Dans Vers Demain d’août-septembre 2020, nous avons publié un article d’une page sur Carlo Acutis, un jeune Italien mort à 15 ans et déclaré bienheureux le 10 octobre 2020 à Assise. Sa vie est tellement inspirante, non seulement pour les jeunes, mais pour tout chrétien, que nous publions ce texte plus complet sur la biographie de ce nouveau bienheureux, tiré de la lettre du 16 septembre 2020 de l’Abbaye Saint-Joseph de Clairval :
par Dom Jean-Bernard Marie, osb
Beaucoup de chrétiens désabusés estiment qu’au début du troisième millénaire, il n’est plus possible pour un jeune de suivre le chemin de la sainteté dans le monde de l’adolescence, à moins de s’enfermer dans une « bulle » imperméable au temps et à l’entourage. Carlo Acutis, un jeune Italien mort à quinze ans en 2006, dont le Pape François fait l’éloge dans son Exhortation apostolique Christus Vivit (25 mars 2019), prouve le contraire. Ce jeune plein d’entrain et exceptionnellement doué, notamment pour l’informatique, voyait l’Eucharistie comme « son autoroute vers le Ciel ».
Carlo naît à Londres le 3 mai 1991, d’Andrea et Antonia Acutis, jeune ménage italien travaillant alors en Angleterre. Ses parents ne sont pas pratiquants ; cependant, l’enfant est baptisé dès le 15 mai, et il sera instruit dans la religion catholique. Carlo observe avec un vif intérêt tout ce qui l’entoure ; cette capacité à observer, puis à aller au bout de ses réflexions, sera une de ses qualités dominantes. Il dira du Baptême : « C’est une chose très importante, parce qu’elle permet aux âmes de se sauver grâce à leur insertion dans la Vie divine. Les gens qui participent à un Baptême se polarisent trop souvent sur les confettis, les bonbons et la robe blanche, qui font partie de la fête, mais ils ne se soucient absolument pas de comprendre le sens de ce grand don que Dieu fait à l’humanité. » Ce don est la possibilité de devenir enfants de Dieu (Jn 1, 12) et héritiers de son Royaume éternel (cf. Rm 8, 17).
La famille Acutis rentre à Milan dès septembre 1991. De caractère très sociable, Carlo est un enfant pacifique ; à sa nourrice polonaise, qui lui conseille de se montrer plus pugnace avec les enfants agressifs, il répond : « Le Seigneur ne serait pas content si je réagissais avec violence. » La période estivale se passe au bord de la mer, à Centola, près de Salerne. L’enfant est vite adopté par toute la population de ce village tranquille, et il devient l’ami de tous. II récite avec ferveur le chapelet et va à la Messe chaque jour depuis sa première Communion faite à l’âge de sept ans. Son recueillement quand il communie impressionne les témoins.
À Milan, Carlo est scolarisé à l’lnstitut Tommaseo des Sœurs Marcellines. Il demeure fidèle à la Messe quotidienne, et trouve toujours une « grande personne » pour l’y accompagner. En chemin, l’enfant s’arrête pour bavarder un peu avec les concierges, en général étrangers, qui n’ont pas l’habitude d’une telle attention de la part des habitants de la métropole lombarde. Son tact lui permet de se mettre au niveau de ses interlocuteurs, quel que soit leur milieu social. Il témoigne le plus grand respect aux personnes pauvres, faibles et abandonnées, et estime qu’un rang élevé ou la richesse matérielle obligent ceux qui les possèdent à en faire profiter les moins favorisés. Un chômeur qui mendiait à l’entrée d’une église se souvient de la charité de Carlo, qui lui donnait chaque jour une pièce de monnaie et lui parlait gentiment. Cet homme avait parlé au garçon d’une de ses amies, indigente, qui se laissait mourir de dépression et de misère. Carlo et sa mère parvinrent à la faire hospitaliser. « Carlo était trop bon et trop pur pour cette terre », conclut le brave homme.
Carlo n’est pas un saint de vitrail. Il aime beaucoup les animaux, chats et chiens en particulier (ses parents en ont plusieurs), qu’il met en scène dans des vidéos comiques. Il joue volontiers au football, apprend en autodidacte le saxophone, et surtout se passionne pour l’informatique. Toutefois, ces centres d’intérêt ne sont jamais une fin en soi. Faire fructifier les talents reçus de Dieu lui est un moyen de Le glorifier, et de procurer le bien de son prochain ; sa modestie, d’ailleurs, égale son intelligence. Carlo ne garde jamais pour lui ce qu’il a appris ; il s’empresse toujours de le partager avec les autres. Jamais on ne l’entend se vanter de ce qu’il a ou de ce qu’il sait. La tyrannie de la mode (il faut avoir des vêtements de marque, conformes à la tendance du moment) le laisse indifférent ; il voit dans ces modes le résultat de spéculations commerciales et, pour sa part, s’habille simplement et sans recherche.
À l’école, il noue de fortes amitiés, mais n’est pas toujours compris. Plusieurs se demandent, par exemple, pourquoi il passe toujours ses vacances à Assise, alors que les moyens financiers de ses parents lui permettraient de s’offrir des voyages dans des pays lointains et des lieux plus à la mode. Peu avant de mourir, Carlo confiera à son père spirituel : « Assise est le lieu où je me sens le plus heureux ! »
Les nombreuses amitiés, masculines comme féminines, de l’adolescent se maintiennent dans les limites d’une chasteté sans compromission. Il n’admet pas les familiarités entre jeunes de sexes différents, ni les cohabitations pré-matrimoniales. Une jeune fille témoignera de sa fidélité à l’Église et à ses enseignements, notamment en matière de sexualité et de morale familiale. Lors d’une discussion sur l’avortement, pendant un cours de religion, Carlo prend la défense de la vie humaine, démontrant que l’embryon est un être humain dès sa conception, et que sa suppression est un homicide.
À quatorze ans, Carlo est inscrit au lycée de l’Institut Léon XIII à Milan, tenu par les Jésuites. Il propose ses services pour mettre au point le site internet de l’établissement, travail auquel il consacre tout l’été 2006. Il s’occupe également de préparer des enfants au sacrement de Confirmation. En classe, il est particulièrement attentif aux camarades qui rencontrent des difficultés pour suivre le rythme des études ; il donne à l’un ou à l’autre des leçons particulières de mathématiques. Un père jésuite, proche de Carlo pendant ces années, résume son impression sur lui : « Je suis persuadé qu’il était comme le levain dans la pâte, ou plus encore comme le grain de blé enfoui en terre ; il ne faisait pas de bruit mais faisait croître... De lui, on pouvait dire : voilà un jeune chrétien heureux et authentique. »
Carlo passe de longues heures à mettre au point des logiciels pour répondre aux besoins de ses amis. Il est toujours disponible pour les initier aux mystères de l’informatique, car il considère qu’il est indispensable, de nos jours, qu’un jeune sache bien utiliser un ordinateur. Un professionnel de la programmation témoigne : « J’ai été stupéfait de sa compétence dans le domaine de la programmation ; à quinze ans, il était au même niveau que moi, qui ai publié plusieurs livres sur le sujet, utilisés dans des universités et des entreprises... il était extraordinairement intuitif. »
Avant les examens, Carlo propose à tous ses amis de les aider à utiliser leur ordinateur. Mais il se montre un exemple vivant, une sorte de boussole qui enseigne à tous le moyen d’éviter les excès, voire les dérives catastrophiques qui peuvent résulter de la multiplicité des connexions possibles sur la « toile ». La première dérive est de se laisser entraîner dans un monde virtuel, aux dépens du monde réel où Dieu est présent et nous donne une tâche à accomplir sous son regard. Alors, la voix de la conscience s’affaiblit, les incitations à la transgresser deviennent d’autant plus séduisantes qu’elles apparaissent elles aussi virtuelles.
Dans l’Exhortation apostolique Christus Vivit, le Pape François s’adresse ainsi aux jeunes :
« Le monde numérique peut t’exposer au risque du repli sur soi, de l’isolement ou du plaisir vide. Mais n’oublie pas qu’il y a des jeunes qui sont aussi créatifs, et parfois géniaux, dans cet environnement. C’est ce que faisait le jeune vénérable Carlo Acutis. Il savait très bien que ces mécanismes de la communication, de la publicité et des réseaux sociaux peuvent être utilisés pour faire de nous des êtres endormis, dépendants de la consommation et des nouveautés que nous pouvons acquérir, obsédés du temps libre et prisonniers de la négativité. Cependant, il a été capable d’utiliser les nouvelles techniques de communication pour transmettre l’Évangile, pour communiquer valeurs et beauté. Il n’est pas tombé dans le piège.
« Il voyait que beaucoup de jeunes, même s’ils semblent différents, finissent en réalité par se ressembler, en courant derrière ce que les puissants leur imposent à travers les mécanismes de consommation et d’abrutissement. C’est ainsi qu’ils ne laissent pas jaillir les dons que le Seigneur leur a faits ; ils n’offrent pas à ce monde ces talents si personnels et si uniques que le Seigneur a semés en chacun. Ainsi, disait Carlo, il arrive que “tous les hommes naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies”. Ne permets pas que cela t’arrive ! » (no 104-106).
« Être uni à Jésus, affirmait Carlo Acutis, tel est le but de ma vie... Ce qui nous rendra vraiment beaux aux yeux de Dieu, ce sera la façon dont nous l’aurons aimé et aurons aimé nos frères. »
Carlo Acutis garde toujours à l’esprit les quatre « fins dernières » : la mort, le jugement, l’enfer et le paradis, réalités ultimes de la vie de tout homme. Son attention à ces sujets le fait parfois traiter d’excessif ou de bigot, même par ses amis. II a rencontré des prêtres qui ne croient pas à l’existence de l’enfer ni même du Purgatoire, ce qui l’a scandalisé. Pour lui, ce point de la doctrine catholique, maintes fois enseigné par Jésus-Christ et par le Magistère de l’Église, est hors de doute :
« Si vraiment les âmes courent le risque de se damner, comme en effet tant de saints en ont témoigné et comme l’ont confirmé les apparitions de Fatima, je me demande pourquoi, aujourd’hui, on ne parle presque jamais de l’enfer, parce que c’est une chose tellement terrible et épouvantable que je suis effrayé, rien que d’y penser... l’unique chose que nous devrions vraiment craindre est le péché. » En effet, « aux yeux de la foi, aucun mal n’est plus grave que le péché et rien n’a de pires conséquences pour les pécheurs eux-mêmes, pour l’Église et pour le monde entier » (Catéchisme de l’Église catholique, no 1488).
Carlo n’oublie pas les âmes du Purgatoire ; il est convaincu que l’aide la plus efficace que nous puissions apporter aux défunts est d’assister à la Messe à leur intention, pour les délivrer du Purgatoire. Le Pape et l’Église sont chers à son cœur. Il a été impressionné, au cours d’une visite au Vatican en 2000, par la consécration à la Madone faite par le Pape saint Jean-Paul II en union avec les évêques du monde entier. Carlo prie pour que tous les peuples de la terre connaissent et aiment Jésus-Christ.
II regarde à la télévision la rencontre inter-religieuse d’Assise en 2002 et commente : « Le Pape a sûrement été inspiré de Dieu, car par cette rencontre, la possibilité est donnée à tous de connaître et d’aimer le Christ, unique Sauveur du monde, dont dépend le salut de tous. »
Le jeune homme se lie d’amitié avec Rajesh Mohur, un employé de maison de sa famille, de religion hindouiste et de caste brahmane. Il s’efforce de l’évangéliser et l’éblouit par sa connaissance du Catéchisme de l’Église catholique, qu’il connaît presque par cœur et explique de manière lumineuse. Rajesh finira par demander le Baptême et attendra avec un grand désir le jour où il pourra recevoir le Corps et le Sang du Christ, ce sacrement dont Carlo lui a parlé avec flamme : « Les vertus, lui disait l’adolescent, s’acquièrent principalement par une intense vie sacramentelle, et c’est l’Eucharistie qui en est certainement le sommet ; à travers ce sacrement, le Seigneur nous fait devenir des personnes complètes, faites à son image. » Carlo prépare aussi Rajesh à la Confirmation en lui confiant qu’il a reçu, par ce sacrement, une force mystérieuse se traduisant en particulier par une croissance de sa dévotion eucharistique ; le jour de sa Confirmation, son ami ressent la même force en recevant l’Esprit-Saint.
Carlo passe la majeure partie de ses vacances à Assise, dans une maison appartenant à sa famille. Les exemples de saint François lui deviennent familiers, spécialement son humilité. Il comprend que l’humilité, cette vertu directement contraire à l’orgueil inné dont nous avons hérité en tant qu’enfants d’Adam, est le chemin royal de la vraie sainteté. Il apprécie spécialement le sanctuaire de l’Alverne, où saint François a reçu les stigmates puis est mort en 1224, configuré de manière extraordinaire à la Passion du Christ ; c’est là que Carlo approfondit, au cours de plusieurs retraites, le mystère de la Messe, sacrifice parfait qui rend présent, de manière non sanglante, le sacrifice sanglant du Calvaire.
La vie spirituelle de Carlo Acutis est centrée sur la Messe quotidienne. Les rares fois où il ne peut y prendre part, en raison d’un empêchement scolaire, il se recueille et fait une « communion spirituelle ». « L’Eucharistie est mon autoroute vers le Ciel ! » répète-t-il souvent. Sa vie lui apparaît comme une Messe unie au sacrifice rédempteur du Christ. « Les âmes se sanctifient très efficacement grâce aux fruits de l’Eucharistie quotidienne, affirme-t-il, et ainsi elles ne risquent pas de se trouver dans des périls qui mettraient en jeu leur salut éternel. »
Carlo est très sensible à la manière plus ou moins recueillie et fervente dont les prêtres célèbrent la Sainte Messe. Avant ou après la Messe, il fait un temps d’adoration. Il sait que l’Église attache une indulgence plénière à l’adoration du Saint-Sacrement pendant une demi-heure, et il applique souvent ce bienfait spirituel aux âmes du Purgatoire « les plus abandonnées ». Il se fait l’apôtre convaincu de la participation à la Messe dominicale auprès de personnes qui n’y vont plus, et plusieurs de ses amis reprendront la pratique religieuse, certains après sa mort.
Carlo se passionne pour les miracles eucharistiques qui se sont multipliés au cours des siècles. Il utilise sa compétence pour créer un site internet consacré à ces miracles (www.miracolieucaristici.org) : ce site, qui existe toujours, est traduit en de nombreuses langues.
Le miracle de Lanciano le touche particulièrement : dans ce village des Abruzzes, on vénère depuis l’an 750 une hostie miraculeusement transformée en chair et en sang au moment où le prêtre prononçait les paroles de la consécration ; analysée en 1970 par des spécialistes, la chair s’est avérée être un tissu du myocarde (cœur) ; le sang, qui semble frais, appartient au groupe AB. Ce fait scientifique étonnant confirme Carlo dans sa dévotion particulière envers le Sacré-Cœur de Jésus, qui mérite d’être adoré « en tant que symbole naturel et très expressif de cet amour inépuisable que notre divin Rédempteur ne cesse d’éprouver à l’égard du genre humain » (Pie XII, Haurietis Aquas, no 42). Il obtiendra de ses parents, revenus, sous son influence, à la pratique religieuse, que la famille Acutis se consacre au Sacré-Cœur. Il offre communions et sacrifices « pour réparer les indignités que Jésus reçoit dans le sacrement de son Amour », selon la demande faite par le Seigneur Lui-même à sainte Marguerite-Marie (Paray-le-Monial – 1675).
Au cours de ses temps d’adoration du Saint-Sacrement, Carlo médite sur les mystères de la vie du Christ, en particulier de son enfance. La pauvreté choisie par le Fils unique de Dieu dans son Incarnation et sa naissance dans l’étable de Bethléem le frappent particulièrement. Peu avant sa mort, il confiera à son père spirituel que la pratique assidue de l’adoration eucharistique l’a fait grandement progresser dans la prière ; désormais, il est moins distrait et son amour pour Jésus s’est beaucoup accru. Pour corriger ses défauts : gourmandise, paresse, propension au bavardage, distractions dans la récitation du Rosaire..., le jeune homme recourt chaque semaine au sacrement de Pénitence et de la réconciliation. « Pour s’envoler vers les hauteurs, dit-il, la montgolfière a besoin de lâcher du lest, tout comme l’âme, pour s’élever vers le Ciel, a besoin d’enlever même les plus petits poids que sont les péchés véniels... Faites comme moi et vous verrez les résultats ! »
Depuis sa petite enfance, Carlo éprouve respect et affection pour les moniales cloîtrées. Il a fait sa première Communion dans l’église des Sœurs ermites de Saint-Ambroise à Perego ; il a aussi rencontré des moniales de plusieurs autres couvents. C’est à l’intercession des religieuses qu’il attribuera, adolescent, la grâce de vaincre les tentations contre la chasteté et la tempérance (alcool, drogues), qui sont cause de tant de péchés et de ravages chez les jeunes de son âge. Se souvenant que la famille doit être « comme un sanctuaire de l’Église à la maison » (Vatican II, Apostolicam Actuositatem, no 11), il conseille aux parents de prier avec leurs enfants pour leur obtenir la persévérance dans l’état de grâce au moment de l’adolescence.
Sa dévotion mariale se concrétise par une affection particulière pour le sanctuaire de la Madone de Pompéi, près de Naples, où il se consacre plusieurs fois à Notre-Dame du Rosaire. En ce lieu, il obtient de Marie la grâce de la conversion d’une femme qui ne fréquentait plus les sacrements depuis trente ans. Carlo se rend aussi à Lourdes et à Fatima, lieux d’apparitions mariales qui influencent beaucoup sa spiritualité.
« Mon fils menait une vie absolument normale, témoigne le père de Carlo, mais il avait toujours présent à l’esprit le fait que nous devrons tous mourir un jour ou l’autre. Quand on évoquait devant lui un projet d’avenir, il répondait : “Oui, si nous sommes encore en vie demain et après-demain, car il n’y a que Dieu qui connaisse le futur” ». Au début d’octobre 2006, Carlo, qui a quinze ans et demi, tombe malade. Les symptômes font penser à une simple angine ; ni les parents ni le médecin familial ne s’inquiètent. Mais le jeune homme, comme saisi par une intuition, dit à ses parents : « J’offre au Seigneur, pour le Pape et l’Église, toutes les souffrances que j’aurai à endurer, et aussi pour aller tout droit au Ciel sans passer par le Purgatoire. »
Le dimanche suivant, il est dans une faiblesse extrême et on le conduit immédiatement en clinique. Les examens révèlent la terrible réalité : leucémie aiguë M3, une des formes les plus agressives du cancer du sang. Lorsqu’il apprend par ses parents la gravité de sa maladie, le garçon, serein, s’écrie : « Le Seigneur me réveille ! » L’assistance respiratoire s’avérant peu efficace, Carlo est transféré à l’hôpital spécialisé de Monza. À sa grande satisfaction, sa mère et sa grand-mère sont autorisées à dormir dans sa chambre. Un prêtre lui administre les sacrements. Son état s’aggrave rapidement, lui occasionnant de grandes souffrances. La patience du jeune homme fait l’admiration du personnel soignant ; lorsqu’on lui demande comment il se sent, il répond en souriant : « Bien, comme toujours », ou : « Cela pourrait être pire. »
Tombé dans le coma, Carlo est victime, le 11 octobre, d’une hémorragie qui entraîne la mort cérébrale. Le mourant est cependant maintenu sous respirateur jusqu’à ce que le cœur s’arrête de lui-même, le 12 au matin. Les parents de Carlo font transporter son corps à la maison, dans sa chambre. Les quatre jours suivants voient un défilé continuel devant sa dépouille. Une foule immense assiste à ses obsèques, et beaucoup doivent rester à l’extérieur faute de place. Au moment de l’Ite Missa est, les cloches se mettent à sonner en volée, car il est exactement midi, heure de l’Angélus... Cette coïncidence est perçue par bien des assistants comme un signe de l’entrée de Carlo dans la gloire céleste.
En juin 2018, en vue du procès de béatification, le corps de Carlo, enterré à Assise selon son désir, a été exhumé et trouvé intact. En avril 2019, on l’a transféré au sanctuaire franciscain de la Spogliazione. Le 21 février 2020, un miracle attribué à son intercession a été reconnu officiellement : la guérison humainement inexplicable, en 2010, d’un enfant brésilien qui présentait une malformation grave et fatale du pancréas. La famille de l’enfant avait invoqué Carlo. La béatification du serviteur de Dieu a été célébrée à Assise le 10 octobre 2020.
« Être uni à Jésus, affirmait Carlo Acutis, tel est le but de ma vie... Ce qui nous rendra vraiment beaux aux yeux de Dieu, ce sera la façon dont nous l’aurons aimé et aurons aimé nos frères. » Demandons à ce jeune saint d’entretenir en nos cœurs, par son intercession, ce feu sacré que Jésus est venu allumer sur la terre.
Voici quelques informations supplémentaires sur le bienheureux Carlo Acutis, tirés du site zenit.org :
« Je te donnerai beaucoup de signes et tu seras maman à nouveau », avait annoncé à sa mère, Antonia Salzano, Carlo Acutis, foudroyé en 72 heures par une leucémie, à l’âge de 15 ans. En 2010, à 43 ans, elle a eu des jumeaux, Michele et Francesca, qui étaient présents avec leurs parents à la béatification à Assise le 10 octobre 2020.
Antonia Salzano confie que lorsque son enfant est mort, elle a dit la prière de Job : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a enlevé. Béni soit le nom du Seigneur ! ». Elle ajoute : « Nos enfants ne nous appartiennent pas, ils nous sont confiés. Je sens Carlo plus présent que lorsqu’il était en vie. Je vois le bien qu’il fait. »
Dans différents entretiens accordés aux médias italiens, dont le Corriere della Sera (Stefano Lorenzetto) du 4 septembre dernier, Antonia Salzano Acutis a évoqué, l’amour de son fils pour les animaux, à l’instar de saint François d’Assise que Carlo aimait au point de demander à reposer à Assise. Et son corps a été retrouvé intact lors de l’exhumation, 14 ans après sa mort, avec la même taille, 1, 82 m et le même poids, 70 kilos. Il avait eu l’intuition de sa mort précoce. Sa maman a retrouvé dans son ordinateur une note annonçant : « Quand je pèserai 70 kilos, je vais mourir. »
Le reliquaire porté en procession, avec ses parents, au début de la cérémonie de béatification porte inscrites ses paroles : « L’eucharistie, mon autoroute pour le Ciel ». Fervent de l’adoration eucharistique, il disait aussi : « Quand on s’expose au soleil, on bronze ; quand on se met devant Jésus Eucharistie, on devient saint ! ». Dans l’eucharistie, il puisait cette proximité avec toute personne.
Sa maman confie aussi que Carlo, né à Londres, n’a pas découvert la foi grâce à ses parents : « Au cours de ma vie, je n’étais venue à l’église qu’à trois occasions : première communion, confirmation, mariage. Quand j’ai connu mon mari qui étudiait l’économie à Genève, je n’allais pas à la messe. (…) Carlo avait une prédisposition naturelle pour le sacré. À trois ans et demi, il demandait à entrer dans les églises pour saluer Jésus. Dans les parcs de Milan, il cueillait des fleurs pour les offrir à Marie. À 7 ans, il a demandé à faire sa première communion (au lieu de 10 ans). Nous l’avons laissé libre. Cela nous paraissait beau et nous avons demandé une dérogation. (…) Carlo m’a sauvée. J’étais une analphabète de la foi. Je me suis rapprochée de la foi grâce au P. Ilio Carrai, le « Padre Pio » de Bologne. Autrement je me serais sentie discréditée en tant qu’autorité parentale ! C’est un chemin qui dure encore aujourd’hui. J’espère au moins finir au purgatoire. »
Reproduit avec la permission de l’Abbaye Saint-Joseph de Clairval, en France, qui publie chaque mois une lettre spirituelle sur la vie d’un saint. Adresse postale : Abbaye Saint-Joseph de Clairval, 21150 Flavigny sur Ozerain, France. Site internet : www.clairval.com.
Commentaires (2)
Quesnel
Répondre
Quesnel
Répondre