Marie d'Agréda naît dans la ville de Castille dont elle porte le nom, le 2 avril 1602. Elle fait profession de religieuse déchaussée de la Conception immaculée de la Mère de Dieu, le 2 février 1620. Alors commence pour Marie d'Agréda une existence de visions presque continuelles. À partir de dix-huit ans, les extases et les ravissements sont si fréquents qu'elle ne peut plus les dissimuler ; souvent, après la communion, elle tombe en extase : Notre-Seigneur la ravit, attire son âme et laisse son corps insensible soulevé de terre, si léger que le vent peut le remuer de loin comme une plume ; cela dure souvent deux ou trois heures.
Elle reçoit en 1627 l'ordre du Très-Haut d'écrire la Cité Mystique de Dieu, ce grand ouvrage qui est en réalité une vie de la très Sainte Vierge, depuis le moment où la future Mère du Verbe incarné est conçue dans le plan divin jusqu'à son couronnement dans le ciel. Elle appelle elle-même son livre Histoire divine et semble vouloir exprimer par-là qu'il est inspiré et révélé de Dieu dans toutes ses pages.
Marie d'Agréda meurt le 21 mai 1665, son corps est demeuré incorrompu, encore aujourd'hui. Nous publions ci-dessous les épousailles de la Vierge Marie et de saint Joseph, tirées du tome 2 de « La Cité Mystique de Dieu » par Marie d'Agréda.
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Par la Vénérable Marie d'Agréda
À l'âge de treize ans et demi il arriva à Marie ce que l'Écriture nous dit être arrivé à Abraham lorsqu'il lui fut commandé de sacrifier son fils Isaac, unique gage de toutes ses espérances. Dieu, dit Moïse, éprouva sa prompte obéissance pour la couronner. Nous pouvons dire aussi que Dieu éprouva notre auguste Maîtresse en cette vision ; il lui commanda de prendre l'état du mariage. Elle avait fait vœu de virginité perpétuelle en présence de Dieu et des saints anges, et elle n'avait rien de plus à cœur que de conserver toujours ce beau lys de pureté. Mais le Seigneur lui commanda de prendre l'état du mariage, sans lui découvrir encore qu'elle fut choisie pour être la Mère de Dieu. Cette épreuve fut bien plus grande que celle d'Abraham, puisqu'il n'aimait pas tant son fils Isaac que l'auguste Marie aimait la chasteté inviolable. À cet ordre inattendu elle resta très affligée, mais elle suspendit son jugement, et croyant plus fermement qu'Abraham lui-même, elle espéra contre l'espérance, et se résigna à la divine volonté. Dieu dit en songe à Siméon de chercher un époux pour la fille de Joachim et de rassembler tous les prêtres et les docteurs pour leur exposer que cette enfant était orpheline et qu'elle n'avait aucune volonté de s'engager dans le mariage ; mais que la coutume étant qu'aucune fille ne sortit du temple sans s'établir, il était convenable de lui trouver un mari.
Le saint vieillard obéit aux ordres divins. Il exposa la chose aux prêtres, qui furent d'avis qu'il fallait prier le Seigneur de leur faire connaître quel était celui qu'il avait choisi pour époux à cette enfant. Ils fixèrent donc un jour auquel tous les jeunes hommes de la famille de David, qui étaient présents à Jérusalem devaient se rassembler dans le temple ; ils choisirent celui où Marie achevait, la quatorzième année de son âge. Siméon voulut alors donner connaissance à la sainte enfant de leur résolution et l'engager à recommander cette affaire au Seigneur. À cette nouvelle elle ressentit une si vive affliction qu'elle serait morte si Dieu ne l'eut fortifiée de sa divine vertu. Il lui donna cet avis neuf jours avant celui qui avait été fixé ; en ce temps-là, tandis que la Sainte Vierge redoublait ses prières afin que la divine volonté s'accomplit sur elle, le Seigneur lui apparut et lui dit :
« Mon épouse et ma colombe, apaisez votre cœur affligé ; je suis attentif à vos désirs et à vos prières, le prêtre sera conduit par ma lumière ; je vous donnerai un époux qui ne s'opposera pas à vos désirs, et je vous viendrai en aide avec ma grâce. Je chercherai un homme parfait et selon mon cœur et je le choisirai parmi mes serviteurs ; mon pouvoir est infini et il sera toujours avec vous pour votre protection. »
Ces paroles du Seigneur apaisèrent le cœur de la pure Vierge et elle pria de nouveau le Très-Haut de lui conserver la pureté. Elle s'adressa aussi à ses anges qui la consolèrent par les raisons tirées de la puissance de Dieu et de son amour infini envers elle. Le jour fixé arriva, tous les jeunes hommes de la famille de David s'assemblèrent et Joseph originaire de Nazareth, mais alors habitant à Jérusalem, se trouva avec eux. Il était âgé de trente-trois ans, était bien fait de corps, d'un visage agréable et d'une modestie et d'une grâce incomparable. Dès sa douzième année il avait fait vœu de chasteté.
Les prêtres se mirent en prière afin de régler avec l'assistance divine ce qu'il fallait faire. Le Seigneur inspira à Siméon de faire prendre une baguette sèche à chaque prétendant et il leur dit que chacun demandât à Dieu de manifester sa divine volonté. Lorsqu'ils étaient tous en prière, on vit fleurir la baguette que tenait saint Joseph et voler au-dessus de sa tête une blanche colombe entourée d'une splendeur admirable. En outre saint Joseph entendit une voix qui lui dit intérieurement :
Joseph mon serviteur, Marie doit être votre épouse, recevez-la avec soin et respect, car elle est agréable à mes yeux, juste, très pure de corps et d'esprit et vous ferez ce qu'elle vous dira.
Sur la déclaration du ciel, les prêtres donnèrent la très sainte Vierge pour épouse à saint Joseph, comme choisi de Dieu.
Marie baisa la main à Siméon et à Anne sa maîtresse et sortit du temple avec son époux et quelques serviteurs du saint lieu et ils allèrent ensemble à Nazareth. Arrivés là, les saints époux visitèrent leurs parents et leurs amis ainsi qu'on le pratique dans ces sortes d'occasions et ils se retirèrent enfin à leur maison. Alors la très pure Vierge pria les anges de l'assister dans ce premier entretien qu'elle devait avoir seule à seule avec un homme. Ils furent tous présents en forme visible ; ils donnèrent une grande force à ses paroles et enflammèrent de charité le cœur de saint Joseph. Elle fit alors connaître à son époux le vœu de perpétuelle chasteté qu'elle avait fait, le suppliant de l'aider à l'accomplir ; saint Joseph lui découvrit de son côté celui qu'il avait fait à l'âge de douze ans. Le cœur des deux chastes époux fut rempli de consolation en voyant l'œuvre du Seigneur dans la conformité de leurs sentiments ; ils renouvelèrent leurs vœux, promirent d'y être fidèles et de s'entraider pour leur perfection.
NDLR : Vous pouvez vous adresser au bureau de Vers Demain pour vous procurer les trois magnifiques volumes de la « Cité Mystique » de Marie d'Agréda. Nous avons aussi le livre « Vie divine de la très Sainte Vierge Marie » qui est un résumé des trois volumes de la « Cité Mystique ».