De l'Encyclique Casti Connubii de Pie XI, pages 58 et 59 de l'édition de L'Œuvre, Québec :
En effet, si les familles, surtout celles qui comptent de nombreux enfants, sont privées d'un logement convenable ; si l'homme ne peut trouver le moyen de travailler et de gagner sa vie ; si ce qui est d'usage quotidien ne peut s'acheter qu'à des prix exagérés ; si même la mère de famille, au grand détriment de la vie domestique, est obligée par la nécessité de gagner sa vie par son propre travail, tout le monde voit à quel découragement les époux peuvent en arriver, combien leur sont rendues difficiles la vie domestique et l'observation des commandements de Dieu. Bien plus, tout le monde voit quel grave péril peut naître de là pour la sécurité publique, pour le salut et la vie de la société civile elle-même, si ces individus en sont réduits à ce point de désespoir que, n'ayant rien à perdre, ils aillent jusqu'à espérer obtenir beaucoup d'un bouleversement du pays et de toutes ses institutions.
Aussi, ceux qui ont la charge de l'État et du bien commun ne peuvent pas négliger ces besoins matériels des époux et des familles, sans être responsables d'un grave détriment. Il faut donc que, dans les lois qu'ils édictent et dans les budgets qu'ils établissent, ils aient un grand souci de venir en aide à cette misère des familles d'humble condition et qu'ils fassent de cela un des premiers objets de leur administration. Or, nous le constatons avec peine, il n'est pas rare que, tout au contraire, des secours prompts et abondants soient très facilement accordés à une mère et à des enfants illégitimes (auxquels, il est vrai, il faut aussi venir en aide, pour éviter de plus grands maux), alors qu'on les refuse ou qu'on ne les accorde que parcimonieusement et, pour ainsi dire, de mauvais gré, à une mère et à des enfants légitimes.
Dans un pays comme le nôtre, où tant de biens n'attendent que consommateurs, que ferait un dividende national à tous et à chacun pour régler ce problème de la famille ? Le dividende, en augmentant l'écoulement des "biens qui sont d'usage quotidien", augmenterait les chances d'emploi pour les soutiens de famille. En apportant dans la maison un revenu supplémentaire proportionnel au nombre de membres de la famille, il permettrait de se nourrir et de se loger plus convenablement. Un régime de dividendes empêcherait les individus d'en être réduits à ce point de désespoir dont parle le Pape, si dangereux pour la sécurité de la société civile elle-même. Et à qui donc cela ferait-il tort ?
Les encycliques des papes exposent des principes, condamnent des régimes, réclament des redressements : on les lit, puis on les dépose religieusement aux oubliettes. Les créditistes apportent une technique pour répondre aux encycliques : on feint de ne pas les comprendre, on les trouve dérangeants, d'aucuns voudraient même leur interdire toute salle publique. Ça ne presse, pas, sans doute, pour ceux qui ont tout ce qu'il leur faut.