une grande tragédie. Que la Madone, Auxiliatrice, intercède pour nous afin que les Bergers de l'Église puissent commencer, avec l'aide des fidèles laïcs, à reconstruire les ruines spirituelles de la vie de l'Église de nos jours. Dans l'Église, comme à Paris, un processus de réparation et de reconstruction est un signe d'espoir. »