Par Card. Alfonso Lopez Trujillo
Le Cardinal Alfonso Lopez Trujillo, Président du Conseil Pontifical pour la Famille a donné des réflexions judicieuses sur la lettre apostolique « Rosarium Virginis Mariae » de Sa Sainteté Jean-Paul II. Nous en publions des extraits tirés de « L'Osservatore Romano » du 18 mai 2003 :
Dans la récente Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, le Saint-Père Jean-Paul II a voulu exhorter une fois de plus les familles chrétiennes à la prière dans le foyer domestique à travers la récitation du Rosaire :
« Il faut se remettre à prier en famille et à prier pour les familles, en utilisant encore cette forme de prière. » (n. 41).
La vague de « sécularisme » qui a traversé la vie de nos communautés au cours des dernières décennies, a entraîné une crise profonde également dans le domaine de la famille et donc de la prière familiale, comme expression de communion et comme source indispensable pour la mission qu'elle est appelée à accomplir dans l'Église et dans la société.
Face à cette situation préoccupante, les pasteurs, au cours des derniers siècles, n'ont pas cessé de recommander la pratique pieuse du Rosaire, défini par Pie XII comme « le résumé de tout l'Évangile », pour obtenir du Seigneur, dispensateur de tout bien, à travers l'intercession de la bienheureuse Vierge Marie, Reine du Rosaire, les dons de la foi et de la paix au sein des familles et entre les nations.
Nous savons combien la piété mariale est enracinée dans le cour du Successeur de Pierre. Il a placé son Ministère « Totus Tuus » sous sa protection, et le Rosaire occupe une place privilégiée dans ses dévotions. C'est une image habituelle que de le voir avec le chapelet entre les mains. Sa préoccupation est la diffusion du Rosaire et le renouveau de cette dévotion vénérable du Rosaire, en particulier dans les foyers domestiques.
Le Rosaire, dans sa simplicité et sa profondeur, va au cœur de l'expérience chrétienne, à travers le dialogue de foi exprimé par la prière. Il possède une forte empreinte évangélisatrice : les membres de la famille sont capables de contempler les noyaux centraux de la foi à travers l'ensemble des mystères, auxquels ont été ajoutés les mystères lumineux, qui invitent à réfléchir sur les Noces de Cana et sur le début d'une nouvelle famille. Nous pouvons dire que dans le Notre Père et dans l'Ave Maria, nous trouvons une synthèse qui véhicule une transmission dynamique et efficace de la foi, qui, à son tour, fortifie l'expérience de la communauté domestique dans une union particulière, qui est également une aide puissante afin qu'elle soit solide et stable devant le Seigneur de l'Alliance.
La récitation du Rosaire en famille recrée le climat spirituel de la maison de Nazareth car « on place Jésus au centre, on partage avec lui les joies et les souffrances, on remet entre ses mains les besoins et les projets, on reçoit de lui espérance et force pour le chemin » (cf. n. 41). C'est là, en effet, comme l'a dit Paul VI au cours de son pèlerinage à Nazareth, que l'on apprend « à être fermes dans ses bonnes intentions, attentifs à la vie intérieure, prêts à écouter les inspirations secrètes de Dieu et les exhortations des véritables maîtres » (Insegnamenti de Paul VI, 11, 1964, p. 24).
Cette prière sert également à neutraliser les messages les plus divers qui peuvent finir par désorienter les enfants, ainsi que les expériences les plus imprévisibles que la vie peut leur réserver ; des expériences qui deviennent angoissantes pour les parents, face aux risques que les jeunes courent dans leur itinéraire de croissance. Le moment de la prière du Rosaire est certainement une aide spirituelle pour trouver la solution à de nombreux problèmes, et il met à l'abri de nombreuses tentations et difficultés.
Comme cela a été affirmé dans les « Conclusions de la XVe Assemblée plénière » du Conseil pour la famille, aujourd'hui, nous vivons dans une situation marquée par « la peur de l'engagement, par la pratique de la cohabitation.... Les styles de vie, les modes, les spectacles, les feuilletons télévisés, mettent en doute la valeur du mariage ; arrivent à diffuser l'idée que le don réciproque des époux jusqu'à la mort serait quelque chose d'impossible ; ils fragilisent l'institution familiale et en arrivent même à la dévaloriser par rapport à d'autres modèles « pseudo-familles ».... Face à ces problèmes, le recours à la prière... et le témoignage vivant des parents représente un élément fondamental, irremplaçable. Comme l'affirme le Saint-Père dans « Familiaris Consortio » :
« C'est seulement en priant avec les enfants que le père et la mère, tandis qu'ils accomplissent leur sacerdoce royal, pénètrent profondément le cœur de leurs enfants, en y laissant des traces que les événements de la vie ne réussiront pas à effacer » (n.60).
...Le Bienheureux Bartolo Longo affirmait que : "Celui qui diffuse le Rosaire est sauf ». Jean-Paul II lui fait écho en disant : "Le renouveau du rosaire dans les familles chrétiennes se propose comme une aide efficace pour endiguer les effets dévastateurs de la crise actuelle » (RVM, n. 6).
Un écrivain a dit que dans les nations évangélisées, dans chaque famille, à la tombée de la nuit s'élevait, comme une symphonie, la récitation du Rosaire. Pourquoi ne nous engageons-nous pas afin que ce témoignage revienne, imprégnant l'Église domestique de la Parole à laquelle tous peuvent goûter, la partageant avec les enfants comme le pain, dans une attitude qui évangélise la société qui court le risque de s'attiédir et de s'éloigner de Dieu ?