La Congrégation pour le Clergé tient un forum international régulièrement sur différents sujets. Des personnalités de 10 pays des cinq continents participent à ce forum des plus intéressants et des plus éclairants. Le thème de l'un des derniers forums était « Le célibat sacerdotal ». Nous recommandons ce texte à tous ceux qui ne savent plus quoi penser à la suite de la propagande néfaste des ennemis qui s'évertuent à vouloir marier les prêtres. A titre de Préfet de la Congrégation pour le Clergé, Son Éminence le Cardinal Dario Castrillón Hoyos a ouvert le débat par son mot d'introduction, dont voici le texte intégral tiré de Zénit.va :
MOT D'INTRODUCTION
S. Em. le Cardinal Darío Castrillón Hoyos
Préfet de la Congrégation pour le Clergé
Le célibat est un don de l'amour de Dieu que l'Église ne cesse de recevoir et qu'elle veut conserver car elle est convaincue qu'il représente pour elle et pour le monde entier un bien éminent. Le Magistère de l'Église le répète depuis les temps apostoliques et l'a réaffirmé plusieurs fois lors du dernier concile œcuménique.
Dans la constitution Lumen Gentium, nous trouvons l'affirmation suivante : « En tête de ces conseils il faut placer le don précieux de la grâce, que le Père accorde à quelques-uns (cf. Mt 19,11 ; 1 Co 7,7), de se consacrer à Dieu seul (14) par la virginité ou le célibat, avec un cœur plus facilement intègre (cf. 1 Co 7,32-34). Cette parfaite continence en vue du Royaume des cieux, l'Église, qui en a toujours eu une très haute idée, la considère comme un signe et un stimulant de la charité et comme une source peu commune de fécondité spirituelle dans le monde » (no 42). En particulier, le décret conciliaire Presbyterorum Ordinis déclare : « La pratique de la continence parfaite et perpétuelle pour le royaume des cieux a été recommandée par le Christ Seigneur (cf. Mt 19,12) ; tout au long des siècles, et de nos jours encore, bien des chrétiens l'ont acceptée joyeusement et pratiquée sans reproche. Pour la vie sacerdotale particulièrement, l'Église l'a tenue en haute estime » (no 16).
La bienheureuse Mère Teresa de Calcuta a écrit : « Oui, le monde a grand besoin du célibat sacerdotal parce qu'il a besoin du Christ. Douter de la valeur du sacerdoce d'une personne et du célibat sacerdotal dans le monde d'aujourd'hui signifie douter de l'authentique valeur du Christ et de sa mission, parce que le Christ et le prêtre ne font qu'un » (« Le célibat sacerdotal signe de la charité du Christ » in Solo per amore – riflessioni sul celibato sacerdotale Ed. Paoline, 1993, Cinisello Balsamo, pp. 208-209, notre traduction).
C'est le sujet qui sera traité aujourd'hui, au plan théologique, à notre quarante-sixième vidéoconférence internationale dont le titre est : « Le célibat et la paternité du prêtre ».
Les théologiens se rappelleront qu'il existe un lien étroit entre le célibat et l'ordination sacerdotale, un sacrement qui configure ontologiquement le prêtre à Jésus Christ, Tête et Époux de son Église. Sur la base de la Tradition vivante de l'Église et en suivant le sillon tracé par le récent magistère pétrinien, ils rappelleront les motivations théologiques de nature christologique, ecclésiologique et eschatologique qui montrent le lien intime unissant le célibat au ministère ordonné, dans sa double dimension de relation au Christ et à son Église.
Les interventions d'aujourd'hui réaffirmeront avant tout que le célibat sacerdotal est certes une norma canonica mais que la loi ecclésiastique ne peut être conçue comme une imposition arbitraire de l'Église, comme s'il s'agissait d'un ordre extérieur qui tombe sur le prêtre qui ainsi se trouverait presque dans l'obligation de payer un tribut à Dieu afin de pouvoir devenir ministre ordonné. Non, la réglementation ecclésiastique sur le célibat prend sa racine dans le mystère du Christ et de son Église, un mystère ancré dans le fondement de la volonté salvifique de Dieu qui conduit son Église dans la mission qui lui est confiée : être sacrement universel de salut, communion de Dieu avec l'humanité tout entière.
Au cours des diverses interventions, les réflexions doctrinales, accompagnées de leurs références à l'Écriture sainte et aux Pères de l'Église, permettront de mieux comprendre que la racine christologique du célibat sacerdotal est inséparable de sa racine ecclésiologique : le prêtre, appelé à s'identifier au Christ qui a vécu en restant célibataire, se rend capable d'aimer Dieu et les hommes avec un cœur nouveau et entier dans son ministère pastoral et paternel (cf. Ga 4,19), d'engendrer joyeusement à la foi le peuple de Dieu, de le former et de le conduire, « comme une vierge pure » (2 Co 11,2) à la plénitude de la vie en Christ. Le prêtre, appelé à participer à la fécondité de la grâce, engendre spirituellement à la vie éternelle une troupe innombrable d'enfants de Dieu : son visage reflète l'amour miséricordieux de Dieu le Père, sa parole et ses mains ointes sont la parole et les mains du Christ, comme l'a récemment rappelé le Saint-Père dans l'homélie de la messe chrismale du jeudi saint (13.4.2006) : les mains du prêtre sont « le signe de sa capacité de donner, de la créativité en vue de façonner le monde à travers l'amour ». C'est pourquoi saint Augustin pouvait affirmer qu'« aucune fécondité de la chair ne peut être comparée à la sainte virginité » (De sancta veriginitate 8 : PL 40,400). Celle-ci, dit le Concile Vatican II, est pour les prêtres « une source particulière de fécondité spirituelle dans le monde » (Décret Presbyterorum ordinis, 16) qui les dispose à recevoir et exercer joyeusement la paternité en Christ (cf. Const. dogm. Lumen Gentium, 42).
Jean-Paul II a écrit dans son livre autobiographique 'Levez-vous, allons !' : « Le célibat, en effet, donne la possibilité de réaliser pleinement ce type de paternité : une paternité chaste, totalement consacrée au Christ et à la Vierge Marie sa mère. Le prêtre, libre du souci personnel d'une famille, peut se consacrer de tout son cœur à la mission pastorale. On comprend donc la fermeté avec laquelle l'Église de rite latin a défendu la tradition du célibat pour ses prêtres, en résistant aux pressions qui se sont manifestées tout au long de l'histoire. C'est une tradition exigeante, certes, mais qui s'est révélée singulièrement féconde en fruits spirituels » (Arnaldo Mondadori Edit. S.p.A., 2004, Cles, p. 109, notre traduction).
Le célibat devient ainsi chemin de sainteté, tout au long duquel le prêtre aime l'Église de l'amour virginal, total et exclusif dont Jésus lui-même l'a aimée, en chef et en époux, c'est-à-dire de tout son être, corps et âme. Il témoigne ainsi de l'amour nuptial du Christ et en tire la vigueur surnaturelle de la fécondité spirituelle. En même temps, le célibat sacerdotal ainsi vécu manifeste sa dimension eschatologique, préfigurant et anticipant dans le monde la communion et le don parfaits et définitifs que le Christ lui-même aura avec son Église dans la vie éternelle, où les enfants de Dieu ne prendront ni femme, ni mari, mais seront comme des anges auprès de Dieu (cf. Mt 22,30).
Je remercie les invités, je rappelle que leurs interventions se dérouleront en direct depuis dix pays des cinq continents. Les réflexions seront présentées depuis le siège de la Congrégation pour le Clergé à Rome par le Pr Antonio Miralles et par le Pr Paolo Scarafoni....
Je vous souhaite à tous une bonne écoute.