Le peuple de Dieu en adoration devant un veau de métal !... Fiction ! C'est faire trop peu d'honneur à l'intelligence des Israélites !... Pourtant, à considérer ce qui se passe aujourd'hui même, en pays chrétiens et ultra-civilisés, en quoi le cède-t-on aux adorateurs du veau d'or ?
Les commandements divins sont connus : le premier, et le second qui est semblable au premier. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu... Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
"Tu aimeras ton prochain comme toi-même." C'est justement ce qu'on est en train de faire, sur une grande échelle, entre nations chrétiennes. Et c'est ce qu'on est en train de faire, en détail, même au Canada, lorsqu'on laisse des êtres humains souffrir de la privation de tout en face de l'abondance de tout.
L'abondance — tu peux la contempler à ton aise, mère de famille que les besoins de tes enfants affligent. Le Dieu que tu pries, en l'appelant "Notre Père", ce Dieu-là, oui, il donne le pain quotidien à la terre, et il le donne sans compter. Mais l'autre dieu, l'idole de métal jaune, rationne ton droit au pain quotidien : incline-toi religieusement.
Il t'est permis de contempler les montagnes de blé, les entrepôts débordants, les vitrines alléchantes. Mais n'y touche pas.
Prosterne-toi, soutien de famille, le front dans la poussière, et garde-toi bien de manquer de respect au dieu qui contrôle tes institutions comme ton gouvernement. La moindre profanation de ta part te privera même des miettes que ce dieu daigne t'accorder.
Un Dieu nous offre tout, parce qu'il nous aime. L'autre dieu met tout sous clef, heureux de nous pousser à la révolte contre le premier.
Le premier, celui qu'on nomme le bon Dieu, on nous reconnaît le droit de l'adorer à l'église. Mais l'autre, on nous force à respecter ses ordres tous les jours.
Et il se trouve des docteurs assez aveugles, ou assez hypocrites, pour laisser croire au peuple qu'il honore bien le Dieu de la charité et de l'abondance en acceptant avec soumission les règlements du dieu de la rapine et de la rareté.