Existe-t-il un mécanisme de distribution de l'argent au service du public ?
Le Crédit Social en propose un ; mais en attendant, on a un mécanisme très efficace pour pomper l'argent.
La pompe aspirante opère dans tous les coins, dans toutes les poches. Taxes directes, taxes indirectes, prix majorés — le contribuable, le consommateur, pompé jusqu'à la dernière goutte, ne sait plus où donner de la tête.
Taxes du gouvernement, taxes des banques, taxes des trusts.
Banco, privilégié, n'a même pas la peine de manœuvrer. Les débentures, qui lui ont coûté des traits de plume et quelques opérations comptables, lui assurent un premier droit sur les revenus du public.
Banco est radieux. Premier servi. Et servi au nom de la loi, par le gérant de la société. D'ailleurs Banco a l'âme en paix : n'est-ce pas lui qui a permis à l'argent qu'il réclame de sortir de son encrier ?
Baptiste travaille, Banco fait les chiffres.
Baptiste paie, Banco ramasse.
Baptiste prêché, Banco respecté.
Baptiste dépouillé, Banço enrichi.
Lorsqu'il est à peu près quitte avec son gouvernement, Baptiste examine ses factures : électricité, charbon, — ses chutes d'eau, ses mines ; son sol, son sous-sol — quels diablotins ont donc établi partout un système de pompage perfectionné que Baptiste ne comprend guère, mais qu'il sent parfaitement bien et dont son gros bon sens ne peut admettre la raison d'être.
Baptiste, qui, en dehors de sa maison hypothéquée ou de son taudis, ne connaît guère que son gouvernement, se tourne vers ce dernier refuge pour demander un peu de soulagement. Hélas ! Il ne trouve qu'un papa lié qui travaille dévotement pour le compte de Banco.
Et c'est Baptiste lui-même qui fait les frais des chaînes. Banco fait vider la poche numéro 1 par l'entremise du respectable Trésor Public. Les trusts nés du sein fécond des banques, se chargent des poches 2, 3, 4, 5, etc. et, en larrons adroits, savent affecter une partie de leurs larcins à la caisse des grands partis, pour s'assurer une protection continuée.
Et la caisse des partis finance l'éloquence qui console Baptiste une fois tous les quatre ou cinq ans.
Pompé, Baptiste. Mais à qui la faute ?