L'Immaculée a été élevée en corps et en âme au Ciel

le dimanche, 01 octobre 2000. Dans Catéchèses et enseignements

1950-2000

En ce deuxième millénaire de la naissance de Notre-Seigneur, nous fêtons dans l'allégresse le jubilé d'Or de la proclamation par l'Église du dogme de l'Assomption de la Sainte Vierge au Ciel. Le 1er novembre 1950, fête de la Toussaint, Sa Sainteté le Pape Pie XII ajouta un joyau de plus sur le diadème étincelant de l'Immaculée par la proclamation du dogme de l'Assomption, montée au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie avec son âme et son corps.

En présence de 37 cardinaux, de 582 patriarches, archevêques et évêques, et de près de 600,000 fidèles venus de toutes les parties du globe terrestre, Sa Sainteté Pie XII parla "Ex Cathedra", dans "la plénitude de son magistère sacré et infaillible". Devant cette multitude silencieuse et remplie d'allégresse, le Saint-Père proclama et définit, en une formule appropriée le nouveau dogme catholique et marial de l'Assomption : "Marie, l'Immaculée Mère de Dieu, toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste".

La définition solennelle du dogme de l'Assomption par Sa Sainteté le Pape Pie XII, contenue dans la bulle "Munificentissimus Deus" remplit d'allégresse tous les membres de l'Église. Des membres du clergé, des théologiens, des docteurs de l'Église, des dignitaires ecclésiastiques proclamèrent à la suite du Pape Pie XII le dogme de l'Assomption en donnant des commentaires lumineux sur la bulle de la définition "Munificentissimus Deus".

Nous aimons citer ici un formidable article du Révérend Père Carlo Balic, qui était alors membre de la Commission Dogmatique de l'Assomption. Cet article intitulé "L'Assomption dans l'histoire de la théologie", a été publié dans l'édition de mars-avril 1951 de la revue "Marie", de Nicolet. Le Père Carlo Balic nous rappelle "brièvement les étapes parcourues par la vérité de l'Assomption dans l'histoire de la théologie".

Y. P.

par Carlo Balic ; O.M.F.

Il est agréable et en même temps instructif et réconfortant de rappeler brièvement les étapes parcourues par la vérité de l'Assomption, dans l'histoire de la théologie, avant d'arriver au terme reposant du dogme.

Par le seul fait d'être la Mère de Dieu, la Vierge Marie est constituée dans une telle dignité et degré qu'elle occupe le poste le plus élevé au-dessus du créé, le plus près de Dieu tout-puissant Un et Trine.

Il semble que l'histoire du dogme catholique aussi dans ses manifestations veuille signifier une telle position. De fait, l'Église après s'être préoccupée de consolider fermement les bases de la confession de la foi catholique en affirmant avec autorité dans le symbole de Nicée et de Constantinople l'Unité d'un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité des personnes dans l'Unité de Nature, s'appliqua à tracer la figure de Marie dans notre Credo ; et tandis que dans le concile d'Éphèse (431) elle affirma solennellement que Marie est à vénérer comme la réelle et vraie Mère de Dieu, dans le concile de Latran (649) elle proclama Marie douée du privilège glorieux de la perpétuelle virginité avant sa naissance, dans sa naissance et après sa naissance.

Dans les siècles qui suivront, l'œil instigateur de l'esprit des théologiens et la piété des fidèles ne se détacheront plus de la contemplation de la Toute-Belle, de la Pleine de grâce et la concevront ornée de tout ce qui puisse s'imaginer de plus excellent pour une créature et l'exalteront comme prédestinée de toute éternité avec le Fils, par les mérites duquel elle fut préservée de la faute originelle dès le premier instant de sa conception. La voix infaillible de Pie IX proclamant au monde ce singulier privilège allait être ratifiée par la Vierge elle-même qui, au monde matérialiste du XIXème siècle annonçait de la grotte de Lourdes dans les Pyrénées : "Je suis l'Immaculée Conception !" Il manquait une pierre précieuse à la couronne de la Dame royale : la proclamation du mystère de l'Assomption comme dogme de foi.

Révélation divine

Le consentement universel et constant de l'Église entière sans avoir jamais subi d'interruption, est déjà un premier indice qu'une telle vérité doit plonger ses racines dans la révélation divine : une telle croyance remonte aux temps les plus antiques et signifie l'accord entre l'Église d'Occident et celle d'Orient comme il est facile de le constater dans les manifestations du culte public et par les documents liturgiques.

Dans les formules de prière, dans les antiennes, dans les leçons de la fête célébrée avec grande solennité le 15 août, on emploie d'un consentement commun en Occident la parole officielle "Assomption" ou "Dormition" en Orient pour signifier que Marie n'a pas subi les conséquences de la mort, n'a pas connu la corruption du sépulcre, mais fut transportée par les anges dans le ciel en âme et en corps et là réside près du trône du Très-Haut qui L'a choisie pour l'Épouse de l'Esprit d'Amour et la Mère du Verbe Incarné.

Le témoignage concordant de la doctrine des Pères orientaux des siècles VI et IX confirme brillamment les documents de la liturgie : leur argumentation principale porte sur le principe que celui qui daigna prendre la chair du sein de Marie, en devenant vrai Fils, et la conserva dans la Gloire d'une perpétuelle virginité, a dû honorer sa Mère en la préservant de la corruption du sépulcre et en transportant cette bienheureuse chair tout près de lui dans la gloire du Ciel, en anticipant, par un singulier privilège, la résurrection finale.

Les théologiens du Moyen-Âge

Belle et expressive est l'œuvre de la Scolastique pour compléter la doctrine des Pères.

Les Docteurs de la théologie du Moyen-Âge synthétisent, selon la coutume des Scolastiques, en huit arguments les motifs fondamentaux en vertu desquels il est à croire que Marie est montée au Ciel :

1° : Propter unitatem substantiae carnis in matre et prole : la Mère et le Fils ont une même chair ; le Christ comme il est consubstantiel à Dieu dans la divinité est consubstantiel à Marie dans l'humanité ; par conséquent là où est la chair du Fils là aussi devra être celle de la Mère.

2° : Propter incorruptibilitatem : Dieu a conservé Marie intacte en la préservant de la perte de la virginité et de la pudeur dans la naissance de Jésus ; Dieu a dû aussi la garder intacte de la corruption du sépulcre.

3o : Propter honorabilitatem : le Christ observa à perfection les commandements de Dieu, aussi le IV ; il a honoré le Père et a honoré la Mère en la préservant du plus honteux déshonneur pour l'homme qui est précisément la réduction en cendres.

4° : Propter dignitatem et sanctitatem : La très haute dignité du précieux vase qui avait contenu le Verbe de Dieu ne pouvait devenir le réceptacle des vers.

5° : Propter conformitatem : La vie de Marie est toute conforme à celle du Fils ; aussi dans la scène finale elle devait se vérifier avec une aussi merveilleuse conformité.

6o : Propter aequitatem : Le Christ est venu sur terre pour guérir et glorifier l'un et l'autre sexe ; il a porté dans sa propre personne l'homme au ciel ; Marie y porta la femme.

7° : Propter integritatem : C'est-à-dire pour l'intégrité, le couronnement de la glorification de Marie qui serait considérée imparfaite sans la concomitance du corps glorifié.

8° : Propter absentiam reliquiarum : Si le corps de Marie n'était pas au ciel et était pour cela demeuré sur terre, Dieu n'aurait pas toléré qu'on l'ait soustrait à la vénération des fidèles qui jamais, dans les siècles, n'ont eu indice de l'existence dans un sépulcre du corps de Marie.

Après le concile de Trente et jusqu'à nos jours, merveilleuse fut la floraison de la science théologique sur la vérité de l'Assomption : ceux qui cultivent les sciences sacrées s'appuient au-dessus de tout sur l'argument du sens de l'Église qui ne peut errer dans ses manifestations de culte et dans ses croyances de portée universelle se référant à une vérité ou un mystère de foi. Il y a des théologiens de l'âge moderne qui développent de façon organisée et systématique l'argument très fort de la liturgie qui est scruté jusque dans les sources les plus éloignées et dans tous ses multiples aspects.

L'unanimité de l'épiscopat

Quand en 1946, Pie XII envoya ses lettres de consultation à l'épiscopat catholique, unanime, de l'unanimité requise des théologiens, est la réponse favorable de l'Église universelle enseignante et enseignée. Les différents congrès de mariologie en ces dernières années, en Italie et à l'étranger, ont étudié avec la rigueur de la méthode scientifique la question théologique sur l'Assomption : elle est certainement dans les paroles de Dieu qu'il faut trouver le présupposé de chaque vérité à retenir provenant de la révélation surnaturelle. Mais bien qu'on ne pourrait ajouter une valeur décidément probative au texte biblique de la Genèse III, 15 (Je mettrai une hostilité entre toi et la femme entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon.") et Luc 1, 23 (Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes"), ou aux arguments tirés de l'ensemble des dogmes de Marie, l'étroite et sévère argumentation théologique, appuyée sur la foi de l'Église et l'assistance du Saint-Esprit, a porté à conclure que la vérité sur l'Assomption est sans doute à tenir comme révélée par Dieu.

Et l'infaillible oracle du Vatican a mis le sceau définitif à tout ce merveilleux livre que la doctrine des Pères, la science des théologiens et la piété des fidèles ont de façon harmonieuse compilé à travers de longs siècles de croyance fidèle et constante à soutenir que la Mère de Dieu était montée au Ciel.

Les vérités de la Foi peuvent être comparées à de petits grains confiés au sein de la terre ; quelques-uns jouissent d'une heureuse et très brève germination, si bien que bientôt apparaît la plante ; d'autres au contraire ont besoin d'une germination lente et très longue.

Il en fut ainsi pour la manifestation des privilèges et des dogmes de Marie, quelques-uns ont germé bien vite ; celui de l'Immaculée Conception subissait au contraire le travail des solennelles disputes pour et contre, mais la couche qui le couvrait fut percée et le lis sortit et parfuma la terre. Celui de l'Assomption semé dans les replis féconds de la révélation est sorti quand il fut et a semblé opportun aux desseins insondables de la divine Providence qui a voulu réserver aux hommes de notre époque la joie d'une plus splendide et claire envolée à travers le vaste azur du Ciel derrière le char triomphal de la plus humble des créatures qui s'élève au plus haut faîte de la gloire.

Contre le matérialisme envahisseur

Personne en effet ne peut douter de la grande opportunité et de la convenance d'une pareille définition dogmatique à notre époque : contre le matérialisme envahisseur et l'excessive préoccupation terrestre, pour rappeler les fils égarés à la vision de la maison paternelle avec la voie réconciliatrice de la Mère bienheureuse ou simplement aussi pour proclamer hautement les vérités révélées, comme Notre-Seigneur lui-même nous en avertit quand il ordonne : "Ce que je vous ai dit en secret ou à l'oreille, prêchez-le sur les toits". Et de fait, déclarer officiellement une vérité qui est implicite dans la révélation divine, constitue toujours une nouvelle victoire et une affirmation plus solennelle et une extension de la foi contre les menées et l'envahissement du rationalisme si manifeste de nos jours.

La proclamation solennelle de l'Assomption fortifie et accroît, avec un mélange de joies et d'espérances, la confession de la foi chrétienne : "Je crois en la résurrection de la chair !". De plus, pour l'histoire séculaire des luttes et des victoires de l'Église, sous l'égide de Marie, contre toutes les hérésies et les luttes du mal : si aujourd'hui "bella premunt hostilia", l'apparition dans le Ciel de la Vierge couronnée d'étoiles, radieuse, écrasant la tête du serpent verra à susciter du courage dans l'armée des fidèles et à établir dans l'Église un nouvel ordre de choses belles et saintes.

Et quelle joie intense pour les théologiens de voir dans la proclamation du dogme de l'Assomption le plus heureux et lumineux couronnement de toute l'œuvre intéressante de la théologie mariale !

(Traduction de M. l'Abbé Rheault)

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