Pourquoi les hommes et les femmes doivent-ils s'habiller ?

Gilberte Côté-Mercier le vendredi, 01 mars 1996. Dans Modestie

Pour tenir le corps à sa place qui est la seconde

Pour protéger le corps contre la cupidité générale d'autrui

Pour répondre à des normes de beauté et d'élégance

Le corps dans l'ombre

Le mot "mode" vient du mot "modestie". À l'origine des mots, la "mode" du vêtement a dû être l'expression de la "modestie" du vêtement.

La modestie est une vertu d'humilité. La personne modeste est celle qui ne cherche pas à se faire valoir au milieu des autres, celle qui ne prend pas plus de place que n'en requièrent ses responsabilites.

Dans la personne, composée d'une âme et d'un corps, le corps est le second dans l'ordre des valeurs. Il est subordonné à l'âme. L'âme anime le corps, elle prime sur lui, elle doit le contrôler, le conduire, le soumettre. Elle est la reine, il est l'esclave. L'âme commande, le corps doit obéir, pour que la personne soit en équilibre et qu'elle réponde aux lois du Créateur.

Le corps est le second. Sa place est la seconde, et non pas la première. C'est le corps que je vois, mais il doit se tenir dans l'ombre, dans l'humilité, ne pas prendre la vedette. En conséquence, l'attitude et le vêtement du corps doivent être tels qu'ils dégagent l'âme, lui donnant la première place dans la personne.

Le corps est matériel, l'âme est spirituelle. Si le corps prédomine, c'est le démon du matérialisme qui a gain de cause.

Le vêtement habille le corps, il le couvre pour le voiler. Si le vêtement découvre le corps, s'il le dévoile, s'il le met en évidence, le vêtement n'atteint pas son but qui est de voiler. Le vêtement est faux alors. Il est pervers. Il est immodeste, il est indécent. Il donne au corps plus d'importance qu'il n'en a. Il fait le corps prendre la place de l'âme.

Le corps immodeste est un effronté, un mal élevé, qui s'empare de la place d'honneur qui n'est pas la sienne. "Descendez plus bas, mon ami, le corps", pourrait-on lui dire, comme le Seigneur au convive de l'Évangile qui s'était placé au premier rang à la table, et à qui la dernière place seule convenait.

Mon ami le corps, descendez donc plus bas, allez vous cacher en arrière, un peu plus de discrétion, un peu plus de décence, un peu de civilisation, de grâce ! Ne faites pas le grossier personnage, ça vous est trop facile !

Et c'est le visage qui reflète l'âme. Donc, l'habillement d'une personne doit mettre le visage en valeur. Quand on regarde une personne bien habillée, naturellement on voit son visage, c'est lui qui nous attire. Si c'est vers le bas qu'on jette les yeux, c'est que cette personne est mal habillée. Son vêtement ne tient pas compte de sa dignité humaine.

Le vêtement qui concourt à attirer les regards vers le sourire, vers le front où se porte le diadème, signe de la majesté, le vêtement qui est taillé de manière à élever la vue des autres, mérite le qualificatif de "respectueux". Ce vêtement est respectueux de la personne qui le porte, et il est respectueux des autres personnes. C'est se manquer de respect à soi-même et c'est manquer de respect à autrui que de se présenter dans une tenue négligée. Que dire de ceux qui se présentent dans une tenue de chambre de bain ?

Les autres ont le droit d'exiger que notre rencontre soit une ascension, qu'elle parle à leur intelligence et non pas à leurs sens et à leurs passions.

Une muraille protectrice

Et si on doit s'habiller par souci de l'ordre établi par le Créateur, ordre qui est la dignité de la personne humaine, on doit aussi s'habiller par pudeur.

Qu'est-ce que la pudeur ? Voici la définition splendide qu'en donne le pape Pie XII :

« La pudeur, quelle que que soit son origine, se fonde sur la tendance innée et plus ou moins consciente de chacun à défendre contre la cupidité générale d'autrui, un bien physique personnel, afin de le réserver, avec un prudent choix de circonstances, aux sages buts du Créateur, placés par Lui sous la protection de la chasteté et de la pudicité. »

Quelle extraordinaire définition de la pudeur ! La pudeur est une muraille de défense, un rempart, une protection qui préserve le corps humain contre les attaques possibles des effrontés, des impurs, des adultères, des jouisseurs, des sadiques, des barbares.

Mon corps est ma propriété physique. Et la seule qui me reste en propre, en notre siècle de voleurs puisque les financiers et les taxeux m'ont dépouillée de ma maison, de mon entreprise, de ma famille, de mes enfants. Il ne me reste plus que mon corps en propre. Eh bien ! les voleurs ne sont pas encore rassasiés. Ils veulent me prendre même mon corps.

La preuve : la pudeur, cette dernière défense de ma dernière propriété, est attaquée de toutes parts par une mode perfide et par des voix infâmes. La pudeur, qui fut le rempart de protection du corps humain contre la "cupidité générale d'autrui," elle est disparue maintenant. La muraille de la pudeur s'est effondrée. Mon corps ne m'appartient plus. Je suis volée de tout.

Le communisme est vainqueur, même en nos pays soi-disant libres, puisque le communisme, c'est le voleur des corps. La franc-maçonnerie a volé mon âme. Le capitalisme a volé mes biens. Le communisme vole mon corps. Le démon de la haine de l'homme a pris le pouvoir.

On a même perdu le sens de la pudeur, le pourquoi de la pudeur. Le nudisme moderne en est la preuve. Nous avons tellement scandalisé la jeunesse d'aujourd'hui qu'elle est complètement égarée. Elle ne comprend plus le sens de la vie. Comme elle est à plaindre, cette jeunesse, et comme nous sommes coupables, nous, les adultes de la génération qui précède ces jeunes-là !

Normes de beauté

"Mais, alors, madame, voulez-vous dire qu'il ne faille pas suivre la mode ?"

Je réponds par des questions : Qui donc fait la mode ? Quel est leur souci ? Qui inspire, quoi inspire les grands couturiers ?

Allez-vous me faire croire que c'est le sens de la beauté, que c'est l'art qui les guident ? Dans les modes d'aujourd'hui, où est-elle la beauté ? Où est-il l'art ? Les femmes d'aujourd'hui sont-elles élégantes ?

Pas de beauté sans harmonie, n'est-ce pas ? Et l'harmonie est à base d'équilibre. Des femmes d'aujourd'hui ont l'air de cônes branlants tenant sur la pointe. Rien de reposant, ni d'aisé. Un équilibre instable qui donne envie de replacer les choses à l'endroit. Les jupes larges et longues d'autrefois communiquaient au contraire une impression d'aplomb, de grâce, d'élégance.

Ajoutez à cela une chevelure à l'envers chez un grand nombre. Vous ne savez pas de quel côté est le visage. Vous le cherchez au travers des cheveux épars.

Un "puzzle" de la tête aux pieds ! Tout est bouleversé. Tout est compliqué. C'est comme les peintures modernes. L'autre jour, je voyais, dans une banque,une de ces peintures abstraites. Je n'y comprenais rien du tout. Je demande au commis depuis combien d'années il voit cette peinture. "Depuis 10 ans", me dit- il. Comprenez-vous l'image ? Non, madame".

La beauté qui ne parle pas n'est pas une œuvre d'art. Et quand vous ne comprenez rien à la dénommée beauté, il y a bien des chances pour que cette beauté n'en soit pas une. La vraie beauté et l'art parfait sont très simples. Ils n'obligent pas à un effort celui qui les rencontre. Et ils dispensent la sérénité et la paix.

Il me semble qu'une femme bien habillée, une femme élégante rayonne l'aisance, la joie, issues de la grâce. Au lieu qu'aujourd'hui, les costumes vous tiraillent de tous côtés. Ils vous coincent par le bas, vous délabrent par le milieu et vous envoûtent par le haut. De la beauté là-dedans ? Pas une once. Le vêtement moderne, qui se dit si libre, est, au contraire, une prison qui enchaîne les membres. Une femme d'aujourd'hui ne peut pas s'asseoir dignement sur une chaise. Sa robe ne le permet pas. Inutile de lui apprendre à se bien tenir. C'est impossible quand on suit la mode.

Autrefois, on disait que c'était de mauvais ton de mettre ses gants devant le monde. Il fallait les mettre avant de partir de chez soi. Aujourd'hui, on n'a jamais fini sa toilette, puisqu'il faut constamment tirer sur sa jupe pour être confortable.

L'harmonie, l'art, la beauté sont loin de nous. Le démon de la laideur s'est emparé de notre monde.


Toutes les croix

En 1943, le 15 octobre, Notre-Seigneur dit à Gabrielle Bossis, en Bretagne :

"Offre-Moi toutes les croix de la terre, elles sont nombreuses en ce moment, et peu pensent à Me les présenter en expiation des fautes. Toi qui sais, aide à ce que rien ne soit perdu. Donne-Moi des cœurs. Donne-Mol des âmes. J'ai toujours soif."

Gilberte Côté-Mercier

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